Quand les malades des reins s’expriment sur l’impact de leurs traitements, dialyse en établissement ou à domicile et greffe, une réelle hétérogénéité apparaît.
Interrogés sur les mots qui décrivent le mieux, pour eux, la dialyse et la greffe, les patients qui vivent avec ces traitements se sont exprimés avec force à l’occasion d’une enquête à laquelle 2 300 d’entre eux ont participé. La dureté des principales expressions choisies par les patients dialysés (fig. 1) est frappante et contraste avec la connotation plus positive de celles des patients transplantés (fig. 2).
Renaloo, association de patients atteints de maladies rénales (https://renaloo.com/), a réalisé en juillet 2020 une enquête sur le vécu de la première vague de l’épidémie de Covid par les patients insuffisants rénaux, dialysés et greffés. La crise s’étant poursuivie, elle a été renouvelée en juillet 2021. Une première partie des résultats, centrée sur le virus, a été publiée fin octobre.1
L’objectif de l’enquête était aussi de mieux comprendre les perceptions de leurs traitements par ces patients. À la fin, deux questions ouvertes proposaient « dindiquer les trois mots ou expressions qui expriment le mieux ce que représentent pour vous la dialyse et la greffe à l’heure actuelle ». Les participants avaient ainsi l’occasion d’exprimer spontanément et en toute liberté, avec leurs propres mots, la façon dont ils vivaient et pensaient leurs traitements. La concision de la réponse demandée (trois mots) les incitait à dire l’essentiel, tout en leur permettant d’exprimer plusieurs dimensions, parfois contradictoires, de leur vécu.
Près de 8 répondants sur 10 se sont prêtés à l’exercice, livrant ainsi un corpus très riche, qui a permis de dresser, à partir de ce grand nuage de mots, un tableau contrasté des perceptions subjectives de ces deux traitements par les patients qui les vivent, les ont vécus ou aspirent à les vivre.

Des mots loin d’être anodins

On sait depuis longtemps que la greffe permet non seulement d’augmenter l’espérance de vie mais aussi d’améliorer la qualité de vie, par rapport à la dialyse.
Les nuages de mots obtenus ici en apportent une puissante illustration. Ils témoignent de la diversité des rapports que les patients entretiennent avec leurs traitements et confirment les difficultés vécues par beaucoup de personnes dialysées. Plus de la moitié (53 %) d’entre elles n’emploient en effet que des mots négatifs pour évoquer leurs traitements, dont certains sont particulièrement violents : « prison », « calvaire », « galère », « horreur », « enfer ».
Le constat est très différent du côté des patients greffés : les deux mots de loin les plus fréquents sont « vie » et « liberté », suivis de très près par un ensemble de termes évoquant le retour à une vie normale vécu(e) comme une « vie nouvelle », une « renaissance » ou une « résurrection » qui les délivrent des contraintes de la dialyse.

La perception du Covid est variable

Une autre différence entre les deux populations concerne le Covid et les menaces qu’il comporte. Alors que les patients greffés, qui restent très inquiets, les évoquent très souvent, ils sont quasiment absents du vocabulaire des patients dialysés.
Cette absence interroge : les dialysés ont été 2 fois plus contaminés que les greffés (17,4 % vs 8,6 %) et leur taux de mortalité, une fois contaminés, est supérieur à celui des transplantés : 20 % vs 15 %. Sont-ils moins conscients de leur fragilité ? Les contraintes très lourdes de leur traitement bouleversent-elles à tel point leur existence qu’ils refusent d’avoir à porter de nouvelles inquiétudes ?

Greffe : « vie et liberté »…

On recueille très majoritairement un ensemble de termes qui traduisent le retour à une vie normale, vécue comme une vie nouvelle, une renaissance ou une résurrection qui délivre des contraintes de la dialyse. Cette liberté retrouvée suscite chez de nombreux patients des sentiments de bonheur et de joie. Ils expriment leur reconnaissance aux donneurs et au corps médical, tout en estimant avoir eu la chance de recevoir ce cadeau.
La vie….
La greffe, une nouvelle vie
Meilleure qualité de vie, pouvoir manger normalement et boire
Meilleure vie, liberté, plus de temps pour soi
Une nouvelle vie
Reprendre le chemin de ma vie
Une vie presque normale
Une nouvelle vie commence, c’est formidable
Amélioration de ma vie personnelle
Sans passer par la dialyse, un nouveau départ dans la vie
Moins de contraintes, plus de liberté, vie plus normale
Une vie meilleure et riche de son temps
La greffe m’a rendu la vie normale grâce à mon donneur et tout le corps médical
Liberté, joie, vie normale
Une vie sans dialyse
Résurrection, nouvelle vie
Formidable liberté, qualité de vie
Chance, vie normale, cadeau
Amour de la vie à chaque instant
Renaissance, liberté, vie
Sauve la vie
Bonheur, tranquillité, vie
Donneur, famille, vie
Liberté retrouvée, vie normale
Revivre, meilleure qualité de vie, plus de liberté
Renaissance, vie normale

… mais une certaine ambivalence

Le sentiment de retour à une vie normale constitue clairement la tonalité dominante de l’ensemble des réponses. Mais il coexiste souvent avec des substantifs et des adjectifs qui expriment des états émotionnels moins optimistes. Inquiétude, peur, angoisse, crainte, stress, danger, anxiété, tristesse… totalisent un nombre d’occurrences supérieur à leurs contraires : bonheur, joie, soulagement, sérénité, bien-être… (192 contre 113).
Bonheur d’être greffé, angoisse du rejet
Angoisse, peur
Inquiétude, angoisse, peur
Angoisse, peur, stress
Crainte, angoisse, espoir
Reconnaissance, liberté, angoisse
Bonne santé, vie diminuée, angoisse
Angoisse, crainte, peur
Angoisse, insécurité médicale, confort de ne pas être dialysée
Survie, angoisse due au traitement immunosuppresseur
Inquiétude, incertitude, manque d’informations dans les situations complexes
Sécurité, rédemption, inquiétude
Inquiétude, détermination à faire ce que l’on me conseille, espoir
Survie, renaissance, inquiétude
Inquiétude, libération, soulagement
Inquiétude, stress, incertitude sur mon avenir
Une vie monacale depuis cette pandémie, inquiétude pour le variant Delta
Toujours du bonheur, inquiétude, incompréhension des autres
La greffe n’a pas tenu, inquiétude, attente
La greffe, liberté réduite, presque à néant à cause du Covid, inquiétude face à l’avenir
Joie, peur, inquiétude
Peur, inquiétude, contamination
Inquiétude, risque, incertitude
Inquiétude vis-à-vis du Covid
Espoir, inquiétude possible
Stress, fatigue, risques
Ma greffe est un traitement contre l’insuffisance rénale qui me permet d’être libre de mes mouvements mais qui est une prison psychologique car j’ai peur à chaque instant (même avant le Covid) de perdre le greffon, d’oublier mes cachets, d’attraper un microbe, de manger un aliment interdit, plus, depuis 16 mois, la peur d’attraper à nouveau ce virus et de refaire une forme grave
Grand soulagement, prison et enfermement à cause du Covid et peur de l’attraper et ne pas avoir autant de chance
● Vie normale, peur de la diminution des anticorps par la suite, espoir
● Une liberté après la galère de la dialyse mais également une peur permanente d’aller en réa et de mourir avant le vaccin
● Un parcours semé de dangers supplémentaires et la peur que l’on nous transmette le Covid
● Liberté, qualité de vie, peur du Covid
● Fragilité, faiblesse, peur
● Épidémie, être greffée ça représente le doute, l’angoisse et la peur
Les émotions négatives coexistent souvent, on le voit, avec le sentiment que la greffe apporte la liberté et assure le retour à une vie normale. À leur source, deux raisons claires et distinctes :
– la première est structurelle : si libératrice qu’elle soit, la transplantation n’est pas une guérison ; le traitement par immunosuppresseurs est lourd, le risque est toujours grand de perdre le greffon dont l’espérance de vie reste limitée ;
– la seconde est conjoncturelle : l’épidémie de Covid a été un puissant révélateur de la grande fragilité des patients transplantés. Il en a ravivé chez eux la conscience.

Dialyse : des réponses contrastées

Le paysage qui se dessine à partir des mots des dialysés est plus sombre et plus hétérogène que celui des patients greffés.

Dialyse en établissement : quels mots ?

Ces mots se répartissent en trois groupes selon des proportions très différentes.

Plus d’une personne sur deux est pessimiste

Pour plus de la moitié des patients dialysés en établissement de soins (58 %), la terminologie utilisée est fortement négative.
Contrainte, planning difficile, et fatigué
Une souffrance, une humiliation, une perte d’indépendance, une liberté enchaînée, ne pas être écouté et compris, n’être que vivant mais pas heureux de vivre
Galère, prison et maladie
Prison, contraintes, fatigue
Le calvaire
Un soulagement momentané, dépendance
Rien de plus
Galère, survie
Douleurs, comorbidités, la patience
Fatigant, routine, pesant
Peur, fragilité, compliqué
L’égoïsme du personnel soignant et des médecins
L’abandon des associations pour les dialysés
Garder ma propre autonomie pour garder une vie équilibrée en suivant mon instinct
L’hémodialyse, je la subis, être reliée pendant 4 heures pour continuer de vivre 3 fois par semaine, est-ce une vie ?
Obligation, soin et pénibilité
Une odyssée !
Des contraintes (papa au travail et maman en dialyse). Je fais comment avec mes enfants (10 ans 1/2 et 6 ans 3/4) ?
C’est long (je pars à 8 h-8 h 15 de chez moi et je ne reviens que vers 14 h-14 h 15 pour des séances de 3 h 30).
Contraintes, être enchaîné
Contrainte, fatigabilité, douleurs
Contrainte
Une contrainte terrible
Ras-le-bol
Contrainte, peur, mort
Survie, contrainte, fatigue
Fatigue, non-sécurité, prison
Un enchaînement difficile à supporter
Le fardeau pour avoir une vie libre
Sursis, contrainte, douleur
Fatigant, contraignant, douleur
L’horreur
Un stress
Contrainte, perte de temps, ennui
Contrainte, inquiétude sur l'avenir, manque des moyens pour les pansements lors des points de compression
Un manque de liberté, de la fatigue, des souffrances car j’ai une fistule difficile
Prison, enfer, suicide
Contrainte, prison, déprime
Une nécessité mais très traumatisante sur ma santé et ma force physique
Privations, fatigue complexe
Contrainte, obligation, fatigue
La privation de liberté, la solitude.
Une absence de liberté
Fatigue, branchement à une machine, contraintes hydriques
Pour moi, la dialyse égale la souffrance car depuis un an et demi je n’ai que de la souffrance et plus de vie
Aide, contrainte, fatigue
Fatigant, contraignant, privation
Contrainte, ras-le-bol, meilleure forme
L’attente de greffe
Prison, fatigue et angoisse
Routine contraignante, chronophage et fatigante, peu de liberté d’aller et venir
Survie quotidienne, soignants pas reconnus, patients pas toujours bien traités (pannes de machines, de climatisation, de téléviseurs, absence de personnel, grève...)
Survie, contraintes, asthénie
Fatigue, calvaire, solitude (obligation toute contemporaine de ne pas parler de choses négatives), porter un masque au sens figuré cette fois…
La dialyse est une rupture dans la vie, par rapport à la vie « d’avant ». Une rupture profonde car elle touche à des choses essentielles de la vie (pouvoir voyager, travailler…)
La fin en pente douce
Contrainte, peur de tomber malade au cours de la dialyse, fistule qui se bouche
Je ne sais pas comment répondre, je suis fatiguée de la dialyse
Pénible, douloureuse, chronophage
Contrainte, fatigue, obligation
Galère pour une survie peu réjouissante, dialyse usine, manque d’humanité
Angoisse, traitement lourd contrainte 3 fois par semaine à l’hémodialyse
Très fatigant
Privation, emprisonnement, dépression
Une galère difficilement imaginable...
Fatigue, lassitude, fil à la patte
Contrainte, prison, tristesse
Contrainte, éloignement, affaiblissement
Prison, vieillissement, fatigue
Peur de la contamination encore plus contraignante, trop longue attente pour les greffes
Contrainte, régime hydrique sévère, fatigue
Un calvaire, la souffrance
Fatigue, enfermement, règlement
Contrainte, fatigue, lassitude
L’horreur, la douleur, des crampes, le stress, je déteste
Lassitude d'une vie sans piment
Rien n’a changé à part la privation de collation
Chronophage trop régulier, pas de liberté
Fermeture de la nuit, plus de visites des néphrologues, aucun respect du patient
Contrainte, dépendance, manque de relations sociales
Contrainte, asservissement, fragilité
Prison qui dure depuis huit ans, et rien n’est fait pour booster. Tous les ans, on me dit que ça va arriver. À force, je suis démoralisé. Mon fils a 17 ans et va être autonome. Nous sommes passés à côté de plein de choses. À l’époque, on ne m’a jamais parlé de la greffe préemptive
« Merdier sans précédent », « beaucoup d'angoisse », « beaucoup de questionnements »
Contrainte, réalité, blocage
Survie, lassitude (répétition des séances)
Prison (en raison des dialyses, impossibilité d’aller et de faire ce qu’on veut, quand on veut), ce qui est pénible. Punition : pour la famille, qui subit le carcan de la dialyse et ses conséquences
La prison à vie
Une routine efficace
Le Covid a bon dos, que ce soit pour trouver un centre pour les vacances et les collations pendant les dialyses
Épuisement, peur, manque de rigidité sur le port du masque
Contraintes, privation, fatigue
Fatigue
Fastidieuse, contrainte, survie
Contrainte, lourdeur, fatigue
Contrainte, obligation, privation de liberté
Fatigue contrainte, pas le choix, une greffe étant impossible dans mon cas
Un soin palliatif
Très dur, très fatigant
Contrainte régulière, manque de liberté, prison
Survie, perte de tous liens sociaux normaux
Galère, rigolade, faim
Contraintes, fatigue, temps perdu
Douleur, nécessité, contrainte
Abandon de la vie sociale, régime strict, maintien en vie, mais pourquoi ?
Fil à la patte, contrainte, voyages interdits
Possibilité de vivre mais contrainte par les horaires, l’attachement à la machine, les heures perdues
Contraintes d’horaires, perte de temps et souffrance
Contrainte, fatigue, usure
Galère

Une personne sur trois pourtant plus optimiste

En effet, un petit tiers des patients dialysés en établissement (30 %) n’exprime que des sentiments positifs, voire parfois dithyrambiques, à l’égard de cette modalité de traitement salvateur qui les maintient en vie, tisse un lien social avec le personnel et les autres patients, et offre une passerelle pour la greffe.
Traitement, soulagement, vie
Meilleur état de santé
Maintien de vie machine branchée pendant quatre heures
Pour moi, ça se passe bien
La vie
Salutaire, nécessaire, vitale
Bouée de sauvetage
Un maintien en vie
Permet de vivre
Écoute, informations, échange
Tout est très bien et je supporte très bien la dialyse pour l’instant, 80 ans en janvier 2022
Rien de différent
Le moyen de me tenir en vie
Maintenir en forme et moins malade
Prolongement de la vie, vie normale, mais gâchée actuellement par les décisions arbitraires gouvernementales
Survie et passerelle pour la greffe
Commode, autonomie pratique
Quotidien, routine, relations (les seules avec les collègues de dialyse et infirmiers pendant longtemps !)
Lien social (patients et soignants) renouveau (dialysée récemment), aléa
Toujours vitale, si je pouvais je serais à domicile avec des soins quotidiens
Autonome, domicile, vacances
Très au point
L’unique solution me convenant
Content d’avoir cette solution pour continuer à vivre
De mieux en mieux
Obligation, bonne solution
Utile, nécessaire, salvateur
La roue de secours
Santé, vie et nécessité
Vie, santé et espoir
Une routine efficace
Maintien en forme
Temps, confort, permet de vivre
La vie
Sécurité
C’est la vie
Heureusement qu’elle continue

D’autres sont plus nuancées

Enfin, 12 % des personnes dialysées en établissement de soins adoptent une posture médiane : une contrainte nécessaire pour survivre en attendant la greffe.

Une contrainte à supporter
Une obligation vitale difficile
La survie
Après une greffe le 7 octobre 2014 jusqu’à l’arrêt en mars 2017, puis dialyse, seul moyen de vivre
Prolongation de survie
Contrainte, maladie, stress
Contraignant, fatigue, prenant
Une contrainte nécessaire
Contrainte, isolement, malaise
Ma vie
Une contrainte
Survie
Beaucoup de contraintes
La contrainte
Longue
Pas envie mais nécessaire, contraignant, revient bien trop vite dans la semaine...
Le traitement qui me permet de vivre évidemment !
Sans elle, la mort (4 mots)
Obligation, nécessité, pénibilité
Maintien en vie
Fatigue, contrainte
Seule solution pour la maladie
Soins, attente de mieux, contrainte
Contrainte, survie, coût
Nécessaire, contrainte et handicap
Mal-être malheureusement incontournable
Faute de mieux, cela me sauve la vie. Mais je pense que la dialyse est une mine d’or pour les hôpitaux et les fabricants de machines et de consommables, ce qui empêche, par tous les moyens possibles, le développement du rein artificiel, qui se remplace à peu de frais à l’usure, contrairement aux greffes. Le big business est contre nous
Un moindre mal à la greffe
Une nécessité pour vivre
Seule solution pour survivre
Survie
Elle me sauve, mais c’est contraignant 3 fois par semaine
Liberté conditionnelle
Rien à voir avec la crise sanitaire. J’ai pu être dialysée. Si un jour ça s’arrête (je ne suis pas greffable) et bien, moi aussi, j’arrêterai... Pas optimiste quant à l’avenir
Très attendue mais complexe en France
Traitement lourd, seule alternative, retour en arrière
Régularité, repos, fatigue
Contrainte, liberté, fatigue
Contrainte, mieux-être, obligation
Pas le choix…
C’est une contrainte, mais heureusement que ça existe
Alternative, contrainte, restrictions
Contrainte-fatigue, mais sauvegarde de ma santé
Une solution provisoire, moins de liberté et pas de vacances
Un sursis
Permet de survivre pendant l’attente de la greffe
Une parenthèse dans ma vie, je ne me considère ni malade, ni handicapée, ni invalide, je me suis adaptée... Pas le choix
Un mal pour un bien
Contraintes, fatigues, nécessité
Survie, bienveillance, contrainte
Contrainte, survie, mal nécessaire
Je me sens mieux, je peux vivre grâce à cette dialyse. Je me sens chanceuse, mais ça reste très difficile et j’ai hâte de recevoir ce fameux coup de fil qui me libérera de la dialyse, je l’espère
Un palliatif à ma présente situation, sans dialyse je ne serais plus là à vous écrire, j’en suis bien conscient. On a aussi de la chance d'être dans ce pays
Un calvaire, mais espoir qu’une greffe arrive rapidement
Le relatif bien-être en dialyse est souvent entretenu par la perspective de la greffe, de même que l'angoisse l’est, chez les greffés, par la peur d’un éventuel retour en dialyse.

La dialyse à domicile rassure

Moins exposés à la promiscuité et aux contraintes des centres, plus autonomes, les patients dialysés à domicile sont aussi moins inquiets de l’évolution de leur état de santé. Les « trois mots » des patients dialysés à domicile diffèrent sensiblement de ceux qui le sont en établissement.

Un patient sur deux très satisfait

Une moitié des patients dialysés à domicile (49 %) ne tarit pas d’éloges sur les bienfaits de la formule : liberté, sécurité, autonomie, meilleure santé…
Dialyse à domicile, liberté, sécurité
Soulagement, liberté, roue de secours
Autonomie, soulagement, traitement
Le top à domicile
Dialyse à domicile, liberté par rapport à l’emploi du temps, simplification pour partir en vacances, difficulté pour le stockage des consommables
Plus de « pep’s », plus d’appétit, et une meilleure santé
Survie, solution, vivre
Gratitude, tranquillité, facilité
(Pour ma part dialyse à domicile) Protection, isolement, roue de secours
Je vis très bien avec la dialyse quotidienne à domicile
Ma dialyse péritonéale de nuit me permet d’avoir une vie normale, même si je dois être très vigilant...
La dialyse me permet de vivre
Je me sens tellement mieux que pendant mes cinq ans de greffe...
Traitement, liberté, peu de médicaments. Je fais ma dialyse quand je le veux. Je n’ai pas la contrainte d’aller en centre
C’est une part de ma vie, bien intégrée, et toujours la DAD [dialyse à domicile] me permet une liberté dans ma vie
Avoir un meilleur confort de vie, améliorer l’état de fatigue et tout ce qui en résulte
Rassurer l'entourage
La vie, la santé retrouvée
Énergie, apaisement, maintien

30 % n’évoquent que des aspects négatifs

« Contrainte », « prison », « fardeau », « fatigue », « corvée » décrivent la perception d’un patient sur quatre.
La contrainte, l’absence de liberté, la maladie
Sursis, contrainte, handicap
Ma prison
Fardeau, douleurs, ras-le-bol
Handicap, perte de temps, gêne
Une mascarade. La mort programmée à très brève échéance
Contrainte
Contrainte, maladie, fatigue
Contrainte, solitude, handicap
Contrainte, corvée, fatigue
Emprisonné

Un patient sur cinq nuance

21 % des participants tempèrent les contraintes subies en affirmant que ce traitement, nécessaire et obligatoire, constitue la seule solution pour rester en vie, même si beaucoup espèrent qu’il ne s’agira que d’une contrainte passagère, en attendant la greffe.
Autonomie, survie, contrainte
Épuisant, nécessaire mais usant
Traitement, contrainte obligatoire
Contrainte, nécessité, soin
Solution : attente de greffe
Nettoyage des toxines, survie, contraintes
Soulagement, tristesse, attente
Passage nécessaire, contrainte supportable
La dialyse pour moi est un peu comme un gros manque de liberté
Mon seul moyen de vivre
La seule solution
Prolongation de la vie en attendant la greffe
Soins, contraintes
Le maintien en vie dialyse = contrainte = survie = obligation
Traitement pour survivre (sous DPCA [dialyse péritonéale continue ambulatoire] en alternance avec la DPA [dialyse péritonéale automatisée])
Routine quotidienne, contrainte
Semi-liberté
Des contraintes fort lourdes (et pourtant j’ai opté pour la dialyse à domicile)
Une très grande fatigue qui semble indiquer que le travail de ce « rein artificiel » est loin de valoir celui de l’organe
Me permet de rester en vie
Stabilité passagère
Contraintes

Un plaidoyer pour développer la greffe

Les mots des malades des reins et la force avec laquelle ils ont été exprimés incarnent non seulement la diversité des expériences liées à l’insuffisance rénale et à ses traitements de suppléance mais aussi leur impact très important sur les existences de celles et ceux qui les vivent.
Ils constituent un puissant plaidoyer pour améliorer les conditions de la dialyse et surtout pour développer autant que possible l’accès à la greffe, largement dégradé par le Covid.
On ne peut que souhaiter qu’ils soient enfin entendus. 
Encadre

Méthodologie

Le questionnaire 2021, à l’instar de celui de 2020, a été élaboré par un groupe de travail rassemblant patients et professionnels. Il a fait l’objet d’une phase de tests approfondis par des patients, qui ont permis de l’améliorer.

Il a été diffusé sur le site et via la newsletter de Renaloo, et sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn).

Si le nombre de questionnaires totalement remplis est analogue à celui de 2020 (1 550 environ), quelques différences existent entre les répondants. En particulier, ceux de 2021 sont plus âgés (53,6 contre 49,8 ans en moyenne) et plus souvent greffés du rein (64,8 % contre 56,2 %). En revanche, leur répartition par genres est identique : 54 % sont des femmes.

Le fait de devoir remplir le questionnaire en ligne introduit un biais évident dans l’échantillon, qui comporte ainsi moins de personnes âgées, plus de diplômés et de greffés que dans l’ensemble des patients insuffisants rénaux.

Référence
1. Renaloo. Espoir, fragilité, inquiétudes : le vécu de l’épidémie Covid par 2 300 patients insuffisants rénaux, dialysés et greffés [en ligne]. 2021. Disponible sur : https://renaloo.com/espoir-fragilite-inquietudes-resultats-de-notre-enquete-sur-le-vecu-de-lepidemie-covid-par-2300-patients-insuffisants-renaux-dialyses-et-greffes/

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Résumé

Lorsque les reins ne fonctionnent plus, deux traitements sont possibles, la dialyse et la greffe. Comment les patients vivent-ils leurs traitements ? De quels mots se servent-ils pour exprimer leurs relations à la dialyse et à la greffe ? L’analyse des réponses apportées à une question ouverte d’une enquête réalisée par Renaloo auprès des patients met en évidence la grande diversité des relations qu’ils entretiennent avec leurs traitements. Les dialysés soulignent les contraintes associées à leur traitement, tandis que les patients transplantés évoquent la vie et la liberté que leur assure la greffe.