Le myélome multiple (MM) est principalement une hémopathie du sujet âgé, l’âge médian au diagnostic étant d’environ 70 ans, avec un tiers de patients de plus de 75 ans. Sa dimension oncogériatrique n’a été vraiment reconnue que récemment. L’évaluation de la fragilité des patients est particulièrement utile dans un contexte de progrès thérapeutiques importants. Plusieurs scores de fragilité combinent de différentes façons l’âge, les comorbidités, l’état général, des évaluations de qualité de vie et des paramètres biologiques, mais ces scores restent imparfaits. Les principaux médicaments du myélome sont maintenant les agents immunomodulateurs (thalidomide et ses dérivés, lénalidomide et pomalidomide) et les inhibiteurs du protéasome (bortézomib, carfilzomib, ixazomib). Les anticorps monoclonaux anti-CD38 ont signé l’entrée du MM dans l’ère de l’immunothérapie, avec les deux anticorps, le daratumumab et l’isatuximab, combinés aux médicaments précités. D’autres immunothérapies ont souvent de nouvelles cibles, comme les anticorps bispécifiques, créant des synapses thérapeutiques entre le CD3 des lymphocytes T et les cibles BCMA, GPRC5D ou FcRH5 exprimées par les plasmocytes tumoraux et, dans une mesure qui reste à préciser, des stratégies de thérapie cellulaire innovante CAR-T. Ces nouveaux médicaments permettront de nouveaux progrès thérapeutiques, la guérison de certains patients étant maintenant un objectif envisageable. La prescription optimale de ces médicaments complexes à des populations âgées et fragiles reste cependant à définir.
Thierry Facon, service d’hématologie, hôpital Claude-Huriez, CHU Lille, France
10 mai 2022