En France, trois dosages de dispositifs intra-utérins (DIU) au lévonorgestrel (LNG) sont disponibles : 52 mg (Donasert, Mirena), 19,5 mg (Kyleena) et 13,5 mg (Jaydess) [voir contre-indications dans l’encadré ci-dessous]. Commercialisé en France depuis 2018, le DIU dosé à 19,5 mg est utilisé par 30 % des patientes porteuses d’un DIU hormonal (données de 2019).
Des études ont montré des associations entre l’utilisation des DIU à 52 mg de LNG avec la dépression, les troubles du sommeil ou l’utilisation d’anxiolytiques. Pour vérifier si ce risque était dépendant de la dose de lévonorgestrel, une étude de cohorte nationale réalisée par Epi-Phare, utilisant les bases du Système national des données de santé (SNDS), a comparé la prescription d’anxiolytiques, hypnotiques et/ou antidépresseurs chez des femmes ayant un DIU dosé à 52 mg et celles ayant un DIU dosé à 19,5 mg, dans les 2 ans suivant la pose.
Deux cohortes de femmes âgées de 13 à 40 ans (45 736 ayant une DIU à 52 mg et 45 736 un DIU à 19,5 mg) ont été appariées sur l’âge (âge moyen : 32 ans), le mois de pose du DIU et les grossesses survenues dans les 10 années précédentes. Ces femmes n’avaient pas eu de DIU dans les 6 années précédentes, ni de prescription de psychotropes dans l’année précédente.
Après ajustement pour des caractéristiques telles que le niveau socio-démographique, un accouchement dans l’année précédant la pose du DIU, des antécédents médicaux (gynécologiques, vasculaires, oncologiques, obésité, utilisation de médicaments pour le sevrage tabagique…), le DIU à 52 mg était associé avec une augmentation légère mais statistiquement significative de la prescription d’antidépresseurs, par rapport au DIU à 19,5 mg : 4,0 % et 3,6 % respectivement, soit un odds ratio de 1,13 (IC95% : 1,05-1,21). Ce sur-risque persistait chez les femmes sans antécédents médicaux (3,8 %, versus 3,3 %, soit un OR = 1,19 [IC95% : 1,09-1,31]).
Cette association n’était observée ni pour l’utilisation d’anxiolytiques ni d’hypnotiques (OR = 1,05 et 1,09 respectivement). Toutefois, concernant la prise d’hypnotiques, un sur-risque était constaté chez les femmes âgées de moins de 25 ans utilisant le DIU à 52 mg, par rapport à celles utilisant celui à 19,5 mg(3,2 % vs 2,2 %, soit un OR = 1,61 [IC95% : 1,04-2,48]).
Les différences de pourcentages absolus d’utilisation d’antidépresseurs sont faibles et peu susceptibles d’entraîner des répercussions cliniques importantes au niveau individuel; cette étude n’ayant pas trouvé une forte relation dose-réponse, cela suggère que le lévonorgestrel ne provoque pas de façon marquée des troubles de l’humeur. Néanmoins, les auteurs soulignent que ces résultats sont importants à l’échelle de la population, et nécessitent à ce titre des études complémentaires. Si ce risque est confirmé, il sera souhaitable de préférer les DIU moins dosés à visée contraceptive (pour rappel, seuls les DIU à 52 mg sont indiqués actuellement dans les ménorragies).
Par ailleurs, à la suite de ces résultats, l’ANSM a rappelé aux professionnels de santé que, si la contraception choisie est un DIU avec hormone, il faut :
- Programmer une consultation de contrôle 4 à 6 semaines après la pose, puis au minimum une fois par an ensuite. Cette consultation permettra de réévaluer la balance bénéfice/risque ;
- Remettre à la patiente sa carte de suivi ;
- L’informer des signes qui devront l’amener à consulter un professionnel de santé sans attendre :
- Fièvre, maux de tête intenses, migraine avec troubles de la vision ;
- Modifications de l’humeur, dépression ;
- Pertes vaginales inhabituelles, douleurs intenses ou persistantes dans le bas ventre, rapports sexuels douloureux ;
- Saignements persistants en dehors des règles.
Les contre-indications des DIU hormonaux sont rappelées dans l’encadré ci-dessous.
DIU au lévonorgestrel : quelles contre-indications ?
Les principales contre-indications à la pose d’un DIU au lévonorgestrel sont :
- malformation utérine ;
- infection pelvienne haute en cours ;
- cancer du col ;
- cancer de l’endomètre ;
- cancer du sein ;
- saignements inexpliqués ;
- cirrhose décompensée (CI relative) ;
- adénome hépatique ou cancer du foie (CI relative).
Roland N, Baricault B, Weill A, et al. Association Between Doses of Levonorgestrel Intrauterine Systems and Subsequent Use of Psychotropic Drugs in France. JAMA 2023;329(3):257-9.
ANSM. Les stérilets contenant le plus d’hormone présenteraient davantage de risque de troubles dépressifs. 14 février 2023.
À lire aussi :
Raccah-Tebeka B, Plu-Bureau G. Contraceptions de longue durée d’action réversibles. Rev Prat 2018;68(4);387-91.
Lefoulon N, Lambert M. DIU chez les nullipares : halte aux idées reçues ! Rev Prat Med Gen 2019 ;33(1021) ;377-8.