Lors de cette rentrée scolaire, la vaccination contre les HPV sera proposée gratuitement dans les collèges aux élèves de 5e, avec l’autorisation de leurs parents. Les 5 arguments pour répondre aux interrogations de vos patients. 

Les HPV sont impliqués dans 100 % des cancers du col et dans un nombre croissant de cancers génitaux et ORL

Les infections liées aux papillomavirus humains (HPV) sont très fréquentes et 80 % des hommes et des femmes seront infectés à un moment de leur vie ; ces infections peuvent évoluer vers condylomes, dysplasies et cancers. Chaque année en France, elles sont responsables d’environ 3 000 cancers du col de l’utérus et de 1 000 décès. Ces virus peuvent également causer des cancers anaux, du pénis, et de la sphère ORL. Les hommes ne donc sont pas épargnés ! Plus de 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez ces derniers (figure ci-contre).

Les vaccins anti-HPV sont efficaces

La vaccination contre les HPV pratiquée avant le début de la vie sexuelle prévient jusqu’à 90 % des infectionspar les types de virus HPV qui sont les plus fréquemment impliqués dans les cancers et les verrues génitales, avec une protection d’au moins 10 ans.

L’efficacité des vaccins sur les lésions précancéreuses est aujourd’hui démontrée : en 2019, une synthèse de 65 articles couvrant 60 millions de personnes suivies jusqu’à 8 ans après la vaccination confirmait l’efficacité du vaccin contre les HPV pour diminuer les infections à HPV 16/18, les dysplasies chez les jeunes filles et les femmes, ainsi que les condylomes dans les deux sexes.

Depuis 2020, plusieurs études menées en SuèdeFinlande, en Angleterre et au Danemark ont montré que la vaccination précoce des jeunes filles permettait d’éviter environ 9 cancers du col de l’utérus sur 10.

Les vaccins HPV sont sûrs

Avec plus de 15 ans de recul et des millions d’enfants vaccinés (plus de 6 millions de doses ont été prescrites en France, plus de 300 millions dans le monde), les risques liés à la vaccination sont bien connus, et la balance bénéfices/risques est largement favorable.

Les effets indésirables les plus fréquents observés avec les vaccins Gardasil 9 au cours des études cliniques ont été :

  • Très fréquents (≥ 1/10) :
  • céphalées,
  • réactions au site d’injection (rougeurs, douleurs et/ou inflammation) ;
  • Fréquents (≥ 1/100 à < 1/10) :
  • sensations de vertige,
  • troubles gastro-intestinaux (nausées, diarrhées, douleurs abdominales),
  • fièvre.

Ces effets indésirables sont en général d’intensité légère ou modérée, et durent quelques jours. Quant à la survenue de maladies auto-immunes, plusieurs études ont conclu à l’absence d’augmentation du risque chez les personnes vaccinées contre les infections à HPV.

La surveillance de la sécurité après l’AMM est continue, réalisée par le réseau français des centres de pharmacovigilance.

La vaccination des garçons est aussi indispensable

Comme cité plus haut, les hommes sont aussi à risque : outre le cancer du col de l’utérus, d’autres cancers sont liés aux virus HPV pouvant concerner le sexe masculin (sphère génitale ou ORL). Par ailleurs, la vaccination des garçons contribue à l’immunité collective, requis indispensable pour entrevoir un effet sur la réduction des cancer induits (cf. infra).

Seule une couverture vaccinale massive permettra d’éradiquer les cancers HPV-induits

En Australie, où la recommandation de vacciner les filles date de 2007 et celle des garçons de 2013, la couverture vaccinale d’au moins 80 % a permis un déclin global des maladies liées au HPV chez les femmes et les hommes. Le nombre de lésions précancéreuses de haut grade détectées chez les femmes de 20 à 24 ans a chuté de 18,1 pour 1 000 femmes dépistées en 2007 à 13,5 pour 1 000 femmes en 2013. Dans ce pays, le succès de la campagne de vaccination, associée au dépistage, ouvre la perspective d’une éradication du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’années.

Pour rappel, en France, on est encore loin du compte : seulement 41 % des jeunes filles et 8 % des jeunes garçons de 16 ans étaient vaccinés contre les HPV en 2022. Cette campagne de vaccination changera-t-elle la donne ?

Encadre

Modalités pratiques de la vaccination HPV

En pratique, la vaccination contre les HPV est recommandée pour les jeunes filles et garçons :

  • pour les jeunes âgés de 11 à 14 ans, 2 injections sont nécessaires, espacées de 6 à 13 mois ;
  • un rattrapage de la vaccination est possible pour les jeunes entre 15 et 19 ans : 3 injections sont alors nécessaires.

La vaccination est aussi recommandée jusqu’à l’âge de 26 ans chez les hommes ayant ou ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes.

Pour plus d’informations sur les modalités de vaccination, il y a le site : vaccination-info-service.fr

Pour en savoir plus
INCa. Les arguments clés sur la vaccination contre les cancers liés aux papillomavirus humains (HPV). 21 août 2023.
Société française de pharmacologie et de thérapeutique. FAQ sur la vaccination HPV (papillomavirus humains). 19 juillet 2023.
De Mones del Pujol E. Vaccination anti-papillomavirus et prévention des cancers de l’oropharynx.  Rev Prat 2022;72(10);1078-9.
Prétet JL, Selmani Z, Mougin C, et al. Vaccination contre les papillomavirus : arguments et preuves de son efficacité.  Rev Prat 2020;70(1):99-103.
Drolet M, Bénard É, Pérez N, et al. Population-level impact and herd effects following the introduction of human papillomavirus vaccination programmes: updated systematic review and meta-analysis.  Lancet 394;10197:P497-509.
Martin Agudelo L. Vaccination anti-HPV : enfin les résultats sur le cancer !  Rev Prat (en ligne) 7 octobre 2020.
Lehtinen M, Lagheden C, Luostatinen T. Human papillomavirus vaccine efficacy against invasive, HPV-positive cancers: population- based follow-up of a cluster-randomised trial.  BMJ 2021;11:e050669.
Martin Agudelo L. Vaccin anti-HPV : quasi-élimination du cancer du col utérin en Angleterre.  Rev Prat (en ligne) 21 décembre 2021.
Moreira ED Jr, Block SL, Ferris D, et al. Safety Profile of the 9-Valent HPV Vaccine: A Combined Analysis of 7 Phase III Clinical Trials.  Pediatrics 2016;138(2):e20154387.
Miranda S, Chaignot C, Collin C, et al. Human papillomavirus vaccination and risk of autoimmune diseases: A large cohort study of over 2 million young girls in France.  Vaccine 2017;35(36):4761-8.
Bruni L, Albero G, Rowley J, et al. Global and regional estimates of genital human papillomavirus prevalence among men: a systematic review and meta-analysis. Lancet Glob Health 2023;11(9):E1345-62.
Milano G, Guarducci G, Nante N, et al. Human Papillomavirus Epidemiology and Prevention: Is There Still a Gender Gap?  Vaccines 2023;11(6):1060.
Ali H. Genital warts in young Australians five years into national human papillomavirus vaccination programme: national surveillance data.  BMJ 2013;346:f2942.
McGregor S, Saulo D, Brotherton JML, et al. Decline in prevalence of human papillomavirus infection following vaccination among Australian Indigenous women, a population at higher risk of cervical cancer: The VIP-I study.  Vaccine 2018;36(29):4311-6.
Hall MT, Simms KT, Lew JB, et al. The projected timeframe until cervical cancer elimination in Australia: a modelling study.  Lancet Pub Health 2019;4(1):E19-27.
HAS. Papillomavirus : la vaccination recommandée pour tous les garçons.  24 janvier 2020.
Vaccination info service. Les infections à papillomavirus humains (HPV).  24 août 2023.

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