Des manipulations de gain de fonction (GOF) ont été pratiquées sur les virus des épidémies de grippe aviaire, du SARS et du MERS. Celles notamment utilisant les connaissances sur le site furine (qui rend les virus beaucoup plus transmissibles à l’homme) se sont accumulées depuis plus de dix ans.1,2 Il est important d’analyser, avec recul, ce qu’elles ont apporté et ce que l’on peut encore en attendre en matière d’études de pathogénicité, de traitements et de vaccins, alors que de nombreux chercheurs ont donné l’alerte sur les risques liés au développement de virus dangereux lors des manipulations au laboratoire. Quelles sont les responsabilités éthiques des scientifiques face à ces projets et à ces risques ? Ces recherches nécessitent surtout une haute vigilance pour une réalisation dans de bonnes conditions de sécurité, afin d’éviter des accidents de laboratoire (plusieurs ont déjà été rapportés). De telles conditions sont-elles réunies dans les laboratoires en France ? Les notions de biosûreté et de biosécurité se développent. Les enjeux sont non seulement scientifiques mais aussi politiques, avec la possibilité de bioterrorisme.Le travail sur l’origine du SARS-CoV-2 est plus que nécessaire pour déterminer quelles sont les leçons à en tirer, notamment en matière de recherche, d’éthique scientifique, au niveau national mais aussi au niveau international. Il est utile de rappeler que des résultats ne peuvent être cachés aux yeux de la communauté internationale et qu’il est du devoir des pays de partager des données essentielles à la prévention de la diffusion de telles épidémies.
Séance du 18 avril 2023, « De l’origine du SARS-CoV-2 à la virologie/biologie dangereuse »
2) Rozo M, Gronvall GK, The reemergent 1977 H1N1 strain and the gain-of-function debate. mBio 2015;6(4):e01013-15.