Cette belle bande dessinée raconte avec humour les premiers pas de Lucille Lapierre qui débute, sans bien s’être renseignée, sa vie d’interne en psychiatrie dans une unité de malades difficiles dont beaucoup ont commis des actes violents. Une immersion soudaine, avec seulement les codes théoriques de sa préparation à l’internat, dans un monde où, non seulement il faut décrypter ce qui se passe dans la tête des patients et de leurs proches, mais aussi dans celle des méde- cins du service (qui ont leur propre stratégie…), des infirmiers (qui tiennent solidement les malades et le service…), des autres internes (dont l’éventail des motivations est conséquent…). Ce qui complique la situation, c’est que notre héroïne traîne avec elle, depuis l’enfance, un syndrome maladif d’illé- gitimité : comment va-t-elle se présenter à ces pa- tients si compliqués qui la jaugent d’un regard alors que son savoir n’est encore que livresque et fragile ? Une inquiétude que tous les soignants, jeunes ou vieux, partagent plus d’une fois, mais Lucile ne le sait pas, et finalement elle ne s’en sort pas si mal. Même si cette histoire est présentée comme une fiction, Lucile apparaît bien le double de son auteure Claire Le Men qui s’est inspirée de sa propre expérience d’interne en psychiatrie. Elle a depuis quitté la médecine pour se consacrer à la BD. La qualité de ce premier roman graphique montre que dans ce domaine, en tout cas, elle n’a rien d’illégitime…
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