L’enseignement de l’anatomie peut utiliser des outils modernes, en particulier numériques, de mise au point récente : anatomie 3D, casques virtuels, table de dissection numérique, etc. Pour autant, la modernité de ces outils ne permet pas de s’affranchir des processus d’apprentissage classiques. Ils doivent constituer le socle théorique pour la modernisation de l’enseignement de cette discipline dont la maîtrise correcte reste la base d’un exercice médical de qualité. L’apprentissage de l’anatomie est caractérisé par la mise en jeu, souvent concomitante, de trois domaines de mémorisation. Les outils et les méthodes pédagogiques nécessaires dans ceux-ci sont différents, mais doivent être utilisés conjointement :– l’apprentissage cognitif nécessite la mise en jeu de la mémoire dite « déclarative ». Cette mémoire correspond, en résumé, aux « souvenirs ». Les outils d’apprentissage pour la mémoire déclarative sont en général les cours magistraux, les ouvrages traditionnels (livres, polycopiés ou tout support numérique structuré) que l’étudiant doit assimiler ;– l’apprentissage procédural repose sur la mémorisation des procédures qui utilise des circuits neuronaux différents de ceux utilisés pour la mémoire déclarative. Il s’agit des « habitudes », ou « habiletés », qui sont différentes des « souvenirs » ;– l’apprentissage affectif : que ce soit au laboratoire d’anatomie (dissection d’un sujet anatomique) ou dans un service de chirurgie (abord chirurgical et intervention) ou lors de l’examen clinique d’un patient « réel », le contexte émotionnel est souvent très fort pour le jeune étudiant.Il faut veiller à ce que, pour chaque séance d’enseignement, les trois formes d’apprentissage soient présentes. L’enseignement de l’anatomie ne doit pas se résumer à un transfert d’informations, avec, par exemple, uniquement des présentations PowerPoint.Une nouvelle méthode a été mise au point au sein du Collège médical français des professeurs d’anatomie : la méthode TDNE (Tableau noir, Dissection, Numérique, Évaluation). Les cours magistraux sont remplacés par des « conférences d’anatomie », pour garder l’attractivité et la participation active de tous les étudiants. Un des buts est de maintenir l’émotion de l’anatomie. Cette méthode demande un nombre plus important d’enseignants, implique moins de cours mais plus d’interactions. Pour mieux intégrer la translation aux disciplines cliniques, cet enseignement est étalé sur plusieurs années. Le contrôle se fait avec des QCM utilisant largement l’imagerie médicale. Il reste à diffuser cette méthode à d’autres centres et à la comparer à d’autres options, à court et surtout à long terme.

Patrick Baqué, anatomie et chirurgie digestive, CHU de Nice, Nice, France

27 septembre 2022