Les centres antipoison et de toxico­vigilance, comme les services d’urgence, sont quotidiennement contactés pour des intoxications concernant les enfants. Pour être plus précis, il existe de très nombreuses expositions comparées au faible nombre d’intoxications et à celui, encore plus faible, des intoxications graves. De façon générale, plus l’âge augmente et plus le risque d’intoxication est élevé par exposition. Les intoxications chez l’enfant constituent la deuxième cause d’accidents domestiques. Plus de 80 % sont des intoxications accidentelles, en mono-­intoxication, le produit en cause est le plus souvent connu. La majorité de ces intoxications concerne des enfants de moins de 4 ans (50 % ont moins de 2 ans), par défaut de surveillance. Il ne faut pas perdre de vue la possibilité d’une maltraitance, qui doit être évoquée d’autant plus que l’enfant est jeune, si les intoxications se répètent, devant une discordance entre les constatations cliniques et les dires de l’entourage ou devant toute intoxication sévère.
La mortalité chez les enfants reste très faible (< 2 %) alors que la morbidité est élevée.
On observe une prédominance masculine chez le petit enfant, mais féminine chez l’adolescent.
Le devenir est marqué par une hospitalisation brève, de moins de 48 heures, pour la surveillance de l’enfant dans 90 % des situations. La répartition des intoxications sévères de l’enfant est bimodale, avec un pic à 36 mois et un pic à 14 ans (de 0,5 à 2 % hospitalisées en unité de réanimation ou de soins intensifs). Chez l’adolescent, l’intoxication est volontaire, surtout à but suicidaire, alors que chez le nourrisson elle est le plus souvent accidentelle.

Produits, substances et voies d’exposition

On note chez l’enfant des intoxications en miroir des médicaments contenus dans les pharmacies familiales. De façon peu étonnante, les psychotropes, les antalgiques et les antibiotiques arrivent en tête, suivis par les produits domestiques, les cosmétiques, les aliments, les plantes.
Chez l’enfant, l’âge des expositions se situe entre 5 et 7 ans, expliquant que la voie d’exposition orale prédomine. Les voies oculaire et cutanée sont, elles aussi, fréquentes.

Moment de l’intoxication

On observe des pics d’exposition/intoxication, notamment le matin et en fin d’après-midi, lorsque les enfants sont au domicile et ont accès aux différents toxiques.
Selon la saison, dans les jardins, ou lors de promenades dans les parcs, les jeunes enfants sont plus facilement exposés aux plantes, baies et champignons.
La pandémie de Covid-19 a modifié les périodicités des expositions. Une étude récente des centres antipoison français montre que le confinement a favorisé les expositions des enfants aux produits désinfectants et solutions hydroalcooliques, très utilisés pendant cette période, alors que les écoles et les crèches étaient fermées.

Spécificités

Des risques spécifiques peuvent émerger, du fait par exemple d’une modification de composition d’un produit, d’un défaut de sécurité sur un conditionnement de produit ménager ou de « phénomènes de mode » véhiculés par internet. Par exemple, l’exposition aux piles boutons, que les enfants avalent s’ils arrivent à les extraire du jouet, peut passer inaperçue et être la cause de tableaux cliniques sévères plusieurs jours après l’absorption. En effet, la pile bouton est responsable d’une érosion de la muqueuse digestive pouvant aboutir à une nécrose du tube digestif.
Les jeux à base de slime (de fabrication industrielle ou artisanale) sont très surveillés par les centres antipoison ; en effet, même si la morbidité est faible, les appels sont fréquents car cette activité est répandue dans les familles avec enfants.

Prévention

Les mesures de prévention se sont développées pour assurer la sécurité des conditionnements des produits chimiques et des produits ménagers d’usage courant. Les expositions accidentelles des enfants les plus jeunes ont diminué depuis la mise sous blister de la grande majorité des médicaments.

Dans cet article

Ce contenu est exclusivement réservé aux abonnés