L’incidence et la co-occurrence des maladies auto-immunes aujourd’hui en Europe occidentale repose sur de rares données discordantes. Afin de fournir une base plus solide à l’épidémiologie de ces maladies, des chercheurs ont utilisé les données de santé de plus de 22 millions de Britanniques, parmi lesquels 978 872 sujets ayant reçu au moins un diagnostic de maladie auto-immune entre le 1er janvier 2000 et le 30 juin 2019. Les chercheurs ont ainsi analysé l’évolution de l’incidence de 19 des maladies auto-immunes les plus communes sur près de 20 ans, et ce en fonction du sexe, de l’âge et du niveau socioéconomique des patients.
Leurs résultats sont parus le 5 mai dans le Lancet. En tout, la prévalence des 19 maladies auto-immunes étudiées était de 10,2 % à 13,1 % chez les femmes et 7,4 % chez les hommes. La prévalence de ces maladies a crû de 41 % entre 2000-2002 (prévalence de 7,7 %) et 2017-2019 (11,0 %). Par ailleurs, 12 des maladies étudiées ont vu leur incidence augmenter significativement entre les mêmes périodes.
Sans surprise, la plupart des maladies auto-immunes sont plus communes chez les femmes, avec un taux d’incidence particulièrement élevé pour le syndrome de Sjögren (ratio femmes/hommes = 5,93), le lupus (3,83) et la sclérodermie systémique (3,30). Seules trois maladies avaient une incidence significativement plus élevée chez les hommes : la spondylarthrite ankylosante (ratio hommes/femmes = 1,47), la myasthénie (1,41) et le diabète de type 1 se déclarant pendant l’enfance (1,14).
Les personnes du quintile le plus désavantagé socioéconomiquement avaient une incidence des maladies auto-immunes plus importante que ceux du quintile le plus avantagé. Cette gradation est plus visible pour certaines maladies, comme l’arthrite rhumatoïde ou le lupus. Cependant, le niveau socioéconomique ne joue pas sur l’incidence de la thyroïdite de Hashimoto et sur les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, tandis que les plus privilégiés ont une plus grande incidence de la maladie cœliaque – peut-être en raison de davantage de dépistage personnalisé chez les plus aisés.
La co-occurrence de maladies auto-immunes s’avère particulièrement commune, avec un risque fortement accru d’avoir une deuxième maladie auto-immune après un premier diagnostic. Ces associations concernent notamment les maladies touchant le tissu conjonctif, c’est-à-dire le syndrome de Sjögren, le lupus et la sclérodermie systémique. Enfin, les personnes ayant été diagnostiquées dans leur enfance avec un diabète de type 1 ont un risque multiplié par plus de 25 de développer la maladie d’Addison et la maladie cœliaque.