Avec le vieillissement de la population et l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance, les cancers augmentent inéluctablement et représentent en France un problème sanitaire majeur. Le cancer du sein de la femme y contribue pour une part importante puisqu’il s’agit de la localisation cancéreuse la plus fréquente et qu’il représente à lui seul 28 % et 33 % des cancers féminins respectivement en Europe1 et en France.2

Incidence, prévalence et mortalité dans le monde

Avec 2 088 849 nouveaux cas de cancer du sein dans le monde (11,6 % des cancers tous sexes confondus) estimés en 2018, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et la première cause de mortalité par cancer chez la femme, en France comme dans le monde. Les taux d’incidence les plus élevés, supérieurs à 80 pour 100 000, sont observés dans les pays les plus développés : Amérique du Nord, Europe du Nord et de l’Ouest et Australie1, 2 (fig. 1a). À l’inverse, les taux de mortalité les plus élevés sont observés dans les pays les moins développés. La France se situe parmi les pays de l’Union européenne ayant le plus haut niveau d’incidence2 (fig. 1b).

Incidence et mortalité en France en 2018

En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancer en France métropolitaine est estimé à 58 459 nouveaux cas3. Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, avec un taux d’incidence standardisé de 99,9 pour 100 000 personnes-années.3 Avec 12 146 décès estimés en 2018, le cancer du sein est au premier rang des décès par cancer chez la femme.3 Le taux de mortalité (taux standardisé monde [TSM]) est de 14,0 pour 100 000 personnes-années.1, 2
L’âge médian au diagnostic est de 63 ans.3 La courbe transversale du taux d’incidence selon l’âge au diagnostic en 2018 (fig. 2) montre une progression de l’incidence en fonction de l’âge jusqu’à 50 ans. L’incidence est stable pour les personnes entre 50 et 55 ans. Elle est plus faible pour les personnes âgées de plus de 70 ans. La mortalité quant à elle augmente avec l’âge, en 2018.

Tendances entre 1990 et 2018

Incidence

Entre 1990 et 2018, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme a presque doublé, passant de 29 970 à 58 459 cas annuels (+95 %). Cette hausse est attribuable pour moitié (+48 %) à une augmentation du risque et pour moitié à l’augmentation et au vieil­lissement de la population (respectivement +26 % et +21 %).3
Le taux d’incidence du cancer du sein est également en augmentation entre 1990 et 2018, avec un accrois­sement en moyenne de +1,1 % par an entre 1990 et 2018 (de 72,8 pour 100 000 personnes-années à 99,9) et de +0,6 % par an sur la période récente 2010-2018. Toutefois, cette évolution n’est pas régulière : après une forte augmentation en début de période, le taux d’incidence (TSM) a ­légèrement diminué de 97,0 pour 100 000 personnes-­années en 2005 à 95,0 en 2009, puis a repris une évolution à la hausse plus modérée jusqu’en 2018 (fig. 3).
Les tendances par âge montrent une augmentation de l’incidence entre 1990 et 2018, pour l’ensemble des âges. Cette augmentation est plus forte pour les femmes de 70 ans (fig. 4). Ces évolutions ne sont toutefois pas régulières sur la période et diffèrent selon l’âge. Chez les femmes les plus jeunes et les plus âgées, l’incidence ­augmente sur l’ensemble de la période. Pour les femmes de 60 ans, et plus généralement celles âgées de 55 à 64 ans, l’incidence présente un pic suivi d’une baisse après 2005. Pour les femmes de 50-54 ans et de 65-74 ans, on observe un pic d’incidence vers 2005, suivi d’une baisse puis d’une stabilisation, voire d’une légère hausse de l’incidence en fin de période.

Mortalité

Le taux de mortalité (TSM) suit une évolution inverse du taux d’incidence, avec une diminution moyenne de -1,3 % par an entre 1990 et 2018 (TSM de 20,2 en 1990 à 14,0 en 2018) et de -1,6 % par an sur la période récente 2010-2018. En moyenne sur l’ensemble de la période, la diminution du taux de mortalité est plus importante pour les femmes âgées de moins de 60 ans par rapport aux femmes plus âgées (fig. 4).3

Survie

Le cancer du sein est le troisième cancer de meilleur ­pronostic chez la femme, après les mélanomes cutanés et les cancers de la thyroïde. La dernière étude4 réalisée sur la survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine, diagnostiquées entre 1989 et 2013, à ­partir des données des registres de cancers français montre des taux de survie nette à 5 ans de 88 %. La survie variait avec l’âge (fig. 5). À 5 ans, elle était maximale (92-93 %) chez les femmes âgées de 45 à 74 ans. Elle était légèrement plus faible (90 %) chez les femmes plus jeunes (entre 15 et 44 ans) et beaucoup plus faible (76 %) chez les femmes plus âgées (75 ans et plus)4.

Tendance a la hausse

Excepté pour les femmes de 55 à 65 ans, une augmentation d’incidence est observée de 2010 à 2018 aussi bien pour les femmes de moins de 40 ans non concernées par le ­dépistage du cancer du sein que pour les femmes des autres classes d’âge. Une tendance globale à la hausse est aussi retrouvée en Europe et aux États-Unis.5, 6 Pour les femmes de 75 ans et plus atteintes de cancer du sein en France, les taux de survie sont inférieurs à ceux des autres classes d’âge, comme dans de nombreux pays.7 Chez ces femmes, le diagnostic est souvent posé à un stade plus avancé, et des thérapeutiques suboptimales sont parfois proposées, notamment en raison des comorbidités.8 Toutefois, certaines femmes âgées en bonne santé pourraient bénéficier, comme les femmes plus jeunes, de traitements adjuvants plus « agressifs ». Un des objectifs du 3e Plan cancer en France vise à améliorer la prise en charge des personnes âgées, avec le développement plus systématique d’évaluation gériatrique et de réunion de concertation pluridisciplinaire d’oncogériatrie.9 
Références
1. Bray F, Ferlay J, Soerjomataram I, Siegel RL, Torre LA, Jemal A. Global cancer statistics 2018: Globocan estimates of incidence and mortality worldwide for 36 cancers in 185 countries. CA Cancer J Clin 2018;68:394-424.
2. Source : Globocan 2018 Disponible sur : http://globocan.iarc.fr
3. Defossez G, Le Guyader-Peyrou S, Uhry Z, et al. Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018. Résultats préliminaires. Saint-Maurice : Santé publique France, 2019. www.santepubliquefrance.fr ou https://bit.ly/3202yEh
4. Cowppli-Bony A, Uhry Z, Remontet L et al. Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2013. Partie 1 – Tumeurs solides. www.e-cancer.fr ou https://bit.ly/320U8wt
5. Baeyens-Fernández JA, Molina-Portillo E, Pollán M, et al. Trends in incidence, mortality and survival in women with breast cancer from 1985 to 2012 in Granada, Spain: a population-based study. BMC Cancer 2018;18:781.
6. Cronin KA, Lake AJ, Scott S, et al. Annual report to the nation on the status of cancer, part I: National cancer statistics. Cancer 2018;124:2785-800.
7. Bastiaanet E, Liefers GJ, de Craen AJ, et al. Breast cancer in elderly compared to younger patients in the Netherlands: stage at diagnosis, treatment and survival in 127 805 unselected patients. Breast Cancer Res Treat 2010;124:801-7.
8. Weiss A, Noorbakhsh A, Tokin C, et al. Hormone receptor-negative breast cancer: undertreatment of patients over 80. Ann Surg Oncol 2013;20:3274-8.
9. Ministère des Affaires sociales et de la Santé. Plan cancer 2014-2019 [internet]. Paris : ministère des Affaires sociales et de la Santé, 2014. www.e-cancer.fr ou https://bit.ly/2E5xxH3

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Résumé

Le cancer du sein de la femme représente 33 % des cancers féminins en France. L’âge moyen au diagnostic est de 63 ans. Excepté pour les femmes de 55 à 65 ans, une augmentation d’incidence est observée de 2010 à 2018 aussi bien pour les femmes jeunes, avant 40 ans, non concernées par le dépistage du cancer du sein que pour les femmes des autres classes d’âge. L’âge reste un facteur de risque important du cancer du sein. Les taux d’incidence sont les plus élevés pour les femmes de 70 à 74 ans (420/100 000), et c’est dans cette classe d’âge que l’augmentation de l’incidence entre 1990 et 2018 a été la plus forte (+1,9 % par an en moyenne). Parallèlement, la mortalité a diminué dans cette tranche d’âge (-0,8 % par an en moyenne). Cependant, le taux de survie nette à 5 ans est nettement plus faible (76 %) chez les femmes de plus de 75 ans que chez les plus jeunes.