L’« effet Mozart » prête à l’écoute de l’œuvre du compositeur autrichien de multiples vertus, notamment antiépileptiques. La première méta-analyse rigoureuse sur le sujet est sortie début mars dans Scientific Reports.

En 1993, l’étude fondatrice des Américains Frances Rauscher, Gordon Shaw et Catherine Ky a donné naissance à l’« effet Mozart » : l’œuvre du compositeur, et notamment sa sonate pour deux pianos en ré majeur (la KV 448), aurait des vertus thérapeutiques. Dans l’expérience pionnière de 1993, les chercheurs avaient fait écouter à 36 étudiants la sonate KV 448 pendant 10 minutes, et avaient observé ensuite une amélioration temporaire de 8 à 9 points du sous-score du QI évaluant l’intelligence visuo-spatiale, en comparaison de ceux n’ayant rien écouté ou ayant écouté des instructions d’hypnose avant de réaliser ces tests.

Très largement médiatisé, cet article, rapidement critiqué par la communauté scientifique, a créé « l’effet Mozart », stipulant d’abord que l’écoute de la sonate KV 448 rendrait les enfants plus intelligents. Depuis la fin des années 1990 et jusqu’à aujourd’hui, cet effet Mozart putatif s’est élargi jusqu’à atteindre l’épilepsie, avec des études qui suggèrent que l’écoute de la sonate KV 448 limiterait l’activité épileptiforme.

Pour conclure à l’existence ou non d’un effet Mozart dans l’épilepsie, deux chercheurs autrichiens – que l’on ne peut suspecter d’agir pour ternir le pianiste national – ont publié une première méta-analyse d’envergure sur le sujet, parue en mars dans Scientific Reports. Ils se sont basés sur 8 études concernant 207 participants.

Trois études montrent un petit effet non-significatif lié à l’écoute de la sonate KV 448 et à d’autres stimuli musicaux. Les analyses statistiques des auteurs indiquent cependant que ces effets sont sûrement surestimés. Les chercheurs indiquent que l’écoute de musique n’a aucun effet bénéfique sur l’épilepsie, et pas plus lorsqu’il s’agit de celle de Mozart. Ce mythe reste d’actualité « en raison de l’autorité infondée de quelques articles très cités, ainsi que d’études peu robustes et manquant de transparence », concluent-ils.