Selon son abondance, sa répétition ou la fragilité du terrain, l’épistaxis peut être un signe bénin ou une véritable urgence médico-chirurgicale. Démarche étiologique, réalisation pratique de l’hémostase, signes de gravité, dans cette fiche par le Dr Isabelle Fligny-Granier, ORL, CHI Poissy-Saint-Germain-en-Laye.

 

Que faire au cabinet ?

Interroger

Évaluer le contexte et le terrain. L’origine peut être banale : grattage, rhinite ou rhinosinusite, traumatisme nasal (fracture, septorhinoplastie, ethmoïdectomie, intubation), exposition au soleil. Mais il peut s’agir d’un patient avec antécédents cardiovasculaires : diabète, artérite, cardiopathie ou HTA. Risque de mauvaise tolérance du saignement.

Traquer la prise d’aspirine (souvent en automédication et rarement mentionnée), d’anticoagulant ou d’une chimiothérapie (thrombopéniante).

Connaître les pathologies particulières pouvant être révélées par l’hémorragie : maladie de Willebrand (anomalie de l’hémostase, sujet jeune) ou de Rendu-Osler (angiomes cutanés), cirrhose ; fibrome nasopharyngien de l’adolescent, cancer du cavum (sujets du pourtour méditerranéen ou d’Asie du Sud-Est avec obstruction nasale progressive), adénocarcinome de l’éthmoïde (maladie professionnelle des travailleurs du bois).

Rassurer

Mettre le patient (souvent très anxieux) en position demi-assise. Éviter de l’allonger complètement car risque d’écoulement dans l’arrière-gorge.

Faire moucher

Pour évacuer les caillots qui favorisent la persistance du saignement.

Comprimer la portion cartilagineuse du nez

Entre pouce et index pendant 10 minutes, tête penchée en avant. Suffit bien souvent à stopper l’épistaxis. Prescrire des cotons hémostatiques type Coalgan à utiliser en cas de récidive avant de voir l’ORL.

Prendre le pouls et la pression artérielle

Une pression artérielle anormalement élevée après avoir respecté un temps de repos de 15 à 30 minutes peut être la cause de l’épistaxis. Dans tous les cas, c’est un facteur aggravant.

Rechercher des signes de gravité

Pâleur, sueurs, tachycardie, hypotension témoignent de l’importance de l’hémorragie.

Tamponner

Si persistance du saignement après compression bidigitale, introduire un tampon hémostatique résorbable comme Coalgan dans le vestibule nasal, ou une éponge expansive type Merocel (fig.) qui comprime les deux tiers antérieurs des cavités nasales : mise en place douloureuse mais simple, ne nécessitant pas d’instrument particulier. On pousse le tampon sur plusieurs centimètres dans la fosse nasale parallèlement au palais. Puis on le fait gonfler avec du sérum physiologique.

Pour l'antibiothérapie, on propose : soit amoxycilline 1 g 2 x/j, soit acide clavulanique + amoxycilline 1 g 3 x/j.

Adresser au spécialiste ?

En urgence, en cas de persistance du saignement malgré méchage antérieur ou mise en place de Coalgan, pour un éventuel méchage postérieur. Si l’ORL n’est pas équipé ou s’il n’est pas disponible immédiatement : adresser le patient aux urgences hospitalières.

En différé, si la compression bidigitale a arrêté le saignement et en l’absence de signe de gravité. Objectif : la recherche de la cause, qui est le plus souvent le saignement d’un vaisseau de la tache vasculaire, située à la partie antéro-inférieure de la cloison nasale. Traitement : cautérisation à l’acide (trichloracétique ou chromique).

Dans les 48 heures après méchage antérieur efficace par Merocel pour ablation de la mèche et recherche de la cause.

Pour en savoir plus
Gallet P, Georgel T, Jankowski R. Item 87 (ancien Q 313). Épistaxis.  Rev Prat 2012;62:695-7.
Leveque P, Pons Y. Épistaxis : comment mécher.  Rev Prat Med Gen 2012;26:875-9.

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