Nous sommes loin d’avoir tiré toutes les leçons de la bruyante affaire de l’hydroxychloroquine. Et parmi les questions soulevées, celle de la place qui doit – ou non – être accordée aux essais thérapeutiques. « La pandémie a conduit un nombre conséquent de personnalités médicales et scientifiques à renoncer aux méthodes codifiées de la recherche médicale – et ce au profit d’affirmations établies dans l’urgence et sans réelle évaluation », observent dans le dernier médecine/sciences1 Annick Alpérovitch et Philippe Lazar, deux anciens responsables de l’Inserm.
Parmi ces personnalités, Didier Raoult, microbiologiste et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection. C’est aussi vrai de nombre de responsables médicaux et politiques qui, pour des raisons diverses, le soutiennent dans une croisade sans précédent en France. Forts de leur conviction sur l’intérêt de cet antipaludéen, Raoult et ses disciples déplorent le fait que les essais randomisés soient devenus la preuve unique de l’efficacité d’un traitement. « Or dans ma propre expérience, j’ai déjà mis au point dix traitements différents (…), sans jamais avoir fait d’essais randomisés », affirme-t-il dans différents médias.
Selon lui, les éléments qui amènent, généralement, à la découverte de nouveaux traitements sont « l’observation anecdotique et les observations de séries correctement analysées ». Et de dénoncer l’omniprésence envahissante des « méthodologistes », qui conduisent à n’avoir que des réflexions purement mathématiques. « Ce modèle, qui a nourri une quantité de méthodologistes, est devenu une dictature morale. Mais le médecin peut et doit réfléchir comme un médecin, et non pas comme un méthodologiste, plaidait-il récemment dans les colonnes du Monde. Je pense qu’il est temps que les médecins reprennent leur place, avec les philosophes et avec les gens qui ont une inspiration humaniste et religieuse dans la réflexion morale, même si on veut l’appeler éthique, et qu’il faut nous débarrasser des mathématiciens, des météorologistes dans ce domaine. »
Les Académies de médecine, de pharmacie et des sciences reconnaissent que, pour le grand public, les règles contraignantes des essais thérapeutiques « peuvent apparaître lourdes et inadaptées à la demande des patients et de leurs proches en cas d’urgence et au vu de drames médicaux ».2 Pour autant, elles observent que l’expérience actuelle « montre le danger d’une approche purement empathique ou compassionnelle, car elle retarde la réponse à la question de l’efficacité des médicaments testés ». Il n’en reste pas moins, alors que la pandémie a fait plus de 300 000 morts, qu’aucun essai n’a encore identifié de molécule capable de réduire la mortalité liée au Covid-19 –alors que les plateformes ClinicalTrials.gov aux États-Unis, EudraCT dans l’Union européenne et ChiCTR en Chine recensent plus de 1 500 études en cours.
Selon les deux anciens responsables de l’Inserm, le fait de promouvoir les essais comparatifs témoigne de la reconnaissance par le corps médical qu’une partie de ses connaissances ne peut résulter que de la confrontation expérimentale des options thérapeutiques qui s’offrent à lui. « Pour des praticiens, accepter de recourir à des essais thérapeutiques réalisés dans les conditions éthiques et scientifiques est un témoignage d’une légitime modestie de leur part au regard de la superbe de ceux qui estiment pouvoir s’en passer », concluent-ils.
Parmi ces personnalités, Didier Raoult, microbiologiste et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection. C’est aussi vrai de nombre de responsables médicaux et politiques qui, pour des raisons diverses, le soutiennent dans une croisade sans précédent en France. Forts de leur conviction sur l’intérêt de cet antipaludéen, Raoult et ses disciples déplorent le fait que les essais randomisés soient devenus la preuve unique de l’efficacité d’un traitement. « Or dans ma propre expérience, j’ai déjà mis au point dix traitements différents (…), sans jamais avoir fait d’essais randomisés », affirme-t-il dans différents médias.
Selon lui, les éléments qui amènent, généralement, à la découverte de nouveaux traitements sont « l’observation anecdotique et les observations de séries correctement analysées ». Et de dénoncer l’omniprésence envahissante des « méthodologistes », qui conduisent à n’avoir que des réflexions purement mathématiques. « Ce modèle, qui a nourri une quantité de méthodologistes, est devenu une dictature morale. Mais le médecin peut et doit réfléchir comme un médecin, et non pas comme un méthodologiste, plaidait-il récemment dans les colonnes du Monde. Je pense qu’il est temps que les médecins reprennent leur place, avec les philosophes et avec les gens qui ont une inspiration humaniste et religieuse dans la réflexion morale, même si on veut l’appeler éthique, et qu’il faut nous débarrasser des mathématiciens, des météorologistes dans ce domaine. »
Les Académies de médecine, de pharmacie et des sciences reconnaissent que, pour le grand public, les règles contraignantes des essais thérapeutiques « peuvent apparaître lourdes et inadaptées à la demande des patients et de leurs proches en cas d’urgence et au vu de drames médicaux ».2 Pour autant, elles observent que l’expérience actuelle « montre le danger d’une approche purement empathique ou compassionnelle, car elle retarde la réponse à la question de l’efficacité des médicaments testés ». Il n’en reste pas moins, alors que la pandémie a fait plus de 300 000 morts, qu’aucun essai n’a encore identifié de molécule capable de réduire la mortalité liée au Covid-19 –alors que les plateformes ClinicalTrials.gov aux États-Unis, EudraCT dans l’Union européenne et ChiCTR en Chine recensent plus de 1 500 études en cours.
Selon les deux anciens responsables de l’Inserm, le fait de promouvoir les essais comparatifs témoigne de la reconnaissance par le corps médical qu’une partie de ses connaissances ne peut résulter que de la confrontation expérimentale des options thérapeutiques qui s’offrent à lui. « Pour des praticiens, accepter de recourir à des essais thérapeutiques réalisés dans les conditions éthiques et scientifiques est un témoignage d’une légitime modestie de leur part au regard de la superbe de ceux qui estiment pouvoir s’en passer », concluent-ils.
Références
1. Alpérovitch A, Lazar P. L’éthique des essais thérapeutiques. Med Sci (Paris) 2020;36:303-7.
https://bit.ly/2z0GLSC
2. Essais cliniques au cours de la pandémie Covid-19. Communiqué tri-académique, 29 mai 2020.
https://bit.ly/2XXMXTE
https://bit.ly/2z0GLSC
2. Essais cliniques au cours de la pandémie Covid-19. Communiqué tri-académique, 29 mai 2020.
https://bit.ly/2XXMXTE