Les 14 allergènes à déclaration obligatoire
En France, l’étiquetage actuel des allergènes alimentaires est établi selon le règlement INCO n°1169/2011 concernant l’information du consommateur sur les denrées alimentaires. La présence d’un ou plusieurs des 14 allergènes à déclaration obligatoire (ADO) dans la composition d’un plat industriel (gâteaux, plats préparés…) doit systématiquement être signalée sur l’emballage, en gras, en italique ou souligné.* Cette liste correspond aux allergènes alimentaires les plus fréquents, impliqués dans des réactions allergiques. Plus récemment, cette obligation a été étendue aux produits non préemballés et vendus en vrac (décret n°2015-447 du 17 avril 2015). Sur les lieux de restauration, la personne allergique doit avoir accès à la composition d’un plat pour vérifier la présence ou non de l’allergène auquel elle risque de réagir.
La liste des 14 ADO :
1 – Les céréales contenant du gluten (à savoir blé, seigle, orge, épeautre, kamut ou leurs souches) et les produits à base de ces céréales.
2 – Le lait et ses produits dérivés.
3 – Les crustacés et les produits à base de crustacés.
4 – Les œufs et les produits à base d’œuf.
5 – Le lupin.
6 – Le poisson et les produits à base de poissons.
7 – L’arachide et les produits à base d’arachide.
8 – Le soja et les produits à base de soja.
9 – Les fruits à coque (amande, noisette, noix, noix de cajou, noix de pécan, du Brésil, pistache, noix de macadamia, noix du Queensland) et les produits à base de ces fruits.
10 – Le céleri et les produits dérivés du céleri.
11 – La moutarde et les produits à base de moutarde.
12 – Les graines de sésame et les produits à base de sésame.
13 – L’anhydre sulfureux et sulfites en concentration de plus de 10 mg/kg ou mg/L exprimés en SO2.
14 – Les mollusques.
Attention : la châtaigne n’est pas citée dans les fruits à coque. Quant aux isolats de blé (obtenus par déamidation du gluten), considérés comme de nouveaux allergènes et retrouvés dans les pâtes alimentaires ou les charcuteries, ils ne sont pas non plus répertoriés pour l’instant.
*Voici un exemple de l’utilité de l’étiquetage ADO : retrait d’un produit datant du 9 juin 2022 : https://rappel.conso.gouv.fr/affichettePDF/7299/Interne
Des allergènes émergents
Répertoriés par le réseau d’allergovigilance (RAV) comme de nouveaux aliments à l’origine d’allergies potentiellement sévères, ils ne font à ce jour pas encore partie de la liste des allergènes à déclaration obligatoire. Les 8 principaux : pois blond, lentilles, lait de brebis, lait de chèvre, sarrasin, pignon de pin, kiwi, l’alpha gal (cause d’allergie à la viande en cas d’antécédent de morsure de tique). Espérons qu’une extension de la liste avec ces allergènes voie le jour !
Quid de l’étiquetage « de précaution » ?
Cet étiquetage, trop souvent utilisé par l’industrie agro-alimentaire, ne repose sur aucun texte réglementaire ; il sert en réalité de « parapluie » aux fabricants afin de limiter les risques de contentieux (en cas de contamination accidentelle par un allergène non compris dans la recette par exemple). Il s’exprime sous les termes : « Peut contenir des traces de », « Produits fabriqués dans un atelier utilisant... », « Produits pouvant contenir des traces de... », « Traces éventuelles », semant le trouble dans l’esprit du consommateur. Il faut alors se rapprocher de son allergologue pour savoir si le seuil de réactivité à l’allergène alimentaire en question permet ou non de consommer ce type de produit (exemple dans l’encadré ci-dessous).
Par ailleurs, l’étiquetage de précaution varie selon les pays, avec des différences de seuil acceptable d’allergène présent dans les produits.
En revanche, le terme « garanti sans » impose à l’industriel de vérifier l’absence de l’allergène dans chaque lot de production.
Les ADO à l’étranger
Cette liste d’ADO varie en fonction des pays. En effet, aux États-Unis, seuls 9 aliments sont à étiquetage obligatoire. La liste, régie par la loi Food Allergen Labeling and Consumer Protection Act of 2004 (FALCPA), s’applique à tous les aliments préemballés vendus aux États-Unis : lait de vache, œuf, poissons, crustacés, fruits à coque, arachide, blé, soja, sésame. Ce dernier, appelé « the big nine », a été ajouté en avril 2021 sous le gouvernement de Joe Biden en raison de son utilisation grandissante dans l’industrie alimentaire et son implication dans de nombreuses allergies aux États-Unis. Les industriels ont jusqu’au 1er janvier 2023 pour s’y conformer.
L’étiquetage obligatoire des vins
Le vin, lors de sa fabrication, subit une phase de fermentation (par levures). L’étape suivante de clarification est réalisée à l’aide de colles œnologiques d’origine animale (blanc d’œuf, colle de poisson, caséine) ou végétale (gluten, protéines de lupin et de pois). Les gélatines et collagènes de poisson sont plutôt utilisés pour les vins blancs et rosés. Les caséines de lait et protéines d’œuf visent à améliorer la couleur et le goût du vin. Ce sont surtout les allergiques au lait et à l’œuf qui risquent une réaction allergique à ces colles.
Depuis 2012, la clarification d’un vin avec ajout de plus de 0,25 mg/L (caséine, ovalbumine, lysozyme) est soumise à l’obligation d’étiquetage stipulant la présence d’œuf ou de lait. Il faut cependant savoir que les polyphénols contenus dans le vin peuvent en masquer une partie, les rendant invisibles au contrôle.
Une directive européenne de 2005 impose l’apposition obligatoire de la mention « contient des sulfites » sur l’étiquette des bouteilles de vin, à partir d’une concentration > 10 mg/L. Mais attention, tous les vins étiquetés avant 2005 ne portent pas cette mention obligatoire ! De plus, la concentration de ces additifs varie en fonction des vignobles et de la couleur du vin. Pour certains blancs, elle peut varier de 30 mg/L à 160 mg/L. Pour les rouges, les taux peuvent avoisiner de 10 mg/L à 105 mg/L.
Pénuries de certaines matières premières
Dès le début du confinement lié à la pandémie, des mesures ont été prises pour pallier le manque de certaines matières premières. Il s’agissait d’autoriser « une différence entre la recette initiale effective et l’étiquetage des ADO dans certaines conditions ». Plus récemment, le conflit ukrainien a engendré une pénurie d’huile de tournesol. Elle peut donc être remplacé par l’huile de palme, de soja ou de colza dans les plats industriels. La DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et la répression des fraudes), en concertation avec les associations de consommateurs, des fabricants et industriels de l’alimentation, est arrivée à un accord : apposer sur l’emballageun sticker signalant par dérogation la modification de la recette.
Des sources pour vos patients allergiques
- Deux sites utiles et leurs applications, pour faire ses courses :
- Un site avec de recettes sucrées ou salées sans les 14 ADO. La créatrice est la mère d’un jeune de 20 ans ayant 25 allergies alimentaires depuis la petite enfance :
https://allergiquegourmand.blog
- Site de plusieurs diététicienne spécialisées en allergies alimentaires, travaillant en collaboration avec la Société française allergologie :
« Peut contenir des traces de… » : quelle attitude ?
Justine et Arnaud sont tous deux allergiques à l’arachide. Lors du bilan, ils ont bénéficié d’un test de provocation orale (TPO) en milieu hospitalier pour connaître leur seuil de réactivité.
- Ce seuil est assez élevé pour Justine, c’est-à-dire qu’elle a pu ingérer pendant le TPO plusieurs cacahuètes avant d’avoir des signes cliniques. Elle pourra donc, après avis de l’allergologue, consommer des produits avec l’étiquetage de précaution.
- Arnaud, lors du TPO, se couvre d’urticaire accompagnée d’un œdème des lèvres dès la première prise d’allergène. Son seuil de réactivité est donc bas et il n’est pas question qu’il en consomme la moindre trace. Ainsi, tous les produits industriels comportant l’étiquetage de précaution lui sont interdits.
Renaudin JM, Beaumont P, Sabouraud D, et al. Anaphylaxie alimentaire sévère : données recueillies par le Réseau d’Allergo-Vigilance (2002-2017) et allergènes émergents. Rev Fr Allergol 2017;57(7):e3-e7.
Codreanu-Morel F. Les allergènes transformés : exemples des isolats de blé. Rev Fr Allergol 2012;52(3);138-40.
Castelain-Hacquet C, Anton M, Bocquel N, et al. Éducation thérapeutique en allergie alimentaire : les outils éducatifs. Rev Fr Allegol 2011;51(8);664-8.
AFPRAL. Étiquetage des allergènes à déclaration obligatoire. 1er juin 2009.
DGCCRF. Allergènes alimentaires. 14 mai 2019.