Cinq ans après la loi Claeys-Leonetti autorisant la sédation profonde et continue pouvant aller jusqu’à la mort mais sans euthanasie, le député Olivier Falorni a soumis au vote de l’Assemblée nationale, le 8 avril dernier, une proposition de loi qui autoriserait l’aide active à mourir. Les députés favorables à cette évolution législative dénonçaient la grande hypocrisie de la fin de vie actuelle faisant le choix du « laisser mourir ». Dans son article premier, cette nouvelle loi prévoyait que « toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable », pourrait demander une « assistance médicalisée » pour mourir « par une aide active ». Une ultime liberté déjà autorisée en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas depuis quelques années, mais aussi aux États-Unis et au Canada, ce qui permettrait une fin de vie libre et choisie, élargissant ainsi les droits fondamentaux des malades à disposer de leur propre corps prévus par la loi Kouchner de 2002.
Actuellement, les Français désirant une euthanasie se rendent à l’étranger. Mais face à la souffrance de leurs patients, de nombreux confrères pratiqueraient des euthanasies clandestines, même parfois à l’insu de ces derniers ou de leurs proches. Est-ce que la dépénalisation de l’euthanasie réduirait ces pratiques ? En Belgique, la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE) révèle que cet objectif de transparence est loin d’être atteint : en 2007, la moitié des euthanasies n’auraient pas été déclarées ! La CFCEE souligne aussi qu’un nombre important d’injections létales se feraient sans véritable consentement de la personne, surtout pour le grand âge – la démence ou le vieillissement étant considérés comme des affections graves ! Certaines euthanasies seraient aussi pratiquées pour des douleurs psychiques ne mettant nullement en jeu le pronostic vital à court terme !
Pour argumenter son projet, Olivier Falorni s’appuie également sur les résultats de nombreux sondages montrant qu’environ 90 % des Français seraient favorables à la légalisation de l’euthanasie. Mais est-ce que ceci reflète pour autant le comportement de ces mêmes personnes lorsque le moment sera venu de décider ? Comme le souligne le Comité consultatif national d’éthique, ces sondages ne sont pas réalisés auprès des personnes en fin de vie ! Par ailleurs, face à ces résultats a priori sans appel, n’y aurait-il pas une certaine méconnaissance des possibilités offertes par la loi Claeys-Leonetti ? Combien de patients ont rédigé leurs directives anticipées ? Même proposées et expliquées, une grande majorité d’entre eux ne souhaitent pas les écrire ! Connaissent-ils vraiment ce que les soins palliatifs peuvent leur apporter ? Les recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de santé n’ont que trois ans : sont-elles bien connues, proposées, appliquées ? Avant toute chose, ne serait-il pas nécessaire de donner un peu de temps au temps pour une bonne évaluation de l’application de la loi actuelle ? L’urgence est certainement de communiquer sur les directives anticipées, comment et pourquoi les rédiger ; de développer les soins palliatifs, qu’ils soient équitablement répartis sur tout le territoire et connus des patients !
D’ores et déjà, la majorité de nos patients meurent dans une dignité, qu'une meilleure application du cadre législatif actuel ne pourrait que renforcer. Mais il existe en effet des situations, pour certaines souvent largement médiatisées, qui doivent nous interroger. Euthanasie ou suicide assisté sont des évolutions sociétales importantes. Pouvons-nous réellement faire l’économie d’un débat public serein, apaisé, éclairé et sans fantasmes ? Sans faire offense aux législateurs, voter en quelques heures une telle loi lors d’une niche parlementaire en réduisant le débat au dépôt de 3 000 amendements ne correspond certainement pas aux véritables enjeux de la fin de vie.
Actuellement, les Français désirant une euthanasie se rendent à l’étranger. Mais face à la souffrance de leurs patients, de nombreux confrères pratiqueraient des euthanasies clandestines, même parfois à l’insu de ces derniers ou de leurs proches. Est-ce que la dépénalisation de l’euthanasie réduirait ces pratiques ? En Belgique, la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE) révèle que cet objectif de transparence est loin d’être atteint : en 2007, la moitié des euthanasies n’auraient pas été déclarées ! La CFCEE souligne aussi qu’un nombre important d’injections létales se feraient sans véritable consentement de la personne, surtout pour le grand âge – la démence ou le vieillissement étant considérés comme des affections graves ! Certaines euthanasies seraient aussi pratiquées pour des douleurs psychiques ne mettant nullement en jeu le pronostic vital à court terme !
Pour argumenter son projet, Olivier Falorni s’appuie également sur les résultats de nombreux sondages montrant qu’environ 90 % des Français seraient favorables à la légalisation de l’euthanasie. Mais est-ce que ceci reflète pour autant le comportement de ces mêmes personnes lorsque le moment sera venu de décider ? Comme le souligne le Comité consultatif national d’éthique, ces sondages ne sont pas réalisés auprès des personnes en fin de vie ! Par ailleurs, face à ces résultats a priori sans appel, n’y aurait-il pas une certaine méconnaissance des possibilités offertes par la loi Claeys-Leonetti ? Combien de patients ont rédigé leurs directives anticipées ? Même proposées et expliquées, une grande majorité d’entre eux ne souhaitent pas les écrire ! Connaissent-ils vraiment ce que les soins palliatifs peuvent leur apporter ? Les recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de santé n’ont que trois ans : sont-elles bien connues, proposées, appliquées ? Avant toute chose, ne serait-il pas nécessaire de donner un peu de temps au temps pour une bonne évaluation de l’application de la loi actuelle ? L’urgence est certainement de communiquer sur les directives anticipées, comment et pourquoi les rédiger ; de développer les soins palliatifs, qu’ils soient équitablement répartis sur tout le territoire et connus des patients !
D’ores et déjà, la majorité de nos patients meurent dans une dignité, qu'une meilleure application du cadre législatif actuel ne pourrait que renforcer. Mais il existe en effet des situations, pour certaines souvent largement médiatisées, qui doivent nous interroger. Euthanasie ou suicide assisté sont des évolutions sociétales importantes. Pouvons-nous réellement faire l’économie d’un débat public serein, apaisé, éclairé et sans fantasmes ? Sans faire offense aux législateurs, voter en quelques heures une telle loi lors d’une niche parlementaire en réduisant le débat au dépôt de 3 000 amendements ne correspond certainement pas aux véritables enjeux de la fin de vie.