Cette étude, publiée dans Nature Communications, a suivi près de 1 000 personnes. Elle est la première à retracer l’histoire précise de plusieurs symptômes associés au Covid long sur une durée de 1 an.
Les 986 participants (âge médian : 48 ans ; 58 % d’hommes ; 35 % avec au moins une comorbidité ; 92 % non hospitalisés pour Covid) étaient issus de la cohorte multicentrique Compare Covid long constituée par l’AP-HP. Les critères d’inclusion étaient : avoir eu une infection par le SARS-CoV-2 confirmée par PCR et des symptômes ayant persisté au moins pendant 2 mois. Leur inclusion dans l’étude pouvait se faire à tout moment (phase aiguë de l’infection ou quelques mois après). Le suivi était arrêté en octobre 2021 (dernières inclusions en août 2021) ; la durée médiane de suivi était de 181 jours.
Les participants devaient renseigner dans un questionnaire en ligne, tous les 60 jours, la présence de 53 symptômes, allant de la dysgueusie aux symptômes cardiovasculaires, gastro-intestinaux et neuropsychologiques, en passant par les douleurs musculaires et articulaires.
Première découverte : 12 mois après l’infection, la probabilité d’avoir toujours au moins un symptôme persistant était de 85 % ! Mais, deuxième constat, tous les symptômes n’avaient pas la même évolution (tableau ci-contre). Les chercheurs ont en effet décelé trois tendances distinctes.
- Pour la moitié des symptômes, la prévalence diminuait au cours du temps : il s’agissait surtout de signes tels que la toux, les troubles de l’odorat, la perte d’appétit – marquant, d’après les auteurs, une rémission de la phase aiguë de l’infection (pouvant durer jusqu’à 6 mois).
- Pour une dizaine des symptômes, dont vision floue, perte de cheveux, douleurs articulaires et musculaires, la prévalence augmentait au cours du temps.
- Les autres symptômes restaient stables dans le temps : perte de poids, problèmes circulatoires, hypoesthésie, photophobie, voire dyspnée…
Les auteurs soulignent que ces résultats ont ainsi permis de discerner, parmi l’ensemble des manifestations couramment associées au Covid long, celles qui pourraient être davantage liées aux séquelles de la maladie aiguë (dont la prévalence diminue au cours du temps) de celles liées à d’autres mécanismes (immunologiques, psychosomatiques ou encore inexpliqués).
Néanmoins, l’étude n’avait pas de groupe contrôle, ce qui rend difficile l’interprétation d’un lien de cause à effet entre l’infection et certains des signes étudiés – d’autant plus que la plupart sont non-spécifiques et pourraient être liés aux comorbidités, pathologies intercurrentes, voire aux conséquences d’autres aspects de la vie pandémique. Par ailleurs, l’étude, ayant recruté des volontaires, surestime peut-être la prévalence du Covid long.
À ce titre, d’autres travaux sont encore en cours au sein de cette cohorte Compare Covid long, pour identifier des marqueurs (cliniques, biologiques) de l’évolution des patients : toute personne souffrant encore d’un Covid long (que l’infection par le SARS-CoV-2 ait été confirmée ou pas) peut encore intégrer la cohorte via le site https://compare.aphp.fr.
Tran VT, Porcher R, Pane I, et al. Course of post COVID-19 symptoms over time in the ComPaRe long COVID prospective e-cohort. Nature Com,5 avril 2022.