Le développement psychosomatique et neurologique de l’enfant suit une trajectoire non linéaire dont l’orientation initiale, définie par l’installation du lien mère-enfant et parents-enfant dès la naissance, est suivie de nombreux virages liés à l’environnement, bénéfiques (virages positifs ou résilients) ou néfastes (virages négatifs ou fragilisants). Dès la naissance, la qualité de la relation parent-enfant influence ce développement psychosomatique ; des travaux en neurobiologie suggèrent l’existence d’une relation étroite entre l’adaptation à la maternalité et les systèmes de réponse au stress : ocytocine, hormone de l’attachement, et corticostéroïdes, hormones du stress. Sur le plan de l’attachement, une dualité des corticostéroïdes a été suggérée. En effet, les taux de stéroïdes semblent s’élever lors d’un contact affectif positif, sauf s’ils sont déjà élevés du fait d’un stress antérieur. Cette dualité serait un facteur majeur d’adaptation à la parentalité et de difficultés d’attachement en cas de stress. Chez l’enfant, la trajectoire développementale qui suit la naissance comporte des étapes de vulnérabilité qui lui permettent d’exprimer ses potentialités. Des interventions socio-éducatives précoces (éducation des familles à la parentalité, visites et soutien à domicile, facilitation de l’accès aux soins) permettent de créer les conditions favorables pour que les enfants puissent exprimer leur potentiel, évitant ainsi une accumulation de retards qui impacteraient leur devenir et les conduiraient à l’échec scolaire et sociétal, en perturbant leur trajectoire neurodéveloppementale.

Jean-Michel Hascoët, université de Lorraine, CHRU Nancy, membre correspondant de l’Académie nationale de médecine

27 avril 2021