L’évaluation du risque suicidaire est un processus complexe qui nécessite de prendre en considération une multitude de facteurs. L’ambivalence des patients suicidaires peut aussi rendre cette évaluation difficile. Il n’existe pas de guide de décision validé pour le dépistage des idées suicidaires en soins primaires. Le repérage des intentions suicidaires est difficile en pratique courante. On estime que les patients à risque d’un passage à l’acte imminent ne sont repérés que dans 6 % des cas par le médecin généraliste et 11,8 % par le psychiatre.1 Cela montre bien la nécessité d’apporter des outils pour améliorer la capacité des cliniciens à évaluer ce risque.
Il existe cependant des échelles permettant d’évaluer le risque suicidaire. Elles ont pour objectif de faciliter l’évaluation clinique, incluant : le Patient Safety Screener-5 (PSS-5), l’échelle de probabilité du suicide (SPS), l’échelle SAD Persons et sa version modifiée (Modified SAD Persons Scale [MSPS]), l’échelle Columbia de la gravité du risque de suicide (C-SSRS), l’échelle Suicide Assessment Five-Step Evaluation and Triage (SAFE-T), l’échelle d’idéation suicidaire de Beck (SSI), le module risque suicidaire du Mini-International Neuropsychiatric Interview (MINI)et le dépisteur P4 (P4 screener).2
Les échelles sont conçues pour quantifier le risque suicidaire et permettent au clinicien de le classer comme étant faible, moyen ou élevé. Cependant, une revue de la littérature scientifique de 2016 retrouve une faible valeur prédictive des échelles et outils examinés ; elle met en outre en garde contre la confiance excessive que leur utilisation pourrait entraîner.
Il n’existe en effet pas d’outil pouvant prévoir avec exactitude le risque suicidaire. La principale difficulté dans l’élaboration de ces outils est de savoir dans quelle mesure la présence ou l’absence de facteur de risque permet de prévoir le suicide. De plus, ces éléments sont propres à chaque individu et s’inscrivent dans un vécu et une histoire personnelle. Ainsi l’évaluation du risque suicidaire demande une connaissance approfondie de la personne, afin de cerner ses difficultés actuelles, ses besoins, ses facteurs de stress et ses appuis… Du fait de ces éléments et de la relative rareté du phénomène, il est difficile d’élaborer des outils avec des propriétés psychométriques satisfaisantes.
La liste ci-dessous donne des exemples de questions à se poser afin de choisir un outil d’évaluation et d’en évaluer la pertinence :3
– Combien de temps avez-vous pour effectuer l’évaluation ?
– Combien de temps faut-il pour effectuer l’évaluation ?
– L’outil d’évaluation du risque est-il facile à noter ?
– L’outil d’évaluation du risque convient-il à la population que vous soignez ?
– Les scores obtenus sont-ils significatifs ?
– Avez-vous besoin de l’outil pour faciliter le dépistage, l’évaluation globale, etc. ?
– La personne susceptible d’être à risque de suicide peut-elle remplir seule l’outil d’évaluation du risque ?
– L’outil d’évaluation du risque mesure-t-il les aspects que vous avez besoin d’approfondir ?
Il faut aussi rappeler que les critères recherchés pour un outil d’évaluation du risque suicidaire sont notamment la rapidité et la simplicité d’exécution. Cela permet une facilité de passation et une bonne reproductibilité de l’outil. Cependant, il faut être vigilant et rester centré sur la personne lors de l’évaluation afin d’encourager un véritable dialogue. Il convient donc d’utiliser ces outils après un temps introductif, après que la relation de confiance a pu s’établir. L’écoute et l’empathie font partie du processus thérapeutique.
Ces échelles peuvent servir à éclairer le jugement clinique et non pas à le remplacer. Il est recommandé de ne pas employer un seul outil ou une seule méthode dans l’évaluation du risque suicidaire. Il s’agit donc d’outils complémentaires à l’évaluation clinique. Des études ont montré que les scores obtenus par la passation d’échelles étaient parfois moins utiles aux cliniciens que les sujets abordés par les questions mêmes de l’outil.3 Les échelles aident donc à l’évaluation et à la décision, qui restent cliniques.
L’intérêt de ces échelles est de permettre une amélioration globale de la qualité du processus d’évaluation du risque suicidaire. Elles permettent de recueillir des renseignements complémentaires à ceux obtenus durant l’entretien, soit en amenant des sujets différents, soit en offrant une façon différente d’exprimer les émotions et la souffrance chez les patients qui ont des difficultés à exprimer leurs sentiments (notamment les adolescents avec le test TSTS-Cafard4). Elles permettent aussi de documenter l’évaluation et de comparer le risque suicidaire à des périodes différentes. Enfin, elles permettent d’uniformiser le processus d’évaluation des risques.
Ainsi l’utilisation d’échelles ou d’outils d’évaluation de la crise suicidaire (cités auparavant) doit servir à soutenir l’évaluation clinique et non pas à s’y substituer. La mesure des idées de suicide repose donc sur l'entretien clinique guidé par la triple évaluation du potentiel suicidaire, à savoir des facteurs de risque (et des facteurs de protection), des facteurs d'urgence et des facteurs de dangerosité.
Il existe cependant des échelles permettant d’évaluer le risque suicidaire. Elles ont pour objectif de faciliter l’évaluation clinique, incluant : le Patient Safety Screener-5 (PSS-5), l’échelle de probabilité du suicide (SPS), l’échelle SAD Persons et sa version modifiée (Modified SAD Persons Scale [MSPS]), l’échelle Columbia de la gravité du risque de suicide (C-SSRS), l’échelle Suicide Assessment Five-Step Evaluation and Triage (SAFE-T), l’échelle d’idéation suicidaire de Beck (SSI), le module risque suicidaire du Mini-International Neuropsychiatric Interview (MINI)et le dépisteur P4 (P4 screener).2
Les échelles sont conçues pour quantifier le risque suicidaire et permettent au clinicien de le classer comme étant faible, moyen ou élevé. Cependant, une revue de la littérature scientifique de 2016 retrouve une faible valeur prédictive des échelles et outils examinés ; elle met en outre en garde contre la confiance excessive que leur utilisation pourrait entraîner.
Il n’existe en effet pas d’outil pouvant prévoir avec exactitude le risque suicidaire. La principale difficulté dans l’élaboration de ces outils est de savoir dans quelle mesure la présence ou l’absence de facteur de risque permet de prévoir le suicide. De plus, ces éléments sont propres à chaque individu et s’inscrivent dans un vécu et une histoire personnelle. Ainsi l’évaluation du risque suicidaire demande une connaissance approfondie de la personne, afin de cerner ses difficultés actuelles, ses besoins, ses facteurs de stress et ses appuis… Du fait de ces éléments et de la relative rareté du phénomène, il est difficile d’élaborer des outils avec des propriétés psychométriques satisfaisantes.
La liste ci-dessous donne des exemples de questions à se poser afin de choisir un outil d’évaluation et d’en évaluer la pertinence :3
– Combien de temps avez-vous pour effectuer l’évaluation ?
– Combien de temps faut-il pour effectuer l’évaluation ?
– L’outil d’évaluation du risque est-il facile à noter ?
– L’outil d’évaluation du risque convient-il à la population que vous soignez ?
– Les scores obtenus sont-ils significatifs ?
– Avez-vous besoin de l’outil pour faciliter le dépistage, l’évaluation globale, etc. ?
– La personne susceptible d’être à risque de suicide peut-elle remplir seule l’outil d’évaluation du risque ?
– L’outil d’évaluation du risque mesure-t-il les aspects que vous avez besoin d’approfondir ?
Il faut aussi rappeler que les critères recherchés pour un outil d’évaluation du risque suicidaire sont notamment la rapidité et la simplicité d’exécution. Cela permet une facilité de passation et une bonne reproductibilité de l’outil. Cependant, il faut être vigilant et rester centré sur la personne lors de l’évaluation afin d’encourager un véritable dialogue. Il convient donc d’utiliser ces outils après un temps introductif, après que la relation de confiance a pu s’établir. L’écoute et l’empathie font partie du processus thérapeutique.
Ces échelles peuvent servir à éclairer le jugement clinique et non pas à le remplacer. Il est recommandé de ne pas employer un seul outil ou une seule méthode dans l’évaluation du risque suicidaire. Il s’agit donc d’outils complémentaires à l’évaluation clinique. Des études ont montré que les scores obtenus par la passation d’échelles étaient parfois moins utiles aux cliniciens que les sujets abordés par les questions mêmes de l’outil.3 Les échelles aident donc à l’évaluation et à la décision, qui restent cliniques.
L’intérêt de ces échelles est de permettre une amélioration globale de la qualité du processus d’évaluation du risque suicidaire. Elles permettent de recueillir des renseignements complémentaires à ceux obtenus durant l’entretien, soit en amenant des sujets différents, soit en offrant une façon différente d’exprimer les émotions et la souffrance chez les patients qui ont des difficultés à exprimer leurs sentiments (notamment les adolescents avec le test TSTS-Cafard4). Elles permettent aussi de documenter l’évaluation et de comparer le risque suicidaire à des périodes différentes. Enfin, elles permettent d’uniformiser le processus d’évaluation des risques.
Ainsi l’utilisation d’échelles ou d’outils d’évaluation de la crise suicidaire (cités auparavant) doit servir à soutenir l’évaluation clinique et non pas à s’y substituer. La mesure des idées de suicide repose donc sur l'entretien clinique guidé par la triple évaluation du potentiel suicidaire, à savoir des facteurs de risque (et des facteurs de protection), des facteurs d'urgence et des facteurs de dangerosité.
Références
1. Ducher JL, Terra JL. L’échelle d’évaluation du risque suicidaire RSD possède-t-elle une valeur prédictive ? Encéphale 2008;32:738-45.
2. Blanchet M. Revue de la littérature : les outils cliniques d’évaluation du risque suicidaire chez l’adulte en soins primaires. Université occidentale de Bretagne, mai 2019.
3. Ontario Hospital Association (OHA). Guide d’évaluation du risque de suicide. http://bit.ly/2rARuPU
4. Binder P, Chabaud F. Dépister les conduites suicidaires chez les adolescents. Audit clinique auprès de 40 généralistes. Rev Prat 2007;57:1193-99.
2. Blanchet M. Revue de la littérature : les outils cliniques d’évaluation du risque suicidaire chez l’adulte en soins primaires. Université occidentale de Bretagne, mai 2019.
3. Ontario Hospital Association (OHA). Guide d’évaluation du risque de suicide. http://bit.ly/2rARuPU
4. Binder P, Chabaud F. Dépister les conduites suicidaires chez les adolescents. Audit clinique auprès de 40 généralistes. Rev Prat 2007;57:1193-99.