Bronchiolite : moins d’enfants de < 3 mois hospitalisés par rapport à 2022 - 2023
Achevée depuis mi-janvier en métropole (aujourd’hui, seule Mayotte reste en phase épidémique), l’épidémie de bronchiolite a été moins sévère au cours de la saison 2023 - 2024 qu’en 2022 - 2023. En particulier, une nette diminution des passages aux urgence des bébés de moins de 3 mois a été constatée (v. fig. 1). « Une saturation des urgences et de la pédiatrie [a été] observée ponctuellement mais [elle a été] beaucoup moins généralisée et prolongée que l’année dernière », a précisé la Pr Christèle Gras-le Guen (cheffe du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques du CHU de Nantes).
La durée de l’épidémie, de 12 semaines, a été comparable à celles des saisons prises comme référence (2010 - 2020). Le pic a été précoce (semaine 48 - 2023) en comparaison aux saisons de référence, mais il a eu lieu au même moment que celui des deux saisons précédentes.
La différence d’impact observée entre les nourrissons < 3 mois et ceux de 3 - 11 mois (fig. 1) pourrait être un signe indirect de l’efficacité de la toute première campagne d’administration du nirsévimab (Beyfortus) dans les maternités, qui a débuté le 15 septembre 2023 – même si, faute de données, cela ne peut pas encore être affirmé avec certitude.
Près de 250 000 enfants ont été immunisés dans les maternités avec cet anticorps monoclonal au cours des quatre mois de la campagne. Le taux d’adhésion des parents, estimé entre 80 % et 85 %, a été « une surprise extrêmement positive […] dans un pays que l’on sait un peu vaccino-sceptique », selon la Pr Gras-le Guen, qui a également affirmé – dans l’attente d’une évaluation officielle – que l’efficacité du nirsévimab dans ces conditions de vie réelle pourrait se situer entre 70 à 80 %, soit un chiffre proche de ceux constatés dans les essais randomisés (efficacité de 75 % contre l’infection symptomatique dans l’essai Melody et de 83 % contre l’hospitalisation dans l’essai Harmonie).
La HAS donnera une évaluation en juin sur le service médical rendu du Beyfortus, a précisé le Dr Grégory Emery, directeur général de la santé, mais les autorités ont confirmé être déjà en discussion avec le laboratoire Sanofi sur la commande de doses pour l’automne-hiver 2024 - 2025. Un chiffre préliminaire de 600 000 doses a été avancé. La HAS devrait également se prononcer cette année sur un vaccin maternel destiné à protéger les futurs nourrissons et sur un vaccin pour les seniors.
Grippe et Covid : les couvertures vaccinales ne sont pas optimales
Si l’épidémie de grippe est toujours en cours, la circulation des virus grippaux est en baisse depuis début février (semaine 5) – elle reste toutefois active en semaine 8 – et l’ensemble des indicateurs en ville et à l’hôpital diminuent fortement. Les souches prédominantes sont les virus de type A(H1N1)pdm09, proches de la souche présente dans le vaccin. La couverture vaccinale des personnes à risque a diminué de 4,1 points de pourcentage par rapport à la saison précédente : 45,9 % contre 50 % en 2022 - 23 (chiffres au 31 décembre 2023) ; plus précisément, elle était de 52,7 % chez les 65 ans et plus (contre 54,7 %) et de 24,5 % chez les moins de 65 ans à risque (contre 30 %).
Le SARS-CoV- 2, quant à lui, circule à des niveaux faibles depuis le début de l’année ; le pic épidémique a eu lieu en semaine 50 - 2023. Le variant dominant actuellement est JN.1, en France et au niveau mondial. La couverture vaccinale de la campagne de rappel, débutée le 2 octobre 2023, a été de 36,8 % chez les personnes de 80 ans et plus, 35,9 % chez les 75 - 79 ans, 27,4 % chez les 70 - 74 ans et 21,6 % chez les 65 - 69 ans. Elle a oscillé entre 10 % et 12 % chez les professionnels de santé (11 % chez les libéraux). Près de 30 % des vaccins anti-Covid administrés aux personnes âgées de 65 ans et plus l’ont été en même temps que le vaccin contre la grippe.
Une nouvelle campagne de rappel vaccinal anti-Covid pour le printemps a été annoncé par le directeur général de la santé. Elle se déroulera entre le 15 avril et le 16 juin et sera destinée en priorité aux personnes les plus à risque : sujets immunodéprimés quel que soit leur âge, résidents en Ehpad quel que soit leur âge et personnes de 80 ans et plus (mais le vaccin reste gratuit pour toute autre personne souhaitant un rappel, à condition de respecter un délai de 3 mois après la dernière injection ou infection). Pour cette campagne de printemps, les vaccins utilisés seront : en première intention, le vaccin à ARNm adapté variant omicron XBB.1.5 de Pfizer-BioNTech et, en deuxième intention, celui de Novavax, à protéine recombinante.
Épidémie d’infections à M. pneumoniae en voie d’amélioration
Une hausse inhabituelle des infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae a été signalée fin 2023, après 3 années de circulation à des niveaux bas de cette bactérie. Il y a eu une augmentation très marquée du recours aux soins pour pneumopathie chez les enfants (5 - 14 ans) et les jeunes adultes (15 - 44 ans) entre fin octobre 2023 (S43) et fin décembre (S52), en ville comme à l’hôpital (v. fig. 2).
À présent, l’épidémie est en voie d’amélioration, même si les indicateurs de pneumopathies restent supérieurs à ceux des années précédentes, notamment chez les enfants et adultes jeunes.
Le taux de résistance de ces bactéries aux macrolides a été évalué à moins de 2 % : au 20 février, 11 souches résistantes ont été décelées par PCR parmi les 592 prélèvements amplifiés entre les semaines 27 - 2023 et 06 - 2024, soit 1,86 %.
Front infectieux : bronchiolite, Covid, GEA, grippe. Rev Prat (en ligne) 28 février 2024.