Depuis bientôt un an, la présentation d’un test négatif pour le SARS-CoV-2 n’est plus exigée de façon systématique à l’entrée à l’hôpital, mais les effets de cette mesure sur les infections Covid nosocomiales n’ont pas été bien évalués. Les résultats d’une étude britannique parue dans le JAMA ne sont pas très rassurants…

Le bénéfice de réaliser systématiquement des tests Covid à l’admission à l’hôpital a souvent été remis en question, en raison du coût de cette mesure, de potentiels retards de prise en charge qu’elle entraîne et des données lacunaires sur son efficacité réelle pour réduire les infections nosocomiales. En France, le dépistage n’est plus exigé de façon systématique à l’entrée à l’hôpital, mais peut être proposé avant une intervention programmée, sur décision de chaque hôpital (sans politique nationale). Toutefois, les effets de la fin du dépistage systématique sur les taux d’infections nosocomiales n’ont pas été bien évalués.

Des chercheurs britanniques ont donc voulu examiner l’association entre la fin de la politique de tests Covid systématiques à l’admission à l’hôpital et l’incidence des infections nosocomiales par le SARS-CoV-2 en Angleterre et en Écosse. Les résultats de leur étude sont parus récemment dans le JAMA.

Grâce à des données provenant de la Sécurité sociale de ces deux pays (Public Health Scotland et le National Health Service England), les auteurs ont estimé l’incidence hebdomadaire des infections nosocomiales – définies comme l’occurrence d’un test PCR positif pour le SARS-CoV-2 plus de 7 jours après l’admission à l’hôpital – sur trois périodes entre juillet 2021 et décembre 2022 :

  • prédominance du variant delta, avec politique de tests systématiques à l’admission : juillet 2021 à décembre 2021 ;
  • prédominance du variant omicron, avec politique de tests systématiques à l’admission : décembre 2021 à août 2022 pour l’Angleterre et à septembre 2022 pour l’Écosse (dates respectives de fin de la politique systématique des tests dans chacun de ces pays) ;
  • prédominance du variant omicron, sans tests systématiques à l’admission : respectivement août et septembre 2022 à décembre 2022.

Étant donné que les cas d’infections nosocomiales sont étroitement liés à la prévalence des infections communautaires, ils ont donc calculé les taux d’infections nosocomiales pour 1 000 infections communautaires (estimées grâce aux données de l’UK Office for National Statistics COVID-19 Infection Survey), ce qui a permis d’estimer les augmentations relatives des infections survenues à l’hôpital.

Résultats : sur la période d’étude, le taux d’incidence hebdomadaire moyen des infections nosocomiales pour 1 000 infections communautaires a augmenté, passant de 0,78 durant la période delta à 0,99 durant la période omicron puis à 1,64 lors de l’arrêt de la politique de tests systématiques, en Écosse ; pour l’Angleterre, ces chiffres étaient respectivement de 0,64, 1,00 et 1,39. Au total, cela représentait une augmentation significative, de respectivement 41 % et 26 % des infections nosocomiales après l’arrêt des tests à l’admission.

Les auteurs recommandent donc la prudence avant d’arrêter totalement les tests Covid avant une admission à l’hôpital…

Pour en savoir plus
Pak TR, Rhee C, Wang R, et al. Discontinuation of Universal Admission Testing for SARS-CoV-2 and Hospital-Onset COVID-19 Infections in England and Scotland.  JAMA Intern Med 5 juin 2023.