Sous l’acronyme FIRE (Food-induced Immediate Response of the Esophagus) se cache une entité clinique de description récente. De quoi s’agit-il ? Quand la suspecter ?

Quels symptômes ?

À ne pas confondre avec le Febrile Infection-Related Epilepsy Syndrome (FIRES), le FIRE syndrome est une nouvelle entité clinique spécifique décrite en 2020. Il survient, selon les études, chez 5 à 20 - 40 % des patients souffrant d’œsophagite à éosinophiles, mais son mécanisme exact n’est pas encore compris. Il peut être dans un premier temps confondu à tort avec un syndrome oral atypique par allergie croisée pollens-aliments IgE-médiée (SAPA) ou une crise d’asthme ne cédant pas à la prise de ß2 -mimétiques.

Il s’agit de l’apparition très rapide (en moins de 5 minutes) après l’ingestion d’un aliment – le plus souvent fruits ou légumes frais – d’une sensation désagréable en région sous glottique ou rétro-sternale sans dysphagie ni blocage alimentaire. Il peut s’agir d’une impression d’oppression thoracique, de brûlure ou d’une gêne médio-thoracique, parfois associée à de l’anxiété, qui cède en moins de 30 à 120 minutes. Sur l’échelle visuelle analogique, la douleur est estimée à 7/10. Ce phénomène est récurrent : il s’observe à chaque consommation du même aliment. À la différence du SAPA IgE-médié, il n’y aucune notion de prurit buccal ni d’œdème labial, péribuccal ou pharyngé. Les patients sont capables lors de l’interrogatoire de différencier les symptômes ressentis comparés à d’autres manifestations comme le RGO ou la dysphagie présente lors de l’œsophagite à éosinophiles classique.

Quels patients ?

Ce nouveau syndrome serait plus fréquent chez les patients atopiques, hommes, jeunes adultes, multiallergiques ayant développé une œsophagite à éosinophiles. Les aliments le plus souvent incriminés selon la publication initiale de Biedermann sont : les fruits (25,3 %), le vin (23,3 %), les légumes (21,1 %), les noix (11,6 %), le miel (5,3 %), le fromage (4,2 %), le poisson (4,2 %), la bière (4,2 %) et le vinaigre (3,2 %). Viennent ensuite la moutarde, les châtaignes, la viande, le chocolat, le riz et le pain. Ces aliments qui déclenchent le FIRE syndrome peuvent être différents de ceux qui sont à l’origine de l’œsophagite non IgE-médiée chez une même personne.

Des questions en suspens

En raison du caractère récent de cette découverte et de ses particularités, de nombreuses interrogations restent en suspens et trouveront certainement une réponse dans les années à venir.

Afin de cibler ces nouveaux patients, le service de pneumo-allergologie des hôpitaux universitaires de Strasbourg a établi un questionnaire spécifique pour dépister les patients concernés. Il se fonde sur la publication de Biedermann et reprend les différents symptômes cités précédemment.

La découverte d’un FIRE syndrome peut déboucher sur la recherche d’une œsophagite à éosinophiles passée jusqu’alors inaperçue.

Références
Biedermann L, Holbreich M, Atkins D, et al. Food-induced immediate response of the esophagus-A newly identified syndrome in patients with eosinophilic esophagitis.  Allergy 2021;76(1):339-47.
Koken G, Ertoy Karagol HI, Polat Terece S, et al. Food-induced immediate response of the esophagus in pediatric eosinophilic esophagitis.  Allergy 2023;78(12):3235-40.
Holbreich M, Straumann A. Features of food-induced immediate response in the esophagus (FIRE) in a series of adult patients with eosinophilic esophagitis.  Allergy 2021;76(9):2893-5.
C. Hurson, P. Dellis, A. Piotin, et al. Une nouvelle présentation clinique d’œsophagite à éosinophiles.  Rev Fr Allergol 2022;62(8):723-5.
Gratacós Gómez AR, Palacios Cañas A, Meneses Sotomayor J, et al. Eosinophilic esophagitis and immunoglobulin E-mediated food allergy.  Annals Ac Med Singapore 2023;52(5):273-4.

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