La Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) alerte sur les risques d’abus et dépendances liés aux gabapentinoïdes – gabapentine (Neurontin et génériques) et prégabaline (Lyrica et génériques) – et rappelle les bonnes pratiques de prescription.

Ces spécialités sont indiquées dans le traitement de l’épilepsie et des douleurs neuropathiques ; la prégabaline l’est également dans le trouble anxieux généralisé.

Leur utilisation dans la prise en charge de la douleur émanait d’une volonté de réduire le recours aux antalgiques opioïdes. Mais leur utilisation, en très forte augmentation en particulier dans cette indication, dépasse de fait la prévalence de ces troubles, faisant craindre, selon la SFPT, qu’ils soient utilisés hors AMM dans des indications où leur bénéfice n’est pas démontré.

De plus, le risque d’abus/mésusage et de dépendance avec ces molécules, auparavant considéré faible, est désormais bien établis par des études récentes. En France, l’abus de prégabaline est en augmentation ces dernières années, si bien que l’ANSM a établi en 2021 de nouvelles conditions de prescription pour cette spécialité, qui est depuis soumise en partie à la réglementation des stupéfiants (ordonnance sécurisée obligatoire), avec une durée de prescription limitée à 6 mois.

En pratique, les gabapentinoïdes sont souvent associés à d’autres psychotropes sédatifs tels que les opioïdes ou les benzodiazépines, ce qui augmente le risque d’effets indésirables.

Les principales complications liées à l’abus/au mésusage de la prégabaline sont : coma, troubles de la conscience, désorientation, confusion. Par ailleurs, la prégabaline pourrait diminuer le seuil de tolérance aux opioïdes, ce qui entraînerait un risque augmenté de dépression respiratoire et de décès liés à ces substances. Des cas d’insuffisance respiratoire, de coma et de décès ont été rapportés chez des patients traités par prégabaline et opioïdes et/ou d’autres médicaments dépresseurs du système nerveux central.

La SFPT rappelle ainsi, devant toute initiation ou renouvellement d’un traitement par gabapentine ou prégabaline :

  • la nécessité d’évaluer la balance bénéfice/risque compte tenu des bénéfices modestes en particulier dans la prise en charge de la douleur et des risques avérés ;
  • que les associations médicamenteuses, en particulier avec des médicaments sédatifs et notamment avec les opioïdes, doivent faire l’objet d’une vigilance particulière (l’ANSM recommandait également que toute prescription concomitante avec des opioïdes soit effectuée avec précaution).

 

Pour toute question ou signalement d’effet indésirable, les praticiens peuvent contacter votre Centre régional de pharmacovigilance.

 

Pour toute question ou signalement d’abus ou de trouble de l’usage et/ou leurs complications : Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance – Addictovigilance