L'association France Transplant (sortie brusquement de son silence), forte d’une étude auprès des transplanteurs de reins, s’est alarmée d’une baisse des prélèvements d’organes et donc du nombre de greffes en 2018-2019, mettant en cause l’insuffisance de réflexion sur l’organisation de cette activité mais aussi de l’ensemble de la filière. Selon Jean-Louis Touraine, son président, le point fondamental est la non-application du consentement présumé, soit le prélèvement automatique en cas de non-refus officiel exprimé de son vivant par le sujet en état de mort encéphalique. Et ce, malgré l’amendement durcissant cette loi dont il est l’auteur. De fait, le taux de refus est stable autour de 30,5 % malgré une très légère et transitoire baisse de 0,5 % en 2017.
Piquée au vif par ces déclarations, l’Agence de la biomédecine a intitulé sa conférence de bilan : « L’activité de greffe d’organes repart à la hausse en 2019 ». Difficile de justifier ce titre, non pas pour 2019 qui, comparée à 2018, a gagné une centaine de greffes, mais sur le long terme. En effet, par rapport à 2017, le déficit est d’environ 200. Sans oublier la progression constante du nombre de transplantations depuis plus de 10 ans. Comment dans ces conditions atteindre les objectifs du plan 2017-2021, soit 7 800 greffes quand nous en sommes à moins de 6 000 ?
Point positif : la hausse très importante des donneurs dits Maastricht III (après arrêt de soins en réanimation) dont la qualité des organes est remarquable. Deux mauvaises nouvelles : la baisse des prélèvements sur sujets en mort encéphalique sans réelle explication et la stagnation des oppositions au don. Encore plus inquiétant : la diminution des donneurs vivants de rein, alors que ce type de greffe a d’excellents résultats…
L’association de malades Renaloo, connue pour ses prises de position en faveur des insuffisants rénaux, déplore le bilan 2019 – notamment en termes de donneurs vivants – et pointe l’exemple de l’Espagne, leader mondial avec 48,9 donneurs prélevés et 72,8 greffes rénales par million d’habitants (ces taux sont en France de 27,9 et 52, respectivement).
Dans ce pays, le nombre de prélèvements ne cesse d’augmenter alors que les maladies cardiovasculaires y diminuent comme en France.
Comment expliquer ce succès ? « Tous les établissements hospitaliers comportent des équipes de prélèvement, avec des médecins et des infirmiers dédiés, formés et motivés. Le recensement des donneurs potentiels a été renforcé avec un repérage précoce ; le recours à des organes provenant de donneurs à critères élargis a été facilité ; le prélèvement sur donneurs décédés après arrêt cardiaque a été développé. Au-delà de la bonne organisation, le modèle espagnol repose aussi sur des adaptations continues du système aux changements, essentielles à sa réussite. »).
En France 23 828 patients sont en attente de greffe, et seulement 5 900 ont été pratiquées en 2019.
Si ces constats importants doivent être clairs et diffusés en toute transparence, la guerre de chiffres n’a aucun intérêt, elle n’est que perte d’énergie et donne une image négative. Ces alertes sur la persistance ou l’aggravation du manque de greffons doivent amener toutes les parties prenantes (professionnels de santé, institutions sanitaires et associations de malades, sur le même plan) à réunir régulièrement des groupes de travail, pour analyser tous les freins à l’œuvre et essayer ensemble de trouver des solutions. C’est le prix de la confiance et d’un avenir meilleur pour les patient(e)s en attente de greffe.
Piquée au vif par ces déclarations, l’Agence de la biomédecine a intitulé sa conférence de bilan : « L’activité de greffe d’organes repart à la hausse en 2019 ». Difficile de justifier ce titre, non pas pour 2019 qui, comparée à 2018, a gagné une centaine de greffes, mais sur le long terme. En effet, par rapport à 2017, le déficit est d’environ 200. Sans oublier la progression constante du nombre de transplantations depuis plus de 10 ans. Comment dans ces conditions atteindre les objectifs du plan 2017-2021, soit 7 800 greffes quand nous en sommes à moins de 6 000 ?
Point positif : la hausse très importante des donneurs dits Maastricht III (après arrêt de soins en réanimation) dont la qualité des organes est remarquable. Deux mauvaises nouvelles : la baisse des prélèvements sur sujets en mort encéphalique sans réelle explication et la stagnation des oppositions au don. Encore plus inquiétant : la diminution des donneurs vivants de rein, alors que ce type de greffe a d’excellents résultats…
L’association de malades Renaloo, connue pour ses prises de position en faveur des insuffisants rénaux, déplore le bilan 2019 – notamment en termes de donneurs vivants – et pointe l’exemple de l’Espagne, leader mondial avec 48,9 donneurs prélevés et 72,8 greffes rénales par million d’habitants (ces taux sont en France de 27,9 et 52, respectivement).
Dans ce pays, le nombre de prélèvements ne cesse d’augmenter alors que les maladies cardiovasculaires y diminuent comme en France.
Comment expliquer ce succès ? « Tous les établissements hospitaliers comportent des équipes de prélèvement, avec des médecins et des infirmiers dédiés, formés et motivés. Le recensement des donneurs potentiels a été renforcé avec un repérage précoce ; le recours à des organes provenant de donneurs à critères élargis a été facilité ; le prélèvement sur donneurs décédés après arrêt cardiaque a été développé. Au-delà de la bonne organisation, le modèle espagnol repose aussi sur des adaptations continues du système aux changements, essentielles à sa réussite. »).
En France 23 828 patients sont en attente de greffe, et seulement 5 900 ont été pratiquées en 2019.
Si ces constats importants doivent être clairs et diffusés en toute transparence, la guerre de chiffres n’a aucun intérêt, elle n’est que perte d’énergie et donne une image négative. Ces alertes sur la persistance ou l’aggravation du manque de greffons doivent amener toutes les parties prenantes (professionnels de santé, institutions sanitaires et associations de malades, sur le même plan) à réunir régulièrement des groupes de travail, pour analyser tous les freins à l’œuvre et essayer ensemble de trouver des solutions. C’est le prix de la confiance et d’un avenir meilleur pour les patient(e)s en attente de greffe.