Beaucoup de gens redoutent, avec raison, les piqûres de guêpes (ou Vespula). Ces insectes sévissent entre avril et octobre, avec un pic d’activité en juillet et août. Ils sont formés d’une tête avec des mandibules et une paire d’antennes, d’un thorax sur lequel sont fixées six pattes et deux paires d’ailes et d’un abdomen avec, le plus souvent, des stries jaunes et noires. Leur aiguillon, relié à une glande à venin, est lisse et donc ne reste pas dans le point de piqûre, ce qui permet à la guêpe de piquer à nouveau. Le thorax et l’abdomen sont séparés par un rétrécissement très marqué (« taille de guêpe »).
Les guêpes se nourrissent d’aliments sucrés (fruits en décomposition, jus sucré de plantes), mais leur système buccal ne leur permet pas d’absorber de nectar : elles n’ont aucun rôle de pollinisation, mais sont utiles comme prédateurs des moustiques et d’autres insectes nuisibles pour les cultures.
Il faut distinguer la guêpe d’autres hyménoptères proches :
– l’abeille (Apis) a une coloration générale brune, un corps plus compact et poilu ; floricole, elle a un rôle polinisateur. Elle a un dard barbelé et ne pique que pour se défendre ; mais elle ne peut le faire qu’une seule fois car son dard, qui reste planté chez la victime, est arraché avec une partie de l’abdomen, ce qui provoque sa mort ; sa piqûre inocule 50 à 100 µg de venin ;
– le bourdon (Bombus) : plus gros et plus velu, il a un vol très bruyant ; il pique mais ne laisse pas son dard ;
– le frelon (Vespa) : mesure 3 cm et peut piquer plusieurs fois. Son dard étant plus long, la piqûre est plus profonde et très douloureuse.
Une réaction allergique
Le venin de la guêpe (2 à 10 µg par piqûre) contient des enzymes (phospholipases, hyaluronidase), des peptides (kinines) et des amines (histamines, acides aminés). Lors d’une première piqûre, ces molécules entraînent la production d’anticorps de type IgE, qui se fixent sur les mastocytes situés dans la peau, l’intestin et les voies respiratoires. Lors de la piqûre suivante, la rencontre du venin et des IgE provoque, en quelques minutes, une libération d’histamine et de substances vasoactives responsables de la réaction allergique.
La piqûre provoque une douleur immédiate, suivie d’un érythème prurigineux et d’un œdème. Cette réaction régresse habituellement en quelques heures, mais est plus ou moins importante selon les personnes et sa localisation. Elle est en effet plus marquée et plus inquiétante si elle touche les lèvres, les ailes du nez, les paupières, les oreilles, le cou. Un risque d’étouffement existe en cas de piqûre dans la bouche (œdème de l’épiglotte ou du larynx).
En cas de piqûres multiples, les symptômes locaux sont plus intenses et peuvent s’accompagner de troubles généraux : œdème de l’articulation adjacente, céphalées, hypotension, nausées, vomissements, sensation d’étouffement, angoisse, vertiges, convulsions. Si elles sont plus de 20, il faut consulter au centre médical le plus proche. La réaction est nettement plus prononcée chez les sujets déjà allergiques au venin de guêpe (soit 1 à 4 % de la population générale), pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique.
Comment traiter ?
Le premier objectif est de désinfecter la plaie et de calmer la douleur, en plaçant une poche de glace ou au contraire en chauffant la zone avec un sèche-cheveux, le venin étant thermolabile. En cas de piqûre au niveau de la cavité buccale : faire sucer un glaçon pour atténuer la douleur. Au niveau des mains, enlever les bagues pour éviter les compressions en cas d’œdème des doigts. Ensuite, il faut prescrire un antalgique (paracétalmol) et un antihistaminique, et vérifier la vaccination antitétanique.
Si la réaction allergique est importante, le recours à l’adrénaline auto-injectable (Epipen 0,3 mg) est recommandé. Dans un deuxième temps, une désensibilisation peut être discutée avec un allergologue.
Prévenir les piqûres !
À défaut de produit répulsif, il faut éviter d’attirer les guêpes, en respectant quelques consignes :
– ne pas marcher pieds nus dans l’herbe ;
– éviter les crèmes dermiques odorantes avant une promenade dans la nature ;
– ne pas s’approcher des poubelles (il y a souvent des restes de fruits qui attirent ces insectes) ;
– en cas de guêpe tournant autour de soi : rester calme et la chasser doucement avec un carton ;
– avant de boire une canette, vérifier l’absence de guêpe à l’intérieur (risque de piqûre au niveau de la gorge).
Un sujet allergique doit toujours avoir une trousse de secours à proximité (alcool, antalgiques, antihistaminiques).
En cas de nombre important de guêpes autour de son habitation, essayer de suivre leur trajet pour localiser un nid proche et appeler les pompiers pour le détruire. Surtout ne pas s’y attaquer seul car la riposte risque d’être foudroyante !
Patrice Bourée, professeur au Collège de médecine, institut Alfred-Fournier, 75014 Paris.