Dès le XIe siècle, les barbiers-chirurgiens investissent les salles de garde des hôtels-Dieu et mettent en place des corporations ouvrières puis des confréries qui assurent la prise en charge des malades et dont les traditions se sont transmises jusqu’à aujourd’hui en salles de garde.L’internat a été créé par un décret consulaire du 4 ventôse an XI (10 février 1802), permettant d’acquérir une formation de qualité dans les hôpitaux pendant quatre ans et assurant en retour une présence médicale permanente dans les hôpitaux publics. De 1802 à 1886, 3 357 internes ont été nommés. Mais il a fallu attendre 1886 pour qu’une femme devienne interne. Ce système rencontra un succès croissant au cours des XIXe et XXe siècles.Après la Seconde Guerre mondiale, certaines spécialités en plein essor, comme l’oto-rhino-laryngologie (ORL), la radiologie, la gynécologie-obstétrique, l’ophtalmologie et l’anesthésie, restent boudées par les internes. Cette formation trop élitiste et différente des autres pays européens s’est progressivement vue réformée dans les années 1950, avec la création des certificats d’études spécialisées (CES). La deuxième étape a été la réforme hospitalière de 1958, avec la fusion des fonctions d’enseignant universitaire et de praticien hospitalier. Il n’y avait donc plus deux hiérarchies parallèles, mais l’intégration dans un même corps des enseignants universitaires et de ceux des hôpitaux publics.En 1968, l’externat des hôpitaux fut supprimé. Cette réforme, corrélée à l’augmentation générale de la population étudiante, engendra un afflux massif d’étudiants vers l’hôpital. En réaction fut instauré en 1971 un concours en fin de première année de médecine, avec un système de numerus clausus. La suppression du concours de l’internat était déjà envisagée en 1982, car il représentait, selon les étudiants, une sélection supplémentaire, après celle de la première année, et se rapprochait trop du système des grandes écoles. À la suite d’une grève massive des soins, il fut finalement décidé de maintenir le concours, mais sous la forme d’un concours universitaire, seule voie d’accès aux spécialités, pour aboutir à la suppression de l’internat de spécialité en 2005, remplacé par l’examen classant national.
Jean-Noël Fabiani-Salmon, professeur émérite, Université Paris-Cité, Paris, France
25 octobre 2022