Alors que les vaccins anti-HPV ont montré leur efficacité dans la prévention des cancers du col de l’utérus, la couverture vaccinale en France n’est pas optimale aujourd’hui, et la campagne menée en 2023 pour proposer ce vaccin aux élèves – garçons et filles – des classes de 5e n’a pas eu l’effet escompté. Pour améliorer cette situation, l’Académie de médecine propose d’étendre les recommandations vaccinales jusqu’à 26 ans pour tous, une initiative soutenue par plus de 50 sociétés savantes, académies, collèges, syndicats et associations…

Actuellement, la vaccination contre les infections à HPV est recommandée en France pour l’ensemble des filles et des garçons âgés de 11 à 14 ans révolus avec un schéma à 2 doses, avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans révolus nécessitant trois doses. Les deux premières doses sont remboursées. De plus, la vaccination est recommandée jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des rapports avec des hommes ou les patients immunodéprimés.

Néanmoins, en 2022, en France, seules 41,5 % des jeunes filles avaient reçu un schéma vaccinal complet à 16 ans et 8,5 % des garçons.

Par ailleurs, la campagne de vaccination gratuite en classe de 5e pour tous les élèves de 11 à 14 ans mise en place en septembre 2023 a donné des couvertures en-deçà de celles espérées : des données préliminaires remontées aux ARS fin 2023 ont montré que seuls 10 % des élèves de 5e (sur les 632 000 concernés dans les collèges publics) avaient reçu le vaccin, alors que l’objectif initial était de 30 %. L’échec de cette campagne serait sans doute lié au manque de communication et de soutien de la part des autorités de santé et des ministères concernés ainsi qu’à l’accident d’un élève ayant fait une chute à la suite d’un malaise post-vaccination.

Dans ce contexte, l’Académie nationale de médecine a exprimé son inquiétude sur le retard vaccinal pris en France depuis 2007 : il est estimé un retard cumulé de 2 millions de femmes de 20 à 26 ans non vaccinées ; ce retard est double, en incluant la vaccination masculine maintenant recommandée. C’est pourquoi elle recommande, dans l’espoir d’éradiquer les cancers HPV induits du col utérin, mais aussi de l’oropharynx, de la cavité buccale et de l’anus, une extension de la vaccination à l’âge adulte jusqu’à 26 ans pour les deux sexes. Une extension jusqu’à cet âge permettrait que cette vaccination devienne de plus en plus une décision individuelle et non parentale, et se justifie pleinement selon l’Académie par les arguments suivants :

  • Le risque d’infection à HPV perdure tout au long de la vie chez les femmes comme chez les hommes, et 50 % des cancers du col de l’utérus sont dus à des infections contractées après 20 ans.
  • Le bénéfice de la vaccination demeure important pour les personnes déjà infectées, même s’il est optimal pour les personnes non infectées, et ce d’autant plus que dans 88 % des infections un seul génotype d’HPV est retrouvé alors que le vaccin Gardasil 9 en compte neuf.
  • Plusieurs études montrent l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin entre 16 et 26 ans sur les lésions prénéoplasiques et les verrues génitales chez la femme et chez l’homme. Une étude réalisée en Suède montre un risque réduit de 62 % de développer un cancer du col de l’utérus pour les femmes vaccinées entre 20 et 30 ans en comparaison des femmes non vaccinées.

Enfin, cette extension vaccinale en population générale sans distinction de sexe est déjà pratiquée dans de très nombreux pays.

Dans une lettre ouverte publiée le 5 février, plus de 50 sociétés savantes, académies, collèges, syndicats et associations se sont également prononcés en faveur de cette initiative, afin d'accélérer l'éradication des cancers liés aux HPV.