D’après le panorama sur l’hypertension artérielle (HTA) publié par Santé publique France (SPF) dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire dédié à la Journée mondiale contre l’hypertension artérielle,1 17 millions des Français de plus de 18 ans seraient hypertendus, soit un adulte sur trois ! Parmi ces hypertendus, un sur deux seulement serait traité, et un sur quatre aurait une HTA contrôlée ! Ces chiffres doivent faire réfléchir, car l’HTA, le plus souvent silencieuse, est l’une des principales causes de complications cardiovasculaires, mais aussi rénales, voire cognitives. Or c’est un facteur de risque modifiable. Améliorer la prise en charge de l’HTA est donc l’un des objectifs prioritaires de santé publique. Il est ainsi important de promouvoir son dépistage, d’expliquer la maladie et ses risques aux patients, de prescrire le traitement le plus efficace possible et de s’assurer de sa bonne observance. 

Le diagnostic d’HTA repose désormais sur des mesures de pression artérielle faites en l’absence du médecin ou du personnel soignant (mesure automatique dans une pièce à part, automesure ou mesure ambulatoire de pression artérielle).2 Néanmoins, au cabinet du généraliste, la mesure de la pression artérielle est un geste rituel et emblématique qu’il ne faut pas négliger, même en cas de surcharge de travail. En effet, la mesure de consultation, quoiqu'entachée de biais et en particulier de l’effet « blouse blanche », reste notamment indispensable dans le dépistage de l’HTA, ainsi que dans la recherche d’hypo­tension orthostatique.2 Chaque consultation permet d’expliquer au patient la maladie, ses conséquences et d’évaluer la probable observance thérapeutique.

Les conseils hygiénodiététiques font partie intégrante de la prise en charge de l’HTA ; ils doivent être proposés et répétés régulièrement. Pour le traitement médicamenteux, de nombreuses classes thérapeutiques sont disponibles, permettant d’adapter le traitement en fonction des comorbidités. L’inertie thérapeutique n’est donc pas acceptable ! Pour atteindre la cible souhaitée, il ne faut pas hésiter à augmenter les posologies de chaque médicament à la dose maximale tolérée, à faire des associations médicamenteuses synergiques et à les modifier si nécessaire.

Mais l’observance du traitement, fondamentale, n’est pas chose facile pour une maladie chronique aussi peu symptomatique. Elle dépend de nombreux facteurs, et en premier lieu de la connaissance de la maladie. Or, d’après SPF, la France reste, sur ce point, la lanterne rouge par rapport à beaucoup d’autres pays. Sans que son efficacité soit négligée, le traitement doit être le plus simple possible. La recherche d’effets indésirables et, si nécessaire, le changement de classe ou de molécule doivent être systématiques tout au long de la prise en charge. L’automesure tensionnelle (AMT) est aussi un bon outil pour améliorer l’adhésion du patient. Il est également possible d’optimiser l’observance grâce à un suivi partagé avec des infirmiers, non pas libéraux et isolés comme ce qui était prévu dans le projet initial de la loi Rist, mais délégués à la santé publique, partageant un protocole construit en équipe avec les généralistes correspondants, à l’instar des emblématiques IDE Asalée.

Enfin, face à l’insuffisance de la prise en charge de cet important problème de santé publique, les autorités sanitaires françaises devraient être davantage proactives : en diffusant, par exemple, régulièrement et à destination du grand public, des messages simples mais explicites pour alerter la population sur les risques de l’HTA...

Références 
1. Olié V, Grave C, Gabet A, et al. Épidémiologie de l’hyper­tension artérielle en France : prévalence élevée et manque de sensibilisation de la population. Bull Epidemiol Hebd 2023;(8):130-8. 
2. Gosse P. Hypertension artérielle essentielle. Rev Prat MG 2021;35(1059):337-41.