Définition : > 500 polynucléaires éosinophiles/mm3.

Physiopathologie

Polynucléaires éosinophiles : cellules d’environ 15 mm ayant des granules cytoplasmiques (fig. 1).
Formés dans la moelle osseuse

Ils expriment de nombreux récepteurs

Les protéines cytotoxiques libérées
L’augmentation de leur taux :
– est absente en cas de protozoaires (organismes eucaryotes unicellulaires), sauf pour les Sarcocystis (rares) ;
– apparaît lors de la phase de migration larvaire (passage par le foie, le cœur, le poumon), qui peut durer plusieurs mois ;
– régresse progressivement quand le parasite, arrivé au stade adulte, s’installe dans l’intestin (courbe de Lavier en cas d’ascaris) => une éosinophilie normale n’élimine pas une helminthose intestinale ;
– en cas d’anguillule : pic à chaque cycle d’auto-réinfestation ;
– lors d’une contamination par des filaires, le taux reste souvent élevé très longtemps.
Le pic varie selon les parasites (tableau).

Démarche étiologique

Une fois les causes non parasitaires éliminées (encadré), l’interrogatoire est crucial.
Si le sujet n’a pas quitté la France métropolitaine, rechercher :
. chat ou chien à domicile (toxocarose ou larva migrans viscérale, parfois asymptomatique),
. consommation de cresson (distomatose hépatique), de chair de poisson cru (anisakidose) ou de viande de porc ou bœuf peu cuite (trichinellose/tæniasis).

Si le sujet a voyagé en zone tropicale :
Certains symptômes orientent le diagnostic :
– fièvre et diarrhées : trichinellose, bilharziose, distomatose ;
– douleurs abdominales et diarrhées : helminthoses (ascaris, trichocéphale, trichine, anguillule, ankylostome…) ;
– sensation de pesanteur abdominale et masse palpable : échinococcoses ;
– œdèmes cutanés : filarioses, trichinellose ;
– hépatalgies fébriles : distomatoses, larva migrans viscérale ;
– hématurie : bilharziose urinaire ;
– toux, hémoptysie : syndrome de Loeffler, distomatoses pulmonaires.
Analyses complémentaires :
sérologies parasitaires.

Traitements

Nématodes intestinaux : albendazole, ivermectine ;
Filarioses : ivermectine ;
Bilharzioses, distomatoses : praziquantel ;
Tæniasis : praziquantel, albendazole, chirurgie (en cas de cysticercose cérébrale, complicaton du tænia du porc).
Encadre

Étiologies non parasitaires

Maladie allergique : asthme, eczéma, coryza, urticaire, dermatite atopique

Postopératoire : gastrectomie, splénectomie

Exposition toxique : mercure, benzène et radiations ionisantes

Iatrogène : pénicillines, barbituriques, vitamine B12, dérivés arsenicaux, tryptophane

Pathologies digestives : rectocolite hémorragique, maladie de Crohn

Hémopathies : leucémies aiguës et chroniques, métastases de divers cancers

Maladies de système : périartérite noueuse, lupus, polyarthrite rhumatoïde, pemphigus

Cas particulier

Syndrome d’hyperéosinophilie essentielle : groupe d’affections rares et hétérogènes, définies par une hyperéosinophilie prononcée (> 1 500/mm3) et persistant pendant plus de 6 mois consécutifs. Atteintes d’organes très variables (peau, cœur, poumons et système nerveux). Diagnostic évoqué après exclusion de toutes les autres causes et traitement antihelminthique d’épreuve

Traitements : corticoïdes, hydroxyurée, imatinib

Pour en savoir plus
Botterel F. Prise en charge des hyperéosinophilies sanguines dans une consultation de maladies tropicales. Presse Med 2007;36:37-42.
Bourée P. Hyperéosinophilie parasitaire. Presse Med 2006;35(1 Pt 2):153-66.
Cogan E, Roufosse F. Clinical management of the hypereosinophilic syndromes. Expert Rev Hematol 2012;5:275-89.
Gotlib J. World Health Organization-defined eosinophilic disorders: 2014 update on diagnosis, risk stratification, and management. Am J Hematol 2014; 89:325-37.

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