Primaire : symptômes avant 25 ans, > 1 fois/semaine, atteinte focale bilatérale symétrique au niveau des creux axillaires, des paumes des mains, des plantes des pieds, histoire familiale, prédominance diurne1 ou secondaire (
Fréquence : 3 % de la population, avec un impact socioprofessionnel majeur chez un tiers des patients2 (sévérité évaluée par l’Hyperhidrosis Disease Severity Scale).
Prise en charge : de la cause pour l’hyperhidrose secondaire ; symptomatique, médicale et chirurgicale, pour la primaire (
Mesures à associer : change fréquent des vêtements, des chaussettes ; préférer textiles en coton, chaussures en cuir ; soutien associatif (francehyperhidrose.org).
Traitement médical
– en 1re intention pour l’hyperhidrose axillaire, palmoplantaire et craniofaciale (facilité d’accès, prix faible, bonne tolérance) ;
– on distingue les produits disponibles dans le commerce, peu dosés, efficaces dans les formes très légères, de ceux nécessitant une prescription (6,25 % à 30 % d’hexahydrate d’aluminium chloride : Etiaxil, Spirial, Hidrosis) ;
– à appliquer le soir au niveau de la zone concernée, sur peau sèche pour limiter l’irritation, et à rincer le matin, lors de la douche (environ 6 à 8 h après) ;
– toutes les nuits jusqu’à amélioration (en général 1 semaine) puis espacer pour atteindre une fréquence d’entretien d’environ 1 fois par semaine ;
– associer un antitranspirant en vente libre pendant la journée.
Oxybutinine per os (Ditropan, anticholinergique ; 5-10 mg/j ; 20 mg au maximum) : efficacité obtenue au bout de 1 semaine. Contre-indiquée en cas de glaucome à angle fermé, grossesse, allaitement. Effets secondaires : bouche sèche, céphalées, rétention d’urine.
Bêtabloquants : si hyperhidrose déclenchée par le stress émotionnel.
Toxine botulique A (Vistabel, Bocouture) :
– injectée au niveau de la zone hypersécrétante (déterminée par un test à l’iode,
– efficace dans l’hyperhidrose axillaire et palmaire, moins dans la craniofaciale et la plantaire (peu d’études) ;
– technique douloureuse et coûteuse (remboursée par la Sécurité sociale si accord préalable) ;
– diminue temporairement la production de sueur ;
– efficacité ressentie dès 2-4 jours après les injections (espacées de 4 mois), perdurant 3 à 9 mois, selon leur nombre.
Ionophorèse (remboursée en partie par la Sécurité sociale) :
– mains et pieds sont exposés à un courant électrique continu transmis par immersion dans l’eau ;
– bloque temporairement les glandes sudoripares ;
– utilisée surtout dans l’hyperhidrose palmoplantaire mais possible dans l’axillaire ;
– 20 à 30 minutes 3 fois/semaine : amélioration notable chez 85 % des patients, en 2 à 4 semaines, puis on réduit la fréquence progressivement, jusqu’à 1 séance/2 semaines ;
– risque de xérose cutanée ;
– contre-indiquée en cas de stimulateur cardiaque, matériel d’ostéosynthèse, grossesse.
Techniques en cours d’études
– les micro-ondes détruisent les glandes eccrines ;
– possible uniquement dans la forme axillaire (2 ou 3 sessions de 20 à 30 min espacées de 3 mois) ;
– limites : coût élevé, dysesthésies et réactions locales.
Radiofréquence :
– grâce à de multiples aiguilles introduites à travers la peau, elle détruit par la chaleur les glandes sudoripares des zones hypersécrétantes (déterminées par test à l’iode) sous anesthésie locale ;
– 3 séances de 35 à 50 min toutes les 6 semaines diminuent la sudation à 6 semaines et à 6 mois.4
Ultrasons :
– ils créent des lésions thermiques à la profondeur des glandes sudoripares (après repérage échographique et anesthésie locale) ; 2 séances à 30 jours d’intervalle, efficacité dès le 14e jour, persistant à 1 an ;
– limites : coût et réactions locales.
Laser : efficacité variable selon les études et les modèles.
Approches chirurgicales
– l’ablation des 2e et 3e ganglions sympathiques thoraciques de façon bilatérale suffit pour les lésions de la main ; si hyperhidrose axillaire, on enlève aussi les 4e et 5e ;
– réservée aux moins de 25 ans si début avant 16 ans, IMC < 28, pas de symptômes nocturnes ni de comorbidité ;
– une hyperhidrose compensatrice (dos et cuisses) apparaît volontiers après l’intervention (mais en général moins intense) ;
– complications : paresthésie, pneumothorax, hyperthermie, bradycardie.
Curetage sous-cutané mini-invasif :
– enlève les glandes sudoripares eccrines et apocrines axillaires par succion du tissu sous-cutané superficiel après dissection ;
– efficacité persistant 1 an, mais pas durable ; risque de douleur, dysesthésie, cicatrices ;
– alternative à la sympathectomie si échec ou contre-indication aux traitements médicamenteux.
Causes d’hyperhidrose secondaire (liste non exhaustive)
• Antidépresseurs, antipsychotiques, anxiolytiques
• Agonistes cholinergiques
• Antiémétiques
• Opiacés
• Antipyrétiques
• Alcool
• Alimentation épicée
• Sevrage : médicamenteux, alcoolique, drogue
Infectieuses
• Tuberculose
• VIH
• Endocardite
• Brucellose
Endocriniennes
• Diabète
• Dysthyroïdie
• Hyperpituitarisme
• Phéochromocytome
• Syndrome carcinoïde
• Acromégalie
• Ménopause
• Grossesse
Neurologiques
• Neuropathie périphérique
• Maladie de Parkinson
• Lésion médullaire
• AVC
• Syndrome du défilé thoracobrachial
• Hyperhidrose compensatrice (post-sympathectomie)
Tumorales
• Lymphome
• Syndrome myéloprolifératif
• Insulinome
• Autres cancers
Psychiatriques (cause d’hyperhidrose secondaire généralisée)
• Trouble anxieux
• Dépression
2. Strutton DR, Kowalski JW, Glaser DA, Stang PE. US prevalence of hyperhidrosis and impact on individuals with axillary hyperhidrosis: results from a national survey. J Am Acad Dermatol 2004;51:241-8.
3. Smith CC, Pariser D. Primary focal hyperhidrosis. UpToDate. Juillet 2019.
4. Schick CH, Grallath T, Schick KS, Hashmonai M. Radiofrequency Thermotherapy for Treating Axillary Hyperhidrosis. Dermatol Surg 2016 ;42:624-30.
5. Maillard H, Lecouflet M. Prise en charge d’une hyperhidrose. Ann Dermatol Venereol 2015;142:252-61.