Définition des hypertensions pulmonaires
On peut ainsi distinguer :
les hypertensions pulmonaires précapillaires définies par une pression artérielle pulmonaire moyenne 25 mmHg et une pression artérielle pulmonaire occluse 15 mmHg ;
les hypertensions pulmonaires postcapillaires définies par une pression artérielle pulmonaire moyenne 25 mmHg et une pression artérielle pulmonaire occluse > 15 mmHg.
Physiopathologie et classification clinique des hypertensions pulmonaires
Groupe 1 : les hypertensions artérielles pulmonaires
L’hypertrophie de la média des artères pulmonaires musculaires et élastiques, la présence d’athérome de l’intima des artères pulmonaires élastiques et l’hypertrophie ventriculaire droite sont des lésions histologiques communes aux différentes formes d’hypertension pulmonaire précapillaire. Dans l’hypertension artérielle pulmonaire, il existe des anomalies plus caractéristiques comme l’artériopathie plexiformes associant hypertrophie de la média, fibrose de l’intima, lésions plexiforme et thrombose organisée et recanalisée.
Au sein du groupe 1, on distingue les maladies vasculaires pulmonaires isolées, sans comorbidité (hypertensions artérielles pulmonaires idiopathiques, hypertensions artérielles pulmonaires « familiales » ou héréditaires et hypertensions artérielles pulmonaires associées à la prise de médicaments et toxiques, principalement les anorexigènes), et les hypertensions artérielles pulmonaires associées à une pathologie concomitante (connectivites, cardiopathies congénitales, hypertension portale, infection par le VIH, schistosomiases). Cette distinction repose essentiellement sur le profil évolutif de ces différentes affections. Si les hypertensions artérielles pulmonaires idiopathiques, héréditaires ou associées aux anorexigènes ont une présentation et une évolution similaires, il n’en est pas de même des hypertensions artérielles pulmonaires associées à une pathologie concomitante.
Le groupe 1’ concerne la maladie veino-occlusive (MVO), qui est caractérisée par une atteinte veinulaire ou capillaire prédominante. Cette distinction physiopathologique aboutit à une présentation clinique et radiologique particulière ainsi qu’à un pronostic souvent plus péjoratif.
Groupe 2 : les hypertensions postcapillaires
Groupe 3 : hypertensions pulmonaires des maladies respiratoires et/ou hypoxémies chroniques
Groupe 4 : l’hypertension pulmonaire thromboembolique chronique et autres obstructions artérielles pulmonaires
Groupe 5 : hypertensions pulmonaires de mécanisme multifactoriel ou incertain
De la suspicion au diagnostic d’hypertension pulmonaire
Signes cliniques évocateurs
La dyspnée, la fatigabilité à l’effort et la syncope sont les manifestations d’une altération de la réserve systolique du ventricule droit, voire d’une altération du débit cardiaque. La dyspnée d’effort est le signe le plus souvent retrouvé (95 % des cas), et elle est le plus souvent sévère au moment du diagnostic (75 % des patients en classe fonctionnelle III ou IV de la NYHA).
La dysfonction diastolique du ventricule droit favorise l’apparition de signes congestifs qui peuvent être plus ou moins importants (reflux hépato-jugulaire, turgescence jugulaire, œdème des membres inférieurs, ascite, état d’anasarque). À l’auscultation cardiaque, on retrouve classiquement un éclat de B2 au foyer pulmonaire. Enfin, l’altération de la fonction ventriculaire droite associée à une dilatation parfois majeure des cavités droites peut favoriser la survenue de troubles du rythme cardiaque à l’origine de palpitations et de signes ischémiques du ventricule droit à l’origine de douleurs thoraciques.
Examens paracliniques évocateurs d’hypertension pulmonaire
L’angioscanner thoracique permet également de mettre en évidence une hypertrophie des artères pulmonaires et des cavités droites
L’électrocardiogramme retrouve classiquement des signes d’hypertrophie auriculaire et ventriculaire droite
échographie cardiaque : examen de référence pour le dépistage de l’hypertension pulmonaire
En fonction de la valeur de la VmaxIT et de la présence ou non de signes indirects d’hypertension pulmonaire, va pouvoir être estimée la probabilité échographique d’hypertension pulmonaire (faible, intermédiaire ou haute)
Enfin, l’échographie cardiaque gauche permet de rechercher des signes de dysfonction systolique ou diastolique du ventricule gauche ou des valvulopathies orientant vers une hypertension pulmonaire postcapillaire du groupe 2.
Cathétérisme cardiaque droit : examen de référence pour le diagnostic de l’hypertension pulmonaire
le contexte clinique (présence ou non de symptômes et/ou de facteurs de risque ou maladies associées aux hypertensions artérielles pulmonaires du groupe 1) ;
la probabilité échographique d’hypertension pulmonaire définie dans le chapitre précédent ;
la présence ou non d’une maladie respiratoire ou d’une cardiopathie gauche.
En pratique, le cathétérisme cardiaque droit doit être réalisé si la probabilité échocardiographique d’hypertension pulmonaire est élevée (VmaxIT entre 2,9 et 3,4 m/s et présence d’autres signes échographiques évocateurs d’hypertension pulmonaire ou VmaxIT > 3,4 m/s) (1). Il peut être discuté en fonction du contexte clinique (présence ou non de symptômes et/ou de facteurs de risque ou conditions médicales associées aux hypertensions pulmonaires du groupe 1 et du groupe 4) et avec le centre de référence ou un centre de compétences, lorsque la probabilité échocardiographique d’hypertension pulmonaire est intermédiaire.
Diagnostic étiologique
Le bilan étiologique d’une hypertension pulmonaire précapillaire repose donc sur les examens suivants :
l’interrogatoire du patient recherchera des antécédents familiaux orientant vers une hypertension artérielle pulmonaire héritable ou des antécédents personnels connus comme étant des facteurs de risque d’hypertension artérielle pulmonaire (exposition à des médicaments ou toxiques comme certains anorexigènes ou maladie associée comme la cirrhose, le VIH, une connectivite…) ;
l’examen clinique doit rechercher des éléments évocateurs d’une pathologie associée ;
l’échographie cardiaque recherche une altération de la fonction ventriculaire gauche systolique ou diastolique, une pathologie valvulaire ou une cardiopathie congénitale (communication interauriculaire, communication interventriculaire...). La présence d’une dysfonction ventriculaire gauche et/ou d’une valvulopathie gauche permet de classer l’hypertension pulmonaire dans le groupe 2 ;
les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) : à la recherche d’un trouble ventilatoire obstructif ou restrictif avec une hypoxémie permettant de dépister une éventuelle maladie respiratoire associée. Dans l’hypertension artérielle pulmonaire, les EFR sont normales, en revanche la DLCO (diffusion libre du monoxyde d'azote) peut être abaissée ;
la scintigraphie de ventilation-perfusion : la présence de défects de perfusion systématisée segmentaire non concordants en ventilation devant faire évoquer le diagnostic d'hypertension pulmonaire postembolique (groupe 4). À l’inverse, une scintigraphie de perfusion normale permet d’exclure ce diagnostic ;
la tomodensitométrie thoracique permet de rechercher d’éventuelles séquelles emboliques chroniques, une éventuelle atteinte parenchymateuse (pneumopathie interstitielle, emphysème) pour une hypertension pulmonaire du groupe 3, ou des éléments évocateurs de la maladie veino-occlusive ;
l’échographie abdominale avec Doppler du tronc porte recherche une hypertension portale ou des signes évocateurs de cirrhose ;
les sérologies pour le VIH et les hépatites B et C, les marqueurs d’auto-immunité et des anomalies de coagulation sont systématiquement réalisés.
Évaluation de la sévérité
Un certain nombre de marqueurs sont validés par les études et utilisés dans la pratique courante pour l’évaluation de la sévérité de la maladie :
la classe fonctionnelle évaluée selon la classification de la New York Heart Association (NYHA) modifiée et adaptée à l’hypertension artérielle pulmonaire par l’OMS
la distance parcourue au test de marche de 6 minutes ;
des signes cliniques évovateurs d’insuffisance ventriculaire droite ;
une progression rapide des symptômes ;
la notion de syncope ;
des éléments biologiques, échographiques ou hémodynamiques évocateurs de dysfonction ventriculaire droite évoluée (bas débit cardiaque, hypervolémie, élévation du BNP ou NT-proBNP…).
Conclusion
POINTS FORTS À RETENIR
L’hypertension pulmonaire (HTP) est définie par une pression artérielle pulmonaire moyenne ³ 25 mmHg mesurée lors d’un cathétérisme cardiaque droit. Quand la pression artérielle pulmonaire occluse (PAPO) est 15 mmHg, on parle d’HTP précapillaire ; quand elle est > 15 mmHg, on parle d’HTP postcapillaire. Le cathétérisme cardiaque droit est donc l’examen de référence pour le diagnostic d’une HTAP et demeure indispensable.
L’échographie cardiaque avec Doppler est l’examen non invasif de référence devant toute suspicion d’HTP ou dans le cadre du dépistage. Elle permet d’établir une probabilité faible, intermédiaire ou élevée d’HTP.
Une classification clinique internationale des HTP a été élaborée, définissant cinq groupes d’HTP. L’HTP est une complication de nombreuses affections, les plus fréquentes étant, dans l’ordre : les cardiopathies gauches, les maladies respiratoires au stade d’insuffisance respiratoire chronique et les séquelles d’embolie pulmonaire.
L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) correspond au groupe 1 de la classification. Il s’agit d’une HTP précapillaire, qui est le plus souvent idiopathique, mais qui peut être associée à la prise de médicaments ou à différentes pathologies.
Le diagnostic d’HTAP repose sur une démarche clinique rigoureuse incluant les données de l’interrogatoire, de l’examen clinique et les résultats d’explorations complémentaires. Cette démarche a pour objectif de détecter et confirmer l’existence d’une HTP, de classer l’HTP en fonction ou non de la présence de pathologie associée et d’en évaluer la sévérité.