Le jeune Vincent, 7 ans, consulte car, depuis quelques semaines, il a des saignements au niveau de la bouche. Sa mère a constaté une fragilité plus importante de ses gencives. L’examen objective une hyper­trophie gingivale (figure). Cette manifestation est contemporaine de la prise de ciclosporine pour un syndrome néphrotique résistant aux traitements usuels.
L’augmentation de volume gingival peut être d’origine iatrogène (antagonistes calciques, anticonvulsivants, ciclosporine). Cette hypertrophie peut également survenir lors d’une grossesse, durant la ménopause, au cours d’une pathologie hématologique (leucémie notamment), d’une carence en vitamine C ou de maladies systémiques (sarcoïdose, maladie de Crohn, amylose, sarcome de Kaposi, neurofibromatose…).
L’hypertrophie gingivale à la ciclosporine est observée, selon les études, chez 10 à 97 % des patients. Elle se manifeste dès le premier mois d’administration de l’immunosuppresseur et jusqu’au douzième mois après la dernière prise. Ce phénomène est favorisé par la préexistence de problèmes parodontaux (contexte d’hygiène buccale aléatoire). Il peut également être majoré lors de l’administration concomitante d’un traitement par macrolides, ou d’une corticothérapie.
Cliniquement, on observe des bourrelets gingivaux qui touchent le plus souvent une arcade dentaire sur deux. Dans certains cas, l’hypertrophie peut gêner considérablement certains mouvements mandibulaires. Parfois, les lèvres sont également le siège d’une hypertrophie.
Sur un plan histologique, on note une fibrose et un infiltrat inflammatoire.
Le traitement repose sur l’arrêt ou la modulation du médicament en cause lorsque c’est possible. L’hygiène buccale doit être rigoureuse (réalisation de bains de bouche et de détartrages réguliers).
Pour en savoir plus
Mahé E. Effets indésirables cutanés des traitements immuno­suppresseurs. Le Courrier de la transplantation 2010;X(1):10-4.
Gauthier A, Rupin C, Rosec P, et al. Accroissement gingival médica­menteux : un effet indésirable parfois majeur. Sang Thrombose Vaisseaux 2010;22(1):44-6.

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