* Service hospitalo-universitaire de psychiatrie, CH Esquirol, 87000 Limoges ; responsable du DU hypnose et thérapies brèves stratégiques et solutionnistes à l’université de Limoges.
L’usage de l’état hypnotique pour soigner remonte aux premiers shamans. Le monde médical l’utilise depuis la seconde moitié du XIXe siècle, d’abord en France puis à travers le monde. Aujourd’hui, la plus courante est l’hypnose éricksonienne.
Selon l’OMS, elle fait partie des thérapies non conventionnelles. Elle est pratiquée en préalable aux psychothérapies spécifiques ou comme thérapeutique en tant que telle, dans des troubles psychiques et somatiques.
L’usage de l’état hypnotique pour soigner remonte aux premiers shamans. Le monde médical l’utilise depuis la seconde moitié du XIXe siècle, d’abord en France puis à travers le monde. Aujourd’hui, la plus courante est l’hypnose éricksonienne.
Selon l’OMS, elle fait partie des thérapies non conventionnelles. Elle est pratiquée en préalable aux psychothérapies spécifiques ou comme thérapeutique en tant que telle, dans des troubles psychiques et somatiques.
Grands principes
Le processus hypnotique crée un état de conscience amplifié, modifiant le champ attentionnel et les perceptions sensorielles, et atténuant la réponse normale aux stimuli externes. On obtient un hyper- éveil tourné vers l’intérieur, assimilable à une dissociation de la pensée. Ses caractéristiques – sensibilité accrue aux suggestions ou seuil de perception de la douleur modifié – sont mises à profit dans les soins.
Trois conditions fondamentales sont nécessaires au bon déroulement de l’hypnose : la motivation du patient, sa coopération et la confiance qu’il a dans le thérapeute. Chacun de nous est hypnotisable, la profondeur de la transe est variable et opérateur-dépendant.
Outil complémentaire, l’autohypnose consiste dans l’auto-induction d’une transe hypnotique et la réalisation de certains exercices enseignés par l’hypno- thérapeute. Prolongeant les bénéfices des séances, elle partage des indications avec l’hypnose « classique ».
Dans un rapport publié en mars 2013, l’Académie nationale de médecine reconnaît l’intérêt et l’efficacité de l’hypnose médicale en tant que psycho- thérapie.
Plus récemment, l’Inserm en élargit significativement les indications. Elle reprend en particulier celles de la Société française d’hypnose (SFH).
Trois conditions fondamentales sont nécessaires au bon déroulement de l’hypnose : la motivation du patient, sa coopération et la confiance qu’il a dans le thérapeute. Chacun de nous est hypnotisable, la profondeur de la transe est variable et opérateur-dépendant.
Outil complémentaire, l’autohypnose consiste dans l’auto-induction d’une transe hypnotique et la réalisation de certains exercices enseignés par l’hypno- thérapeute. Prolongeant les bénéfices des séances, elle partage des indications avec l’hypnose « classique ».
Dans un rapport publié en mars 2013, l’Académie nationale de médecine reconnaît l’intérêt et l’efficacité de l’hypnose médicale en tant que psycho- thérapie.
Plus récemment, l’Inserm en élargit significativement les indications. Elle reprend en particulier celles de la Société française d’hypnose (SFH).
Soulager la douleur
Forte d’un large consensus des sociétés savantes, l’hypno-analgésie a démontré son efficacité dans la prise en charge de la douleur. Pour la HAS, elle est un des moyens non pharmacologiques complémentaires des antalgiques.
Elle trouve tout son intérêt dans la réduction des douleurs postopératoires mais aussi fonctionnelles abdominales, ostéo-articulaires, les céphalées, voire la migraine. Elle est également indiquée dans les algies rebelles, auprès de grands brûlés ou chez les patients cancéreux, en sus des antalgiques classiques.
Le médecin généraliste peut y recourir lors de gestes chirurgicaux bénins, particulièrement chez l’enfant ou en milieu rural (points de suture chez un sujet anxieux, ou avant de réduire une luxation).
L’hypnosédation est, elle, de plus en plus utilisée par les anesthésistes afin de limiter, voire de remplacer les produits anesthésiants lors d’opérations chirurgicales pratiquées sous anesthésie locale (thyroïdectomie par exemple).
Elle trouve tout son intérêt dans la réduction des douleurs postopératoires mais aussi fonctionnelles abdominales, ostéo-articulaires, les céphalées, voire la migraine. Elle est également indiquée dans les algies rebelles, auprès de grands brûlés ou chez les patients cancéreux, en sus des antalgiques classiques.
Le médecin généraliste peut y recourir lors de gestes chirurgicaux bénins, particulièrement chez l’enfant ou en milieu rural (points de suture chez un sujet anxieux, ou avant de réduire une luxation).
L’hypnosédation est, elle, de plus en plus utilisée par les anesthésistes afin de limiter, voire de remplacer les produits anesthésiants lors d’opérations chirurgicales pratiquées sous anesthésie locale (thyroïdectomie par exemple).
Troubles fonctionnels et pathologies liées au stress
Les troubles fonctionnels et psychosomatiques sont une indication de choix. Les recommandations américaines (National Guideline Clearinghouse) et anglaises (Royal College of Physicians, Royal College of Psychiatrists) la proposent en deuxième niveau de prise en charge.
Elle a montré son efficacité dans la colopathie fonctionnelle, les céphalées psychogènes, la fibromyalgie ou encore la cystalgie à urines claires. Elle peut être utilisée seule ou en appoint à la prise en charge classique.
Autre indication en option complémentaire ou de confort, les pathologies dermatologiques fortement impactées par le stress : dermatite atopique, eczéma, psoriasis et verrues.
L’hypertension artérielle labile non organique, les acouphènes chroniques et invalidants ainsi que les dysfonctions sexuelles sans cause organique sont d’autres champs d’application en raison du retentissement du stress sur ces pathologies.
Elle a montré son efficacité dans la colopathie fonctionnelle, les céphalées psychogènes, la fibromyalgie ou encore la cystalgie à urines claires. Elle peut être utilisée seule ou en appoint à la prise en charge classique.
Autre indication en option complémentaire ou de confort, les pathologies dermatologiques fortement impactées par le stress : dermatite atopique, eczéma, psoriasis et verrues.
L’hypertension artérielle labile non organique, les acouphènes chroniques et invalidants ainsi que les dysfonctions sexuelles sans cause organique sont d’autres champs d’application en raison du retentissement du stress sur ces pathologies.
Autres pathologies
L’asthme et les insuffisances respiratoires chroniques peuvent bénéficier de séances d’hypnose, avec secondairement autohypnose.
Cela améliore l’observance thérapeutique et diminue le besoin de bronchodilatateurs et les hospitalisations (étude de cas).
Elle est également indiquée en traitement d’appoint dans les tics moteurs ou la paralysie faciale a frigore, les migraines et les céphalées, quelle que soit leur étiologie (hypno-analgésie).
Cela améliore l’observance thérapeutique et diminue le besoin de bronchodilatateurs et les hospitalisations (étude de cas).
Elle est également indiquée en traitement d’appoint dans les tics moteurs ou la paralysie faciale a frigore, les migraines et les céphalées, quelle que soit leur étiologie (hypno-analgésie).
Atouts chez l’enfant
Le médecin généraliste peut s’en servir pour faciliter des examens désagréables (inspection à l’abaisse-langue ou avec un otoscope…) ou durant des soins douloureux tels que vaccinations, sutures, pansements. Dans les situations d’urgence (crise d’asthme), elle vise à rassurer l’enfant et son entourage et favoriser sa collaboration aux soins.
Dans les pathologies chroniques (migraines, céphalées, drépanocytose, douleurs abdominales, cancéreuses…), c’est une approche complémentaire. Enfin, elle peut constituer un élément central du traitement dans de nombreux troubles anxieux ou du comportement : anxiété de séparation (pour aller se coucher), de performance (mal au ventre avant une évaluation à l’école, peur de parler devant la classe), pipi au lit, agitation, inattention (TDAH : avant ou parallèlement au traitement médical s’il est indiqué).
Il est utile d’associer les parents (la mère principalement) et de leur enseigner l’autohypnose, pour gérer les moments difficiles sans le professionnel.
Dans les pathologies chroniques (migraines, céphalées, drépanocytose, douleurs abdominales, cancéreuses…), c’est une approche complémentaire. Enfin, elle peut constituer un élément central du traitement dans de nombreux troubles anxieux ou du comportement : anxiété de séparation (pour aller se coucher), de performance (mal au ventre avant une évaluation à l’école, peur de parler devant la classe), pipi au lit, agitation, inattention (TDAH : avant ou parallèlement au traitement médical s’il est indiqué).
Il est utile d’associer les parents (la mère principalement) et de leur enseigner l’autohypnose, pour gérer les moments difficiles sans le professionnel.
Troubles anxiodépressifs
De façon schématique, les indications de l’hypnose sont les mêmes que celles de toute psychothérapie structurée. Si le psychiatre est l’intervenant de choix dans la prise en charge de ces troubles, le généraliste est souvent impliqué en relais ou en première intention dans les formes modérées.
L’état de stress post-traumatique est le trouble anxieux pour lequel l’hypnose est la plus utilisée, indication qu’elle partage avec l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing, fondée sur l’exposition et la désensibilisation) qui n’est rien d’autre qu’un mélange d’hypnose et de thérapies cognitivo- comportementales. Des techniques spécifiques comme l’HTSMA (hypnose, thérapies stratégiques, mouvements oculaires alternatifs provoquant un état de transe) ont même été développées dans cette indication.
Dans le trouble anxieux généralisé, les phobies ou le TOC, l’hypnose est intéressante, seule ou en association aux thérapies brèves stratégiques et/ou solutionnistes (centrées sur les compétences ou ressources que le patient peut développer).
Les épisodes dépressifs d’intensité mineure à modérée sont également une indication privilégiée, comme les autres types de psychothérapie, d’autant que les antidépresseurs ne sont pas indiqués dans les formes légères (HAS). Elle est utile en traitement d’appoint dans les cas plus sévères ou dans les troubles de l’humeur chroniques comme la bipolarité ou la dysthymie (dépression depuis au moins 2 ans).
L’état de stress post-traumatique est le trouble anxieux pour lequel l’hypnose est la plus utilisée, indication qu’elle partage avec l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing, fondée sur l’exposition et la désensibilisation) qui n’est rien d’autre qu’un mélange d’hypnose et de thérapies cognitivo- comportementales. Des techniques spécifiques comme l’HTSMA (hypnose, thérapies stratégiques, mouvements oculaires alternatifs provoquant un état de transe) ont même été développées dans cette indication.
Dans le trouble anxieux généralisé, les phobies ou le TOC, l’hypnose est intéressante, seule ou en association aux thérapies brèves stratégiques et/ou solutionnistes (centrées sur les compétences ou ressources que le patient peut développer).
Les épisodes dépressifs d’intensité mineure à modérée sont également une indication privilégiée, comme les autres types de psychothérapie, d’autant que les antidépresseurs ne sont pas indiqués dans les formes légères (HAS). Elle est utile en traitement d’appoint dans les cas plus sévères ou dans les troubles de l’humeur chroniques comme la bipolarité ou la dysthymie (dépression depuis au moins 2 ans).
Addictologie
Principale indication : le sevrage tabagique. Une unique séance est parfois suffisante, permettant de renforcer la motivation à l’arrêt du tabac, réduisant les symptômes de sevrage et favorisant une abstinence prolongée (une étude est en cours au CH Esquirol de Limoges).
Par extension, l’hypnose est intéressante dans d’autres addictions comme l’alcoolisme, les toxicomanies, voire les addictions comportementales. Elle est alors un traitement d’appoint visant à renforcer l’efficacité des thérapies habituelles.
Les troubles du contrôle des impulsions et ceux du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie, obésité) répondent diversement à l’hypnose. Elle devra être combinée de manière quasi systématique à une psychothérapie structurée (thérapies brèves et thérapies systémiques) si l’on souhaite obtenir une efficacité significative et durable.
Par extension, l’hypnose est intéressante dans d’autres addictions comme l’alcoolisme, les toxicomanies, voire les addictions comportementales. Elle est alors un traitement d’appoint visant à renforcer l’efficacité des thérapies habituelles.
Les troubles du contrôle des impulsions et ceux du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie, obésité) répondent diversement à l’hypnose. Elle devra être combinée de manière quasi systématique à une psychothérapie structurée (thérapies brèves et thérapies systémiques) si l’on souhaite obtenir une efficacité significative et durable.
Contre-indications et précautions d’emploi
D’après notre expérience et une revue de la littérature, la pratique de l’hypnose éricksonienne a une relative innocuité et n’entraîne aucun effet secondaire.
En dehors de rares manifestations liées à des sorties de transe trop rapides (somnolence, sensations vertigineuses ou céphalées), le risque principal est la création de faux souvenirs pouvant aller jusqu’à des rappels factices de viol ou d’inceste. En conséquence, sa pratique dans le but de retrouver des souvenirs anciens perdus est contre-indiquée.
Enfin, il est nécessaire que la formation du généraliste et la pratique de cette thérapie soient particulièrement bien codifiées (il existe plusieurs DU en France ainsi que des instituts de formation sous l’égide de la CFHTB). De même, lorsqu’il adresse son patient à un hypnothérapeute, le prescripteur doit s’assurer de ses compétences et de son sérieux.
Dans tous les cas, il est important de recueillir, au préalable à toute séance, les a priori du patient sur cette technique qui a fait l’objet d’une médiatisation tapageuse, et connaître ses attentes. Il faut informer et expliquer l’intérêt et les objectifs de cette thérapie, et faire la part des choses quant aux fausses croyances que véhicule l’hypnose.
Pour l’OMS, elle fait partie des thérapies non conventionnelles.
Elle est utilisable seule ou en association avec les psychothérapies brèves stratégiques et solutionnistes.
L’autohypnose est complémentaire.
Principales indications en médecine générale : douleurs aiguës et/ou chroniques, troubles fonctionnels et pathologies psychosomatiques, anxiodépression et addictions.
En dehors de rares manifestations liées à des sorties de transe trop rapides (somnolence, sensations vertigineuses ou céphalées), le risque principal est la création de faux souvenirs pouvant aller jusqu’à des rappels factices de viol ou d’inceste. En conséquence, sa pratique dans le but de retrouver des souvenirs anciens perdus est contre-indiquée.
Enfin, il est nécessaire que la formation du généraliste et la pratique de cette thérapie soient particulièrement bien codifiées (il existe plusieurs DU en France ainsi que des instituts de formation sous l’égide de la CFHTB). De même, lorsqu’il adresse son patient à un hypnothérapeute, le prescripteur doit s’assurer de ses compétences et de son sérieux.
Dans tous les cas, il est important de recueillir, au préalable à toute séance, les a priori du patient sur cette technique qui a fait l’objet d’une médiatisation tapageuse, et connaître ses attentes. Il faut informer et expliquer l’intérêt et les objectifs de cette thérapie, et faire la part des choses quant aux fausses croyances que véhicule l’hypnose.
Pour l’OMS, elle fait partie des thérapies non conventionnelles.
Elle est utilisable seule ou en association avec les psychothérapies brèves stratégiques et solutionnistes.
L’autohypnose est complémentaire.
Principales indications en médecine générale : douleurs aiguës et/ou chroniques, troubles fonctionnels et pathologies psychosomatiques, anxiodépression et addictions.
Pour en savoir plus
Inserm U 1178. Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose. Rapport. Juin 2015: 213 p.
Académie nationale de médecine.Les thérapies complémentaires : leur place parmi les ressources de soins. 5 mars 2013: 33 p.
Collot E. Hypnose et hypnothérapie. EMC (Elsevier SAS, Paris), Psychiatrie, 2002;112 [37-820-B-50].
Schnur JB, Kafer I, Marcus C, Montgomery GH. Hypnosis to manage distress related to medical procedures: a meta-analysis. Contemp Hypn 2006;25:114-28.
Olness K, Kohen DP. Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant, 3e ed. Bruxelles: Satas; 2006.
Académie nationale de médecine.Les thérapies complémentaires : leur place parmi les ressources de soins. 5 mars 2013: 33 p.
Collot E. Hypnose et hypnothérapie. EMC (Elsevier SAS, Paris), Psychiatrie, 2002;112 [37-820-B-50].
Schnur JB, Kafer I, Marcus C, Montgomery GH. Hypnosis to manage distress related to medical procedures: a meta-analysis. Contemp Hypn 2006;25:114-28.
Olness K, Kohen DP. Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant, 3e ed. Bruxelles: Satas; 2006.