L’obésité est un déterminant majeur de la santé, favorisant l’apparition de nombreuses autres pathologies. Cinquième cause de mortalité dans le monde, elle s’accompagne de complications mécaniques et métaboliques entraînant l’apparition de diabète, maladies cardiovasculaires et cancers. Elle est également responsable d’une altération de la qualité de vie, source de troubles psychiques aggravés par une stigmatisation fréquente.
De 1997 à aujourd’hui, la prévalence de l’obésité a doublé, passant de 8,5 % à 17 % de la population française. Au total, 8,5 millions de personnes sont en situation d’obésité aujourd’hui en France métropolitaine. Les projections faites en 2016 par l’OMS pour la France sont particulièrement inquiétantes : en 2030, les chiffres devraient atteindre 25 à 29 %. Les coûts directs et indirects liés à l’obésité sont très élevés. Une analyse de la Direction générale du Trésor de 2016 évaluait le coût social de la surcharge pondérale à 20,4 Mds €, dont 9,5 Mds € pour la seule dépense de santé (coût direct).
L’obésité est un marqueur majeur des inégalités sociales de santé, en raison de son lien avec le niveau socioéconomique et/ou d’éducation , à ce titre les territoires ultramarins sont particulièrement touchés. Cette situation s’aggrave en période de crise (pandémie, inflation…). L’obésité touche les enfants, majoritairement les plus défavorisés, ce qui retentit sur les générations futures. À l’autre extrême de l’échelle d’âge, l’obésité réduit le nombre de personnes âgées en bonne santé.
Il y a donc urgence à agir !
Dans mon rapport sur la prévention et la prise en charge de l’obésité, rendu au ministère de la Santé et de la Prévention et au ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, j’ai fixé quatre grands objectifs :1
- prévenir : diminuer l’incidence de l’obésité en agissant prioritairement sur les plus défavorisés ;
- mieux soigner : augmenter le nombre de personnes en surpoids ou en situation d’obésité accédant à des soins adaptés à leur situation ;
- investir dans la recherche et l’innovation ;
- investir prioritairement dans les départements et régions d’outre-mer (DROM).
En écho au travail du Dr Danelsky,2 mon rapport insiste sur la prévention et le soin vis-à-vis des enfants, l’investissement dans la prévention et le soin de l’obésité de l’enfant étant indispensable pour préserver l’avenir.
Pour la prévention primaire, les recommandations portent sur l’environnement alimentaire des enfants avec notamment un accès renforcé à la cantine pour les enfants de classes sociales défavorisées et l’interdiction de la publicité pour les aliments de mauvaise qualité nutritionnelle aux heures de grande écoute des enfants et adolescents. Les déterminants de l’obésité étant multiples, je préconise également la mise en place d’un programme expérimental d’actions de prévention de l’obésité infantile « à 360° » multipartenaires et multisectorielles. Ces actions, ciblant particulièrement les catégories sociales défavorisées, les enfants et leurs parents, réuniront sur un micro-territoire donné (quartier prioritaire de la ville, dont un territoire des DROM) tous les acteurs et interventions susceptibles de concourir à la prévention et à la prise en charge de l’obésité. Ces actions seront co-construites et s’appuieront sur les initiatives locales. Le programme expérimental sera évalué par Santé publique France, avant une généralisation à l’ensemble des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Pour le soin, il convient de favoriser le dépistage et la prise en charge en soins primaires par le médecin et les équipes pluriprofessionnelles. Cela nécessite des mesures urgentes de formation. Les médecins doivent être mieux formés à la prévention et au traitement de l’obésité durant le deuxième cycle des études médicales et le DES de médecine générale. Mais une formation continue avec des outils simples comme le guide du Dr Danelsky2 et les documents disponibles sur le site banco-formation3 sont indispensables. La formation à la prise en charge de l’obésité de l’enfant et de l’adulte doit concerner non seulement les médecins mais aussi l’ensemble des professionnels impliqués dans la prévention et le traitement de l’obésité. Un travail de production de contenu est donc à réaliser.
La sensibilisation de l’ensemble de la société aux enjeux liés à l’obésité, allant de l’individu aux politiques en passant par les professionnels de santé et les médias, est indispensable et urgente. Investir dans la prévention et le soin de l’obésité est non seulement un devoir moral mais également un investissement économique pour l’avenir.
2. Danelsky C. Surpoids des enfants âgés de 3-12 ans : un outil d’aide à la consultation. Rev Prat Med Gen A COMPLETER.
3. Banco : boîte à outils obésité. https://bit.ly/3QaQGcW