Des certificats descriptifs sont rédigés pour les demandeurs d’asile afin de leur permettre de témoigner de sévices subis auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).Dans une étude rétrospective, le département de médecine légale d’Amiens, centre de référence pour l’évaluation médicale des demandeurs d’asile, a étudié les caractéristiques sociodémographiques de ces demandeurs et des violences qu’ils rapportaient au cours de la première année de la pandémie de Covid-19. Ces données ont été comparées à celles publiées par l’Ofpra. L’étude a porté sur 299 consultations réalisées en 2021. La sollicitation de certificats pour demande d’asile a diminué de façon importante pendant la période de pandémie, et le niveau national atteint en 2021 (environ 100 000) n’a pas retrouvé celui de 2018-2019 (environ 135 000). De façon assez similaire avec les statistiques nationales, les demandeurs d’asile vus à Amiens étaient pour deux tiers des hommes. L’examen clinique et radiologique permettait d’identifier des traumatismes directs, d’origine militaire ou des autorités de police pour les hommes, et d’origine plutôt familiales ou des proches pour les femmes. Ces lésions étaient similaires dans les deux sexes, en dehors des lésions génitales, spécifiques aux femmes, et il n’y avait pas de différences significatives en fonction des pays d’origine. Les lésions constatées étaient compatibles avec les faits dénoncés dans 95 % des cas. Il existait un retentissement psychologique chez les trois quarts des femmes et la moitié des hommes. On notait cependant des différences avec les statistiques nationales, en ce qui concerne l’origine géographique, avec une sur-représentation de demandeurs venus de Guinée et de république démocratique du Congo par rapport à ceux venus d’Afghanistan.La pandémie a limité la mobilité mondiale, entraînant donc une baisse très importante des demandes de protection en France, de l’ordre de 30 % en 2020. Cette baisse est multifactorielle : restrictions pour voyager, diminution des moyens financiers des familles pour payer les passeurs et fermeture de l’Ofpra pendant presque toute la durée de la pandémie.

Olivier Jardé, département de médecine légale, CHU et université d’Amiens.

15 novembre 2022