Implants dentaires. Leurs très larges indications et le succès de leur pose peuvent être assombris par l’apparition chez un patient sur cinq d’une péri-implantite dont la prévention impose un suivi régulier et une bonne hygiène buccale.
thérapeutique
Remplacer les dents manquantes n’est pas un acte purement esthétique mais un véritable acte thérapeutique.
Depuis de nombreuses années, la pose d’implants s’est progressivement imposée comme une technique très fiable pour remplacer des dents manquantes.
L’objectif du traitement implantaire est la réalisation d’une prothèse confortable, esthétique et fonctionnelle. Il s’agit dans la majorité des cas d’offrir aux patients une solution de prothèse fixe comme alternative à la prothèse amovible ou à la réalisation de bridges qui nécessitent de prendre appui sur des dents naturelles adjacentes saines.
Les implants permettent de remplacer les dents naturelles quand elles ont été perdues à la suite d’un accident, d’une maladie parodontale, ou de caries trop importantes.

Qu’est-ce qu’un implant ?

L’implant est une racine artificielle que l’on place dans l’os pour supporter une couronne et remplacer une ou plusieurs dents naturelles. Il est le plus souvent en titane mais il existe des implants en tantale ou en zircone. Vers 1950, le chirurgien suédois Per-Ingvar Brånemark a découvert que des vis en titane pouvaient se lier directement aux tissus vivants, en particulier à l’os. Il a nommé ce phénomène biologique « ostéo-intégration ». En 1965, les premiers implants ont été réalisés dans la bouche d’un patient suédois qui les a conservés pendant 40 ans. Depuis les années 1980, cette technique a été dif- fusée dans le monde entier et a fait ses preuves par la publication de très nombreuses études cliniques.

Techniques de mise en place des implants

Technique suédoise dite « en deux temps »

Dans la technique en deux temps, après avoir réalisé un examen clinique et radiographique et conçu un projet prothétique, le praticien incise la gencive et réalise un lambeau d’accès puis un forage calibré pour mettre en place l’implant. Après avoir mis une vis de protection du filetage de l’implant, appelée vis de couverture, il referme la gencive et laisse l’implant en nourrice pour permettre la cicatrisation osseuse.
La mise en nourrice dure en général 2 à 4 mois. Au cours de cette phase d’attente, une prothèse provisoire est réalisée afin que le patient puisse mener une vie sociale normale.
Après cette phase de mise en nourrice, le praticien réalise le dégagement chirurgical des implants que l’on nomme en France « mise en fonction » ou deuxième temps chirurgical.
On peut alors réaliser la phase prothétique du traitement qui consiste à prendre des empreintes, faire un essayage des armatures métalliques puis procéder au scellement ou au vissage de la prothèse. Cette phase de traitement dure environ 1 mois.

Technique suisse dite « en un temps »

Dans la technique en un temps, l’implant n’est pas mis en nourrice, mais la gencive est suturée autour du col de l’implant.
Une vis de protection du filetage de l’implant, appelée vis de couverture, est mise en place comme pour la technique « en deux temps » mais elle se situe au ras de la gencive et apparaît donc dans la cavité buccale. La période de cicatrisation osseuse est la même.
La phase prothétique est la même que pour la technique « en deux temps ».

Technique dite de mise en charge immédiate

Cette technique développée plus récemment consiste à placer une prothèse provisoire vissée ou scellée le jour de la mise en place chirur- gicale des implants. Elle concerne essentiellement les dents du secteur antérieur. Elle est soumise à des impératifs stricts de stabilité primaire des implants et d’occlusion.

De larges indications

Le traitement par prothèse implanto-portée s’adresse à la grande majo- rité des patients sous les conditions suivantes :
– leur état de santé ; une pathologie valvulaire cardiaque avec prothèse ou une immunodépression sont des contre-indications formelles ;
– un volume osseux suffisant ; en cas d’insuffisance, on peut avoir recours à des greffes osseuses ou à des comblements de sinus mais ces chirurgies pré-implantaires allongent la durée du traitement ;
– l’absence de maladie parodontale ;
– une bonne hygiène buccale.
Lorsque l’indication est bien posée et que la réalisation des implants et de la prothèse est conforme aux bonnes pratiques, le taux de succès de cette technique est supérieur à 95 % à 10 ans*. Ce traitement est donc considéré comme extrêmement fiable et peut être proposé aux patients en toute sécurité.

La péri-implantite : une complication à prévenir

Le succès peut être toutefois assombri par l’apparition d’une péri-implantite, pathologie sournoise décrite au début des années 2010. Il s’agit d’une maladie inflammatoire qui atteint les tissus péri-implantaires, autrement dit la gencive et l’os. Comme la parodontite, maladie altérant les tissus autour des dents, la péri-implantite est d’origine microbienne. Malheureusement, de nombreux autres facteurs peuvent l’initier ou l’aggraver : hygiène buccale insuffisante, pathologie parodontale non traitée, défaut de gencive kératinisée autour de l’implant, surcharge occlusale, corps étranger (ciment de scel- lement excessif), défaut de profil prothétique mais également une addiction au tabac, à l’alcool, ou un diabète.
L’implant n’est jamais la cause de douleurs. Le patient ne se plaint que lorsqu’il est trop tard et que l’os péri- implantaire est gravement résorbé. Il est donc primordial d’assurer un suivi régulier afin de contrôler la santé des tissus entourant l’implant. Par ailleurs, d’autres facteurs biologiques concernant le métabolisme osseux doivent être pris en compte.
En 2012, l’Institut de veille sanitaire a informé le corps médical de l’état de carence chronique de la population en vitamine D. Cette carence, parfois profonde, a été associée à certains échecs d’implants ou de greffe osseuse,1-3 imposant une supplémentation systématique après 60 ans.
Par ailleurs, si l’hypercholestéro- lémie a déjà été identifiée comme un élément d’aggravation des infections parodontales, elle est également mise en cause comme facteur de risque de la péri-implantite, en tant qu’inhibiteur de l’ostéo-intégration.3, 4 Là encore, la prise en charge médicale du patient s’imposera dans les situations à risque ou en cas d’échec initial.
L’apparition et le développement de cette maladie, dont la prévalence généralement admise concerne 1 patient sur 5 après 10 ans, peuvent être prévenus ou limités par une hygiène buccale assidue, associée à une surveillance odontologique régulière et à un contrôle régulier de l’état de santé du patient. V
* Il existe également un risque de rupture du lien d’ostéo-intégration dans certains cas de parafonction comme le bruxisme.
Références
1. Choukroun E, Russe P, Khoury G, Ghanaati S. Dosage de la vitamine D en cabinet dentaire. Lettre Stomatologie 2016;69. journal-stomato-implanto.com ou https://bit.ly/2PyMce8
2. Mangano F. Is low serum vitamine D associated to early dental implant failure? A retrospective evaluation on 1625 implants. Mediators Inflamm 2016;2016:5319718.
3. Ljungqvist O, Dardai E, Allison SP. Basics in clinical nutrition: perioperative nutrition. Clin Nutrition Espen 2010;5:e93-6.
4. Bastos AS, Graves DT, Loureiro AP, et al. Lipid peroxidation is associated with the severity of periodontal disease and local inflammatory markers in patients with type 2 diabetes. J Clin Endocrinol Metab 2012;97 :E1353-62.

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