Il existe deux principaux types d’incontinence urinaire chez la femme : l’incontinence urinaire à l’effort (perte involontaire d’urine à l’effort, la toux, l’éternuement) et celle par urgenturie (urgences mictionnelles dans le cadre d’une hyperactivité vésicale). Le traitement de ces deux types d’incontinence passe par la rééducation périnéale en première intention. En deuxième ligne, si la rééducation n’a pas été suffisamment efficace, il est en revanche différent : anticholinergiques dans l’incontinence urinaire par urgenturie ; chirurgie dans l’incontinence urinaire d’effort (bandelette sous-urétrale).
Implants de renfort : quels risques ?
L’ANSM a récemment publié une mise à jour des données de matériovigilance concernant les implants de renfort dans le traitement de l’incontinence urinaire et du prolapsus des organes pelviens. Depuis 2014, ces dispositifs font l’objet d’une surveillance renforcée, tant en France qu’au niveau international, en raison de la notification de complications après leur pose. Ils appartiennent depuis 2017 à la classe de risque III (risque élevé). L’augmentation des ventes constatée entre 2014 et 2017 avait par ailleurs confirmé la nécessité de renforcer la surveillance de ces dispositifs.
La majorité des incidents signalés dans ce nouveau rapport concernaient les bandelettes sous-urétrales, utilisées dans le traitement de l’incontinence urinaire de la femme. Ainsi, 189 signalements d’incidents ont été comptabilisés entre 2016 et 2021 (pour un volume de ventes annuel de 30 000 dispositifs jusqu’en 2019). Parmi eux, 98 décrivaient des effets survenus chez les patientes (les autres étant des incidents sans conséquences cliniques) : le plus souvent, érosion ou exposition, signes fonctionnels urinaires, douleurs.
Rappelons que, depuis la réévaluation de la HAS de 2020, aucun dispositif implantable destiné au traitement du prolapsus des organes pelviens par voie vaginale n’est disponible en France (hors essais cliniques) et que des nouvelles recommandations ont été publiées récemment pour la prise en charge de cette pathologie.
La rééducation marche-t-elle ?
La prise en charge conservatrice de l’incontinence de la femme comporte plusieurs volets : rééducation périnéale, réalisée par un(e) kinésithérapeute ou sage-femme, où plusieurs techniques sont possibles (exercices de contraction des muscles du périnée avec ou sans sonde vaginale d’électrostimulation et/ou de biofeedback, par cônes vaginaux, ultrasons, dynamomètre…) ; association à des mesures hygiénodiététiques (réduction pondérale en cas de surpoids) et éventuellement à un traitement comportemental (adaptation des apports liquidiens, reprogrammation mictionnelle, tenue d’un calendrier mictionnel) ; utilisation de pessaires…
Mais quelle est l’efficacité de chaque intervention, selon le type d’incontinence ? Une vaste revue récemment publiée par la Cochrane réunit les données disponibles à ce jour.
Près de 200 méta-analyses ont été incluses dans cette revue, elles-mêmes comprenant des essais randomisés. Les données concernaient ainsi différents types d’intervention conservatrices et des traitements de comparaison, qui pouvaient être un contrôle (traitement fictif ou soins habituels), une autre intervention conservatrice ou une intervention non conservatrice.
Première conclusion : cette revue confirme, avec un niveau de certitude élevé, que la rééducation périnéale est plus bénéfique que les interventions contrôle dans la guérison des symptômes et l’amélioration de la qualité de vie des patientes, quel que soit le type d’incontinence. De plus, l’efficacité est améliorée lorsque la rééducation est plus intense, plus fréquente, réalisée sous supervision, ou combinée avec des interventions comportementales (niveau de certitude modéré).
Selon les auteurs, dans l’incontinence urinaire d’effort, il existe des preuves (de certitude modérée à élevée) de l’efficacité des cônes et autres dispositifs intravaginaux ainsi que des exercices pour renforcer les muscles du périnée. Dans l’incontinence urinaire par urgenturie, il existe des preuves (de certitude modérée à élevée) de l’efficacité des exercices pour renforcer les muscles du périnée, de la stimulation électrique et d’un traitement comportemental (rééducation des capacités vésicales), par rapport aussi bien à d’autres traitements qu’à l’absence de traitement. Enfin, l’analyse des données, tous types d’incontinence confondues,montre queles interventions les plus bénéfiques étaient la rééducation des muscles du périnée et la perte de poids. Les preuves semblent, en revanche, insuffisantes, pour des interventions physiques comme les thérapies manuelles, les ultrasons, la stimulation magnétique…
Todhunter-Brown A, Hazelton C, Campbell P, et al. Conservative interventions for treating urinary incontinence in women: an Overview of Cochrane systematic reviews. Cochrane library 2 septembre 2022.
Cosson M, Deffieux X. Prolapsus et incontinence urinaire de la femme. Rev Prat Med Gen 2021;35(1060);409-12.