Quand, fin décembre 2019-début janvier 2020, les premiers cas de pneumopathie atypique due à un agent infectieux inconnu à Wuhan ont été signalés sur les réseaux sociaux puis par le réseau de surveillance épidémiologique chinois, peu de personnes imaginaient qu’en mars 2022 nous allions entamer la troisième année d’une crise sanitaire internationale majeure dont on ne sait pas encore avec certitude si la sortie se profile enfin ou pas.
Mortalité directe, mortalité indirecte et morbidités
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 6 249 700 personnes seraient décédées du Covid-19 en un peu plus de deux ans.1 Ce chiffre est très probablement sous-estimé, car de nombreux pays à travers le monde ne possèdent pas de système de surveillance assez performant pour recenser avec précision la mortalité attribuable au Covid-19 ni de moyens de dépistage facilement accessibles. L’OMS évalue ainsi un nombre de décès 3 à 4 fois plus élevés que ce qui est officiellement rapporté.
Cependant, l’impact du Covid-19 va bien au-delà de la mortalité qui lui est directement imputable. En effet, le nombre de décès indirects par retard d’accès aux soins ou par décompensation de pathologies chroniques est à ce jour difficilement évaluable mais devrait se chiffrer par dizaine de millions dans les années à venir.
De plus, la morbidité associée au Covid-19, incluant par exemple le spectre des manifestations clinico-biologiques dites du « Covid long », risque d’entraîner une consommation de soins importante avec un impact social certain.
Face aux incertitudes de ce tableau épidémiologique et clinique assez sombre, il est malgré tout une certitude : la mobilisation sans faille des soignants, des scientifiques, des politiques mais aussi de la société civile nous permet d’entrevoir « la lumière au bout du tunnel », même si le « vivre avec » va probablement devenir la norme et qu’il ne faut plus penser que l’on pourra éliminer, et encore moins éradiquer, le SARS-CoV-2.
Cependant, l’impact du Covid-19 va bien au-delà de la mortalité qui lui est directement imputable. En effet, le nombre de décès indirects par retard d’accès aux soins ou par décompensation de pathologies chroniques est à ce jour difficilement évaluable mais devrait se chiffrer par dizaine de millions dans les années à venir.
De plus, la morbidité associée au Covid-19, incluant par exemple le spectre des manifestations clinico-biologiques dites du « Covid long », risque d’entraîner une consommation de soins importante avec un impact social certain.
Face aux incertitudes de ce tableau épidémiologique et clinique assez sombre, il est malgré tout une certitude : la mobilisation sans faille des soignants, des scientifiques, des politiques mais aussi de la société civile nous permet d’entrevoir « la lumière au bout du tunnel », même si le « vivre avec » va probablement devenir la norme et qu’il ne faut plus penser que l’on pourra éliminer, et encore moins éradiquer, le SARS-CoV-2.
Une course contre la montre
Dès l’identification (très rapide : moins d’un mois après les premiers cas de maladie) de l’agent infectieux responsable du Covid-19, un virus de la famille des Coronavirus, une course marathon à la recherche d’un traitement préventif et curatif s’est engagée. En parallèle, des mesures non pharmacologiques (confinement, utilisation de masques, lavage des mains…) que la population s’est massivement appropriées ont permis de limiter l’impact des premières vagues épidémiques.
En juin 2020, la preuve que la dexaméthasone diminuait de 20 à 30 % la mortalité hospitalière du Covid-19 est apportée ; cette découverte a constitué un tournant dans la prise en charge des patients, en particulier en réanimation.
Dès juillet 2020, les premiers volontaires étaient inclus dans les essais vaccinaux au cœur de la vague dite « Alpha » qui sévissait à cette période aux États-Unis, ce qui a permis de boucler très rapidement les essais et de mettre à disposition les premiers vaccins à ARN messager en décembre 2020. Même si les vaccins ont vu leurs performances sur la prévention de la transmission diminuer avec le temps et surtout vis-à-vis des variants, leur efficacité à prévenir les hospitalisations, les formes sévères et les décès a changé le visage de la pandémie. Ils ont auguré de l’évolution d’une maladie potentiellement mortelle sans moyens de prévention autres que non pharmacologiques (avec tous les inconvénients sociétaux liés à une certaine forme de restriction des libertés individuelles imposée dans une ambition de lutte collective contre l’épidémie) à une maladie à prévention vaccinale (dont le calendrier de rappels reste encore à définir).
Le champ thérapeutique s’est également élargi à une vitesse rarement expérimentée auparavant. La compréhension fine de la physiopathologie de la maladie (période d’incubation courte suivie d’une phase présymptomatique avec un maximum d’excrétion virale, phase virale, puis phase inflammatoire pouvant mener à la détresse respiratoire aiguë) a permis de repositionner des médicaments qui ont rapidement changé le cours de son histoire naturelle. Dans un premier temps, les immunomodulateurs (tocilizumab, baricitinib…), en complément de la dexaméthasone, ont encore amélioré le pronostic des patients hospitalisés. Puis les anticorps monoclonaux, premiers médicaments spécifiques du SARS-CoV-2, ont ouvert la voie à une approche thérapeutique pré- et post-exposition. Les antiviraux directs devraient, quant à eux, permettre en 2022 une vraie prise en charge ambulatoire (dès que tous les obstacles législatifs et logistiques auront été surmontés).
En juin 2020, la preuve que la dexaméthasone diminuait de 20 à 30 % la mortalité hospitalière du Covid-19 est apportée ; cette découverte a constitué un tournant dans la prise en charge des patients, en particulier en réanimation.
Dès juillet 2020, les premiers volontaires étaient inclus dans les essais vaccinaux au cœur de la vague dite « Alpha » qui sévissait à cette période aux États-Unis, ce qui a permis de boucler très rapidement les essais et de mettre à disposition les premiers vaccins à ARN messager en décembre 2020. Même si les vaccins ont vu leurs performances sur la prévention de la transmission diminuer avec le temps et surtout vis-à-vis des variants, leur efficacité à prévenir les hospitalisations, les formes sévères et les décès a changé le visage de la pandémie. Ils ont auguré de l’évolution d’une maladie potentiellement mortelle sans moyens de prévention autres que non pharmacologiques (avec tous les inconvénients sociétaux liés à une certaine forme de restriction des libertés individuelles imposée dans une ambition de lutte collective contre l’épidémie) à une maladie à prévention vaccinale (dont le calendrier de rappels reste encore à définir).
Le champ thérapeutique s’est également élargi à une vitesse rarement expérimentée auparavant. La compréhension fine de la physiopathologie de la maladie (période d’incubation courte suivie d’une phase présymptomatique avec un maximum d’excrétion virale, phase virale, puis phase inflammatoire pouvant mener à la détresse respiratoire aiguë) a permis de repositionner des médicaments qui ont rapidement changé le cours de son histoire naturelle. Dans un premier temps, les immunomodulateurs (tocilizumab, baricitinib…), en complément de la dexaméthasone, ont encore amélioré le pronostic des patients hospitalisés. Puis les anticorps monoclonaux, premiers médicaments spécifiques du SARS-CoV-2, ont ouvert la voie à une approche thérapeutique pré- et post-exposition. Les antiviraux directs devraient, quant à eux, permettre en 2022 une vraie prise en charge ambulatoire (dès que tous les obstacles législatifs et logistiques auront été surmontés).
Et demain ?
Ainsi, les mesures de restriction de certaines libertés individuelles prises au profit de l’effort collectif de lutte contre le Covid-19 ont pu être petit à petit levées, signant une sortie de la phase aiguë de la crise sanitaire.
D’incroyables défis humains et scientifiques ont donc été relevés depuis un peu plus de deux ans, en miroir des dissensions sociétales importantes que l’exception pandémique a engendrées, avec son cortège d’angoisse de mort, de populisme scientifique, d’infodémie (épidémie de fausses informations) et d’événements relevant de la « post-vérité » (illustrée par la relecture des faits scientifiques à l’aune des croyances individuelles véhiculées par les réseaux sociaux).
Il est désormais à peu près certain que nous devrons vivre avec ce virus comme l’on s’accommode des autres virus respiratoires. L’un des plus grands défis qui subsiste alors est celui lié à l’identification des populations les plus vulnérables à la maladie et des moyens les plus efficaces pour les protéger contre les variants qui risquent de remodeler sans cesse le visage clinique de l’épidémie. La recherche scientifique n’a donc pas encore fini d’interroger le défi permanent que lui pose le Covid-19, tandis que les soignants, quelle que soit leur spécialité, vont devoir composer longtemps avec les inconnues des tableaux cliniques polymorphes que présentent les patients infectés par le SARS-CoV-2.
D’incroyables défis humains et scientifiques ont donc été relevés depuis un peu plus de deux ans, en miroir des dissensions sociétales importantes que l’exception pandémique a engendrées, avec son cortège d’angoisse de mort, de populisme scientifique, d’infodémie (épidémie de fausses informations) et d’événements relevant de la « post-vérité » (illustrée par la relecture des faits scientifiques à l’aune des croyances individuelles véhiculées par les réseaux sociaux).
Il est désormais à peu près certain que nous devrons vivre avec ce virus comme l’on s’accommode des autres virus respiratoires. L’un des plus grands défis qui subsiste alors est celui lié à l’identification des populations les plus vulnérables à la maladie et des moyens les plus efficaces pour les protéger contre les variants qui risquent de remodeler sans cesse le visage clinique de l’épidémie. La recherche scientifique n’a donc pas encore fini d’interroger le défi permanent que lui pose le Covid-19, tandis que les soignants, quelle que soit leur spécialité, vont devoir composer longtemps avec les inconnues des tableaux cliniques polymorphes que présentent les patients infectés par le SARS-CoV-2.
Référence