La létalité est de 10-12 %, avec des variations selon le sérogroupe et la forme clinique (20-25 % si purpura fulminans). Les IIM affectent plus fréquemment les nourrissons, les enfants de moins de 5 ans, les adolescents et jeunes adultes (15-24 ans) et les personnes âgées (85 ans et plus). Les sérogroupes B et C sont à l’origine de respectivement 40-50 % et 20-30 % des épisodes tous les ans. Les W et Y, plus rares (environ 14 % pour chaque), sont en augmentation depuis 2015. En France, comme dans d’autres pays européens, la très grande majorité des cas sont sporadiques.
La vaccination contre les infections à méningocoque C est préconisée depuis 2010 (et obligatoire à partir de janvier 2018) chez tous les nourrissons, avec un rattrapage jusqu’à l’âge de 24 ans. Les autres vaccins dirigés contre le sérogroupe B et ACWY ne sont pas intégrés au calendrier vaccinal mais sont recommandés chez les personnes immunodéprimées ou à risque d’exposition (Vaccination Info Service : https://bit.ly/2ZESbTJ).
Déclaration : obligatoire
– mettre en place des mesures de prévention (antibioprophylaxie ± vaccination pour les personnes ayant été en contact proche avec les malades) ;
– contribuer à la surveillance épidémiologique (caractéristiques et évolutions temporelles des IIM) pour détecter des situations inhabituelles et orienter les stratégies de vaccination.
Les souches et/ou prélèvements biologiques sont envoyés au Centre national de référence (CNR) des méningocoques et Haemophilus influenzae, qui procède au typage moléculaire des bactéries par MLST (MultiLocus Sequence Typing) et séquençage du génome entier.
Gestion des situations inhabituelles
Des investigations épidémiologiques et microbiologiques sont réalisées pour caractériser l’épisode et évaluer le risque pour la population, compte tenu des caractéristiques des cas, des taux d’incidence et des résultats de la comparaison des souches (typage par le CNR). Une expertise multidisciplinaire, associant autorités et agences sanitaires locales et nationales, experts en vaccination, cliniciens et souvent partenaires locaux, est sollicitée pour décider des mesures de prophylaxie et/ou de vaccination élargie et en définir le périmètre.
Depuis 2010, 10 grappes de cas ont été signalées en moyenne chaque année. Un tiers survient dans le foyer familial, un tiers dans des établissements scolaires et l’autre tiers dans divers contextes (p. ex : EHPAD, université, milieu professionnel).
En 2017, 2 cas d’IIM W ont été rapportés en moins de 3 mois dans une université à Paris (1 000 étudiants environ). Ils étaient liés à une même souche hypervirulente, le variant UK-2013, en expansion en France. Le délai de presque 3 mois entre les épisodes et l’absence de liens ou d’amis communs suggéraient une circulation de la souche parmi les étudiants de cette université, sans qu’il soit possible de retracer les chaînes de transmission. Après une expertise multidisciplinaire, il a été décidé de recommander les vaccins tétravalents ACWY aux élèves pour les stages d’été, puis à l’ensemble des étudiants lors de la rentrée universitaire.2
Les épisodes épidémiques traduisent l’introduction récente d’une souche invasive de méningocoque dans une population. Ils touchent une communauté ou une zone géographique plus large que les grappes de cas.
En 2016, 4 cas d’IIM B sont survenus dans un délai de moins de 1 mois dans un secteur regroupant 12 communes du Beaujolais chez des adolescents et jeunes enfants. Ils étaient dus à une souche de génotype identique, rare en France, et rattachée au complexe clonal 32. Taux d’attaque : 23 cas pour 100 000 habitants, supérieur au seuil épidémique.
Sur la base d’une expertise multidisciplinaire,1 il a été décidé d’organiser une campagne de vaccination par Bexsero ciblant les 4 330 sujets âgés de 2 mois à 24 ans dans cette zone ainsi que les sujets travaillant, scolarisés ou en mode de garde. Elle a été organisée par l’ARS 3 semaines après le dernier cas, en multipliant les accès à la vaccination (milieu scolaire, centres de PMI, secteur libéral…). La couverture vaccinale globale a été estimée à 47 % pour une dose et 41 % pour 2. Près de trois quarts des administrations ont été dispensées en milieu scolaire et 15 % par les médecins libéraux (ce faible pourcentage étant dû à des difficultés organisationnelles liées à la disponibilité du vaccin). À la suite de cette campagne, un cas lié à la souche épidémique a été identifié dans un village proche, mais aucun n’est survenu dans le secteur concerné par la vaccination.3
Un foyer d’hyperendémie correspond à une augmentation durable de l’incidence – par rapport à celle habituelle – pour une souche dans un secteur géographique donné. Des critères sont définis pour les IIM B (
En 2016, un épisode lié à la souche UK-2013 a été identifié dans le campus universitaire de Dijon, motivant une campagne de vaccination par les vaccins ACWY ciblant plus de 30 000 étudiants et membres du personnel. La situation a été contenue au cours de l’année qui a suivi. Mais, en 2018, 4 cas d’IIM W liés à la même souche sont survenus dans un délai de 6 mois chez des jeunes adultes (dont 2 étudiants) résidant autour de Dijon (Dijon-Genlis). Dans cette zone, le taux d’incidence des IIM W était plus de 10 fois supérieur à celui observé dans le reste de la France, témoignant de la persistance d’une hyperendémicité liée à la souche UK-2013 avec un risque particulièrement élevé chez les jeunes adultes. Une nouvelle campagne de vaccination anti-ACWY a été organisée entre octobre 2018 et mars 2019 auprès des jeunes adultes âgés de 17 à 24 ans résidant, étudiant ou travaillant dans la zone, en impliquant CHU, médecine universitaire et médecins libéraux (délivrance dans les officines).
Professionnels de santé : sensibiliser et vacciner
Les différents exemples illustrent le rôle clé des professionnels de santé sur le terrain dans ces alertes : signalement précoce des cas, participation à l’évaluation du risque, sensibilisation de la population et participation à la vaccination. Une étude réalisée pour le Baromètre santé 2016 a montré que les parents d’enfants âgés de 1 à 15 ans s’adressent avant tout à leur médecin généraliste pour avoir des renseignements sur les vaccins (81 %). La majorité (95 %) ont confiance dans les informations transmises (vs 70 % si elles sont communiquées par le ministère de la Santé).4 Le discours institutionnel doit être soutenu par les praticiens de terrain pour obtenir une meilleure adhésion de la population. Lors d’IIM groupées, impliquant un petit nombre de cas, il peut être difficile de convaincre de l’intérêt de la vaccination en raison d’une faible perception du risque individuel. Cette notion et l’information sur l’efficacité du vaccin sont déterminantes pour emporter la décision. Les médecins généralistes ont un rôle majeur pour transmettre des messages clairs sur les bénéfices individuels et collectifs de la vaccination.
2. Bassi C, Taha MK, Merle C, et al. A cluster of invasive meningococcal disease (IMD) caused by Neisseria meningitidis serogroup W among university students, France, February to May 2017. Euro Surveill 2017;22:pii: 30574.
3. épidémie d’infections invasives à méningocoque B dans le Beaujolais (Rhône), 2016. BEH 2018(30-31): 611-34.
4. Gautier A, Verger P, Jestin C et le groupe Baromètre santé 2016. Sources d’information, opinions et pratiques des parents en matière de vaccination en France en 2016. BEH 2017(Hors-série vaccination des jeunes enfants):28-35.