C’est un constat : malgré plusieurs lois en vigueur, les visites médicales ont une influence sur les prescriptions. La HAS vient de publier un rapport avec des recommandations pour mieux encadrer la promotion par démarchage des industriels.

Les visites médicales ont une influence mesurable et importante sur les prescriptions

Dans un rapport publié début février 2023, la HAS a évalué l’impact des pratiques de promotion par démarchage, s’appuyant sur une vaste analyse de la littérature incluant 199 études et 12 revues systématiques publiées entre janvier 2004 et décembre 2018 dans plus de 30 pays. Sans surprise, ce travail confirme que les pratiques de promotion par démarchage, notamment la « visite médicale », incitent à prescrire, utiliser ou conseiller les produits de santé les plus récents. Même si les stratégies de communication des industriels ont évolué, grâce aux lois en vigueur, le démarchage est encore aujourd’hui l’un des outils de promotion privilégié par les laboratoires pharmaceutiques : entretiens individuels, rencontres collectives, conférences, contacts lors de congrès…

Plusieurs études mettent en évidence un lien statistique entre ces actions promotionnelles et les comportements des prescripteurs : augmentation des volumes, orientation vers les nouveautés et les produits les plus coûteux.

Une influence sous-estimée

Interrogés, les médecins décrivent les visites médicales comme un bon moyen de se tenir informés sur les nouveautés thérapeutiques. Les études révèlent cependant que cette information, donnée oralement, est partielle. Elle met essentiellement en avant l’efficacité des médicaments promus, tandis que les données de sécurité sont peu évoquées, notamment les effets indésirables les plus graves.

Si les professionnels de santé ont conscience que ce démarchage influence les prescriptions, ils considèrent que cela concerne surtout leurs pairs et moins eux-mêmes.

Trois pistes pour encadrer la promotion

La HAS formule donc plusieurs préconisations pour mieux « gérer ou encadrer » la promotion, à commencer par le lancement d’une grande concertation sur le système de régulation afin de choisir les modes d’action les plus efficaces. En particulier, elle propose trois pistes :

  • Uniformiser les règles de gestion des contacts avec les représentants de l’industrie à appliquer aux entreprises, mais aussi aux établissements de santé et médico-sociaux.
  • Former les futurs professionnels à l’analyse de l’information promotionnelle, et aux techniques marketing, afin de les aider à gérer leurs interactions avec les représentants de l’industrie pharmaceutique. Même courtes, ces formations aiguisent l’esprit critique des étudiants et leur conscience de l’influence de ces techniques promotionnelles.
  • Mener une réflexion sur le financement indépendant de la formation et des congrès, lieux de partage des connaissances.

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