Lactivité physique dans le cadre d’une maladie chronique comme la maladie de Parkinson a pour objectif d’améliorer les manifestations cliniques motrices et non motrices de la maladie mais aussi, à plus long terme, de modifier la neuroplasticité et l’évolution au long cours (v. tableau). Elle influence également les fonctions cardiorespiratoires du malade.L’activité physique comprend l’activité physique au quotidien et les activités sportives, la rééducation fonctionnelle, les activités récréatives comme le tai chi ou la danse. La nature de ces activités va considérablement varier en fonction du stade d’évolution des troubles moteurs et non moteurs en sachant que le patient atteint de la maladie de Parkinson est plus sédentaire dès le début de la maladie. En effet, au début de la maladie, le patient peut gérer ses propres activités physiques en dehors des circuits médicalisés, et une fonction de type « coaching » peut être suffisante, alors qu’à un stade plus évolué la prise en charge kinésithérapique devient indispensable. La survenue des chutes et des épisodes de freezing peu ou pas sensibles au traitement dopa- minergique signe un stade plus évolué où l’intervention de professionnels formés devient indispensable, qu’il s’agisse de kinésithérapeutes travail- lant en ville ou en centre de rééducation où des prises en charge intensi- fiées sur quelques semaines peuvent être proposées. Cette variabilité phé- notypique de la maladie de Parkinson nécessite la proposition de programmes individuels adaptés prenant en compte les fluctuations, les dyskinésies, la présence de troubles cognitifs, d’une apathie ou d’une dépression.

Résultats des études cliniques

Les évaluations des programmes de rééducation disponibles concernent essentiellement des protocoles de rééducation intense réalisés sur de courtes périodes. Une étude Cochrane1 portant sur 39 études randomisées incluant 1 827 patients a montré que la prise en charge physiothérapique améliorait la vitesse de marche (0,4 m/s), l’équilibre, le score UPDRS et les résultats du test « Timed Up and Go »(v. encadré2, 3). Les limites de ces études sont nombreuses, montrant une amélioration clinique peu importante, peu d’action sur les chutes, une grande variabilité des interventions, et une évaluation à court terme sans mesure du rapport coût-efficacité.
Plus récemment, une revue de la littérature,4 qui n’évaluait pas le niveau de preuve des articles, concluaient également que l’activité physique améliorait la marche et la mobilité et, dans la catégorie des signes non moteurs, la fatigue, la cognition, les fonctions exécutives et la qualité du sommeil.
Les cibles principales de l’activité physique sont la posture, le renforcement musculaire, l’entraînement aérobique sur tapis ou bicyclette. Un minimum de 4 semaines d’entraînement à la marche ou de 8 semaines d’entraînement à l’équilibre peuvent avoir des effets positifs qui persistent pendant 3 à 12 mois après la fin du traitement. Une musculation soutenue, un entraînement aérobique d’au moins 12 semaines peuvent produire des effets bénéfiques à long terme. D’autres études sont nécessaires pour vérifier les effets modificateurs de la maladie de ces interventions.5

Approches alternatives

Plusieurs travaux ont évalué l’apport du tai chi, des exercices en milieu aquatique, de la danse, de la marche nordique, des sports de combat… et certaines ont montré des résultats intéressants sur la marche, la mobilité et la qualité de vie dans laquelle la part ludique de ce type d’entraînement a un rôle important à jouer.

Nouvelles méthodes en cours de développement

De façon très spécifique à la maladie de Parkinson, la production d’indices externes visuels ou auditifs améliore les déficits et des dispositifs de biofeedback embarqués (leds, smart glasses ou smartphone) sont en voie de développement.
De nouvelles approches ont été évaluées : les stratégies dites d’interventions multiples combinent la physiothérapie orientée selon le profil moteur du malade, la thérapie occupationnelle et l’entraînement cognitif. Sur la base de sessions journalières pendant deux mois, elles entraînent une amélioration persistante à 1 an.6 La réalité virtuelle est un outil qui peut permettre d’explorer la marche en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle ou de produire un environnement virtuel permettant de rééduquer de façon ciblée la locomotion en produisant par exemple des obstacles pour rééduquer le freezing. L’utilisation au domicile de techniques dites d’exergaming utilisant des jeux commerciaux (Nintendo Wii fit platform) a montré une diminution des chutes.

À promouvoir

Récemment, des auteurs7 soulignaient les principaux défis rencontrés dans la maladie de Parkinson : cibler les objectifs (marche, équilibre, chutes…), pratiquer un entraînement aérobique intensif, renforcer les interventions cognitives (feedback, indiçage, motivation par la récompense), évaluer les réticences des patients (peu d’espoir, fatigue) et promouvoir les incitations (implication du malade dans sa prise en charge, rôle de prévention du déclin).
Le rôle du médecin est à la fois de promouvoir l’activité physique au quotidien et la pratique sportive, et de prescrire si besoin des séances de rééducation prenant en compte, en fonction du stade de la maladie, la marche, l’équilibre, la posture, le renforcement musculaire et le travail sur les amplitudes articulaires. 
Encadre

Test « Timed Up and Go »

Dans le test chronométré du lever de chaise de Mathias2(Timed Up and Go), le patient doit se relever de la position assise et marcher à 3 m de la chaise pour ensuite revenir sur ses pas, après avoir tourné à 180°, et s’asseoir de nouveau. Le temps que le patient met à accomplir cette activité est chronométré par l’évaluateur.3 Ce test permet d’évaluer le risque de chute du patient : s’il met moins de 13,5 secondes, le risque de chute est faible ; s’il met 13,5 secondes ou plus, le risque de chute est important.

Références
1. Tomlinson CL, Patel S, Meek C, et al. Physiotherapy versus placebo or no intervention in Parkinson’s disease. Cochrane Database Syst Rev 2013;9:CD002817.
2. Mathias SL, Nayak US, Isaacs B. Balance in elderly patient: the “Get-up and Go” test. Arch Phys Med Rehabil 1986;67:387-9.
3. Podsiadlo D, Richardson S. The Timed “Up & Go”: a test of basic functional mobility for frail elderly persons. J Am Geriatr Soc 1991;39:142-8.
4. Swank C, Shearin S, Cleveland S, Driver S. Auditing the physical activity and parkinson disease literature using the behavioral epidemiologic framework. PM R 2017;9:612-21.
5. Mak MK, Wong-Yu IS, Shen X, Chung CL. Long-term effects of exercise and physical therapy in people with Parkinson disease. Nat Rev Neurol 2017;13:689-703.
6. Monticone M, Ambrosini E, Laurini A, Rocca B, Foti C. In-patient multidisciplinary rehabilitation for Parkinson’s disease: A randomized controlled trial. Mov Disord 2015;30:1050-8.
7. Abbruzzese G, Marchese R, Avanzino L, Pelosin E. Rehabilitation for Parkinson’s disease: current outlook and future challenges. Parkinsonism Relat Disord 2016;22:S60-4.

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