La calcification vasculaire est une complication grave de l’insuffisance rénale chronique (IRC), associée à des événements cardiovasculaires et à une augmentation de la mortalité. Les mécanismes de cette calcification restent néanmoins mal connus et les traitements actuellement disponibles sont limités et peu efficaces.
Dans cette étude, récemment publiée dans Science Translational Medicine , une cohorte européenne – des patients issus de la cohorte CKDomique du CHU de Toulouse, de l’espagnole Nefrona, de la suédoise KärlTx du Karolinska Institutet et de l’association réunionnaise AURAR – a fait l’objet d’analyses protéomiques (exploration des protéines présentes dans leur plasma, grâce à la spectrométrie de masse et des tests ELISA).
Dans le groupe de patients ayant une IRC de stade 3 - 4 (N = 112), les analyses ont révélé que des taux élevés de calprotectine étaient un facteur indépendant significativement associé à la survenue d’événements cardiovasculaires et à la mortalité. Ces résultats ont été validés dans le groupe de patients ayant une IRC de stade 5 sous dialyse (N = 171). La calprotectine est une alarmine (DAMP ou Damage Associated Molecular Pattern), marqueur de la réponse inflammatoire ; elle est décrite comme un médiateur favorisant le stress oxydatif, la production de cytokines inflammatoires et l’apoptose, mais son rôle sur les cellules vasculaires reste mal connu.
À la suite de ces analyses protéomiques, les chercheurs ont mené des études in vivo et in vitro, sur des cellules de muscles lisses vasculaires d’origine humaine et sur des vaisseaux provenant de souris, pour préciser le rôle de cette protéine. Ils ont ainsi confirmé que la calprotectine exacerbe la calcification vasculaire, et ont montré que le traitement par paquinimod, un inhibiteur de la calprotectine, est capable de contrer son effet procalcifiant. Sur les modèles murins, ce traitement prévenait la calcification vasculaire chez les souris ayant une IRC induite par néphrectomie, ainsi que chez les souris âgées ayant une déficience en apolipoprotéine E.
« Cette étude translationnelle européenne offre des perspectives prometteuses pour améliorer la prise en charge des patients en insuffisance rénale et en dialyse en ciblant la calcification vasculaire. […] Ces résultats ouvrent la voie à l’utilisation potentielle du paquinimod comme traitement, ce qui pourrait réduire la morbidité et la mortalité dues à des événements cardiovasculaires évitables chez les patients en insuffisance rénale », explique le Dr Julie Klein, dernière auteure de l’étude.
Inserm. À Toulouse, une découverte majeure dans la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique. 19 septembre 2023.
Guignot C. Maladie rénale chronique : la calprotectine, cible potentielle contre la calcification. Univadis 14 septembre 2023.