Mycoplasma genitalium est une minuscule bactérie parasite des cellules épithéliales du tractus urogénital humain (517 gènes). Dénuée de paroi rigide, elle est dotée d’une extrémité lui permettant d’adhérer aux cellules-hôtes.1 La transmission est sexuelle.
L’infection a une prévalence variable (mais en hausse) selon les pays (tableau). Le nombre de bactéries dans un échantillon va de 4.104 à 2.108 par mL, mais le seuil de pathogénicité est inconnu.
Chez 512 sujets ayant consulté dans un centre parisien de dépistage des IST, ce germe a été recherché dans le 1er jet d’urines (79 %), les prélèvements vaginaux (18 %), anaux/rectaux (1,6 %), dans le sperme (0,8 %) ou encore les urines après massage prostatique (0,8 %), et ce en 2e intention, parfois à un stade avancé de l’infection (prostatite). Sa prévalence a été de 5,4 %, loin devant C. trachomatis (2,8 %) et N. gonorrhoeae (1,4 %).2
Chez l’homme, l’infection, latente dans 40 à 70 % des cas, se manifeste par une urétrite subaiguë ou chronique, parfois compliquée d’une épididymite ou d’une prostatite. Elle peut être responsable d’une stérilité en immobilisant les spermatozoïdes après fixation sur leur pièce intermédiaire. Enfin, une arthrite réactionnelle est possible. Chez la femme : urétrite, cervicite, endométrite ou encore salpingite. Lors de la grossesse, M. genitalium serait responsable de chorio- amniotite, fièvre du post-partum, prématurité ou encore petit poids de naissance et exceptionnellement mort in utero.
L’infection peut persister longtemps, comme l’a montré une étude chez 258 travailleuses du sexe au Kenya : de 3 (17 %) à 12 mois (9 %). À l’opposé, en Ouganda, 55 % des patientes ont guéri spontanément en 3 mois.3
On prélève au niveau de l’endocol, de l’urètre, des urines, du sperme ou encore de l’anus (encadré). La culture est lente (plusieurs semaines ou mois) et difficile. Seuls les tests d’amplification des acides nucléiques (TAAN) [prescription spécifique] font le diagnostic.
On traite les sujets symptomatiques et leurs partenaires :4
1. azithromycine 500 mg à J1 puis 250 mg/j, 4 jours ;
2. si résistance ou échec : moxifloxacine 400 mg/j, 10 jours ;
3. doxycycline 100 mg x 2/j, 14 jours ;
4. pristinamycine 1 g x 4/j, 10 jours.
Des échecs ont été rapportés avec les cyclines (30 à 40 % des cas) et l’azithromycine (40 %)4 mais aussi avec la lévofloxacine ou la moxifloxacine. L’azithromycine monodose est contre-indiquée. Contrôle à 3 semaines après la fin de la cure. En cas d’échec chez la femme sont probablement également impliqués Trichomonas, Candida albicans, Chlamydia, gonocoque.
Questions en suspens : importance du portage asymptomatique, seuil de pathogénicité, risque de transmission mère-enfant, de stérilité, mécanisme des arthrites réactionnelles, sans oublier les associations d’antibiotiques pour contrer la résistance déjà importante à diverses molécules et la co-infection avec le VIH.
Encadre

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Devant des symptômes :

– urétrite masculine, orchi-épididymite aiguë ;

– cervicite mucopurulente, douleurs vaginales, saignements intermenstruels, douleurs pelviennes aiguës.

Si facteurs de risque :

– symptômes ou IST chez les partenaires, comportement à risque (> 3 partenaires sexuels/an) ; testing régulier chez les HSH.

Références
1. Wiesenfeld HC, Manhart LE. Mycoplasma genitalium in Women: Current Knowledge and Research Priorities for This Recently Emerged Pathogen. J Infect Dis 2017;216 (suppl 2):S389-S395.
2. Goubard A, Stehle ML, Monfort L,et al. Mycoplasma genitalium : taux de positivité et symptomatologie associée. Nantes; 19es Journées nationales d’infectiologie; juin 2018.
3. Vandepitte J, Weiss HA, Kyakuwa N, et al. Natural history of Mycoplasma genitalium infection in a cohort of female sex workers in Kampala, Uganda. Sex Transm Dis 2013;40:422-7.
4. Soni S, Horner P, Rayment M, et al. 2018 BASHH UK national guideline for the management of infection with Mycoplasma genitalium. British Association of Sexual Health and HIV. https://bit.ly/2mcd7zv