L’IVG médicamenteuse en ville se déroule en 4 étapes. La dernière – la consultation de contrôle – n’est pas toujours réalisée. Pourtant, elle est indispensable, d’autant plus depuis que le délai de réalisation en ville a été allongé à 9 SA (risque d’échec majoré). Quelles sont les modalités de cette visite ? Que faire si l’IVG a échoué ?
Depuis la pandémie, puis par le décret de mars 2022, l’accès à l’IVG médicamenteuse en ville a été facilité par diverses mesures que nous avons déjà abordées dans cet article.
L’IVG médicamenteuses se déroule en 4 étapes successives qui doivent toutes être respectées :
- Consultation d’information sur l’IVG : celle-ci permet de confirmer et de dater la grossesse, mais aussi d’échanger sur le souhait de la femme de l’interrompre.
- Signature d’un formulaire de consentement par la femme et obtention des deux médicaments nécessaires à l’IVG : mifépristone (Mifegyne) et misoprostol (Gymiso ou MisoOne). Prise du premier médicament, mifépristone (Mifegyne), par voie orale.
- 36 à 48 heures après, prise du second médicament, misoprostol (Gymiso ou MisoOne), par voie orale.
- Consultation de contrôle obligatoire entre le 14e et le 21e jour après la prise du premier médicament (mifépristone) : le professionnel de santé réalise alors un examen clinique, complété par un dosage sanguin des hormones hCG et/ou une échographie de contrôle. Ces vérifications sont absolument essentielles pour s’assurer que la grossesse est bien arrêtée et qu’il n’y a pas de complications.Le risque d’échec de cette IVG médicamenteuse existe (5 % des cas) ; il augmente quand le protocole n’est pas respecté (non-respect des doses ou du délai d’administration des médicaments) ou lorsque l’IVG est réalisée à un stade avancé de la grossesse. La visite médicale de contrôle est donc d’autant plus essentielle que le délai de réalisation a été allongé à 9SA (7 semaines de grossesse).
La consultation médicale de contrôle est le seul moyen de confirmer l’efficacité de l’IVG. Les saignements qui apparaissent après la prise des comprimés ne témoignent pas systématiquement de l’expulsion totale de l’embryon ; ils ne doivent donc pas être perçus comme une preuve absolue de réussite de la procédure.
Si l’IVG médicamenteuse a échoué, il faut échanger avec la patiente sur les possibilités qui lui sont offertes et les risques éventuels associés :
- si elle confirme son souhait d’interrompre sa grossesse, une nouvelle procédure d’IVG peut lui être proposée lors de la visite de contrôle ;
- si elle décide de poursuivre sa grossesse, il faut l’informer sur le risque tératogène des médicaments utilisés. En effet, l’exposition prénatale au misoprostol ou à la mifépristone a été associée à un risque malformatif multiplié par trois par rapport aux enfants dont les mères n’ont pas été exposées à l’une de ces molécules pendant la grossesse. Ces malformations graves peuvent toucher les membres, la face, le cerveau. Ainsi, certaines précautions particulières devront être mises en œuvre : le suivi prénatal sera renforcé, avec réalisation d’échographies prénatales répétées en centre spécialisé portant une attention particulière aux membres et à la tête.
Encadre
Notices et résumé des caractéristiques du produit des médicaments utilisés dans l’IVG médicamenteuse.
Pour en savoir plus
ANSM. Interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse: pourquoi la consultation médicale de contrôle est indispensable et obligatoire? 15 septembre 2022.
ANSM. IVG médicamenteuses: maintien de la possibilité de les réaliser jusqu’à la 7ᵉ semaine de grossesse en dehors d’un établissement de santé. 22 février 2022.
Martin Agudelo L. IVG médicamenteuse jusqu’à 9 SA: ce qu’il faut savoir en pratique. Rev Prat (en ligne), mars 2022.
ANSM. IVG médicamenteuses: maintien de la possibilité de les réaliser jusqu’à la 7ᵉ semaine de grossesse en dehors d’un établissement de santé. 22 février 2022.
Martin Agudelo L. IVG médicamenteuse jusqu’à 9 SA: ce qu’il faut savoir en pratique. Rev Prat (en ligne), mars 2022.