Du 23 mars jusqu’au 21 avril 2023, le ramadan sera marqué par un jeûne suivi par la majorité des musulmans du lever au coucher du soleil. Un article paru dans le BMJ revient sur les recos actuelles concernant les patients à risque dans cette période. Lesquels sont à surveiller, et comment les accompagner dans leur jeûne (conseils, adaptation des traitements…) ?

Chez quels patients le jeûne est-il contre-indiqué ou à surveiller ?

Certaines pathologies ont un très haut risque d’aggravation/décompensation (tableau 1) : chez ces patients, le ramadan est à déconseiller très vivement ; chez ceux à haut risque, la précaution est également de mise (on pourra rappeler aux patients que ces exceptions sont déjà prévues par la règle religieuse : patients âgés, fragiles, femmes enceintes à risque ; si le jeûne n’est pas réalisable, il peut être reporté ou remplacé par d’autres activités religieuses).

Pour les personnes ayant des pathologies à risque modéré (tableau 1), le jeûne n’est pas contre-indiqué, à condition de faire des aménagements sur les traitements et les habitudes.

Pour d’autres patients sans contre-indication absolue (tableau 2), une consultation pré-ramadan pourrait toutefois être bénéfique, afin d’évaluer le risque de façon personnalisée.

Quels conseils donner aux patients ?

Ainsi, si malgré une pathologie chronique, le patient persiste dans son choix, le médecin peut suggérer, par exemple, un « pré-ramadan » de quelques jours, pour qu’il teste sa capacité à jeûner.

Sur cette base ainsi qu’en considérant ses habitudes de vie (horaires et type de travail [tableau 2], régime alimentaire), il peut suggérer des aménagements : boire de l’eau pendant la journée, reporter l’exécution du ramadan à des horaires hivernaux où les jours sont plus courts...

De façon générale, on pourra recommander pour les ruptures du jeûne d’adopter un régime particulièrement équilibré (contenant notamment céréales complètes, fruits et légumes, produits laitiers et denrées riches en protéines) et encourager une bonne hydratation (2,5 à 3 litres d’eau, sans dépasser les 3 litres/jour du fait du risque d’hyponatrémie).

Compte tenu des changements de rythme pouvant accompagner cette période (disruption du cycle nychtéméral lorsque les journées sont longues, donc la rupture du jeûne tardive), il convient de surveiller certains patients chez qui la privation de sommeil peut être particulièrement délétère (épilepsie notamment).

Quand et comment adapter les traitements médicamenteux ?

Étant donné que l’administration de médicaments par voies orale, rectale et nasogastrique fait partie des interdictions durant le jeûne, il faut évaluer quels changements sont envisageables (molécules à une seule prise, formulations à libération prolongée…) sans risque pour les patients (tableau 3).

Lorsqu’aucune alternative à la prise des médicaments pendant la journée n’est possible, ou que les horaires ne peuvent être adaptés (notamment en cas de médicaments à forte dose), le jeûne est à déconseiller.

Enfin, celui-ci peut interférer avec la pharmacodynamique de certains traitements (warfarine, thyroxine, certains antibiotiques…), ce qui impose aussi une évaluation (tableau 3).

Pour en savoir plus
Mahmood A, Dar S, Dabhad A, et al. Advising patients with existing conditions about fasting during RamadanBMJ  2022;376:e063613.

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