Et ce sans être conscients des risques qu’ils encourent : selon une enquête Ipsos de 2011, 51 % des enfants qui prennent part à des jeux d’apnée – consistant, par un mécanisme de compression ou de strangulation, à rechercher certaines sensations pseudohallucinatoires – n’ont pas le sentiment qu’ils risquent de mourir, 63 % qu’ils risquent d’abîmer leur cerveau, et près de 75 % qu’ils risquent de convulser ou de rester handicapés !
Ce genre de prise de risque peut certes être induite par une vulnérabilité individuelle, liée à la personnalité ou à la fragilité psychologique, ou par des facteurs d’entraînement liés à l’appartenance à un groupe, mais pour une très grande majorité de jeunes, cette pratique ne répond pas à une fragilité psychique. Elle concerne surtout des enfants et des adolescents sains, sans difficultés psychologiques, sans troubles scolaires ou d’insertion sociale, en quête de découverte de nouvelles sensations et d’expérimentation des interdits. Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il est mal connu des familles, des enseignants et des médecins – les données issues des enquêtes étant assez lacunaires –, alors que la morbidité qui lui est liée est élevée : séquelles neurologiques lourdes en cas d’hypoxie prolongée ou séquelles comportementales, cognitives, malaises, symptômes chroniques, addictions, etc. lors d’épisodes répétés dans le temps.
Les médecins d’enfants se doivent d’être informés de ces pratiques et de leurs complications parfois redoutables, physiques, cognitives et psychiques, afin de savoir repérer les signes évocateurs (troubles du comportement, baisse de rendement scolaire, entre autres), informer les enfants des risques, et contribuer à leur prévention !
Lire notre article à ce sujet : Chevallier B, Refinetti P. Pratiques et jeux dangereux en milieu scolaire. Rev Prat 2020;70:447-50.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien