Voilà près de cinquante années, Simone Veil, alors ministre de la Santé, avait authentifié la constitution d’une formation médicale continue d’essence professionnelle et associative, en favorisant la constitution de l’Union nationale des associations de formation médicale continue (Unaformec), dissoute et disparue depuis peu. Aujourd’hui, après toutes sortes de vicissitudes, le processus – qui vise à garantir la qualité des pratiques au bénéfice des patients – semble arriver à terme, avec la mise en route d’une certification périodique pour les professions de santé « à Ordre », dans le sillage des médecins.
Garantir les pratiques, c’est en effet l’objectif du politique quand il inscrit la (re)certification à l’agenda législatif. Les patients pourraient ainsi éprouver un surcroît de confiance quand ils consultent.
Dans les faits, cette mise en route enclenchée par la parution d’un décret le 22 mars dernier reste assez loin de son premier terme : c’est en effet dans six ans pour les nouveaux diplômés et neuf ans pour ceux déjà en exercice que les comptes seront arrêtés. Il sera alors temps de vérifier si les exigences – au moins deux actions dans chacune des quatre thématiques distinctes – ont été satisfaites.
Ce qui est notable dans ce dispositif, c’est que ces actions possibles sont identifiées et promues par les représentants professionnels eux-mêmes, réunis dans des structures ad hoc et collégiales. Ces structures avaient été encouragées dès 2009 par une Haute Autorité de santé* – aux confins de ses missions – soucieuse de voir les professionnels assumer le leadership, dès lors qu’il s’agissait d’organiser les « bonnes pratiques ». A ainsi été constitué depuis – et pour toutes les disciplines médicales – un conseil national professionnel, y compris pour la médecine générale, qui représente, et de loin, la discipline comptant le plus de médecins.
Il revient donc à ce conseil d’établir un « catalogue » au sein duquel chaque médecin pourra trouver aisément ce qui lui convient le mieux pour répondre à l’exigence, certes portée par un cadre administré et réglementaire mais qui, en réalité, traduit une responsabilité professionnelle et individualisée.
Dans ces conditions, et si le catalogue est astucieusement constitué – incluant les diverses activités dont on sait qu’elles ont des répercussions positives sur les pratiques sans constituer une surcharge inutile des astreintes de travail –, la mise en place de cette certification périodique pourrait heureusement contribuer au maintien des compétences ainsi qu’à la qualité et la sécurité dues aux malades.
Et seraient alors évités les trois écueils très souvent signalés et largement commentés** dans les divers pays qui ont plus ou moins mis en œuvre des procédures de recertification au cours des vingt dernières années : d’abord la lassitude et même l’opposition manifestées par une part souvent majoritaire des médecins de ces pays ; ensuite une défiance en regard de la pertinence des programmes que les médecins ont à suivre pour satisfaire à l’obligation ; finalement, un constat désolé que ces programmes bénéficient surtout – financièrement ou institutionnellement – à certains des organismes qui les dispensent.
Alors, si ces trois écueils sont évités, la « compliance » des médecins n’aura pas été mise à l’épreuve inutilement.