Les nouvelles données du Vaccine Confidence Project font état d’une situation préoccupante concernant les vaccinations infantiles : alors que, à l’échelle mondiale, 67 millions d’enfants ont été privés d’un ou plusieurs vaccins depuis la pandémie de Covid-19, la confiance vaccinale a connu d’importantes baisses dans la plupart des pays où est menée cette étude, dont la France.

Depuis 2015, le Vaccine Confidence Project (VCP) de la London School of Hygiene & Tropical Medicine suit l’évolution de la confiance à l’égard des vaccins à partir d’enquêtes nationales représentatives. Les dernières données recueillies dans le cadre de ce projet, qui concernent 55 pays du monde, viennent d’être publiées dans un rapport de l’Unicef, assorties à d’autres données sur les vaccinations dans le monde.

Une hausse globale de l’hésitation vis-à-vis des vaccins infantiles

Dans 52 pays des 55 interrogés dans ces enquêtes, la confiance dans la vaccination infantile – c’est-à-dire le pourcentage de la population estimant que cette vaccination est importante – a décliné après le début de la pandémie (v. figure).

Des reculs alarmants, de plus de 30 à 40 points de pourcentage, ont été constatés dans des pays comme la Corée, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Ghana, le Sénégal, le Japon…

La France n’est pas mieux lotie, avec un recul de 12 points de pourcentage ; les moins de 35 ans et les femmes étaient ceux qui manifestaient la plus grande hésitation à l’égard des vaccinations infantiles. Ainsi, si en 2015, 83 % des personnes déclaraient croire en l’importance de vacciner les enfants, ils n’étaient plus que 75 % en 2022. Malgré des baisses importantes dans plusieurs pays, le niveau de confiance dans les vaccinations infantiles restait tout de même > 80 % dans presque la moitié des pays de l’enquête du VCP (v. figure).

Des vaccinations en recul

Cette hausse mondiale des niveaux d’hésitation vaccinale s’est conjuguée au plus grand recul des vaccinations infantiles en trente ans, occasionné par la pandémie de Covid et les contraintes qu’elle a engendrées (suspension des services, réaffectation des ressources, pénuries de personnel soignant, confinements…).

Entre 2019 et 2021, la couverture vaccinale a donc baissé dans 112 pays : au total, 67 millions d’enfants ont manqué des vaccins (enfants nés juste avant ou pendant les premières années de la pandémie). Parmi eux, 48 millions n’ont reçu aucun vaccin (enfants « zéro dose »).

La conséquence : des flambées de maladies à prévention vaccinale. Ainsi, en 2022, le nombre de cas de rougeole à l’échelle mondiale a plus que doublé par rapport à l’année précédente, et le nombre d’enfants paralysés après avoir contracté la poliomyélite a augmenté de 16 %...

En France, 82 000 enfants étaient dans cette situation de retard vaccinal dans cette même période (2019-2021), dont 21 000 « zéro dose ».

Enfin, sans surprise, l’Unicef rapporte que les retards et l’absence de vaccination touchent surtout les enfants vivant dans les communautés les plus pauvres, reculées et/ou marginalisées, et dans des pays parfois en situation de conflit : 20 % des enfants au sein des ménages les plus pauvres n’ont reçu aucun vaccin, contre 5 % au sein des ménages les plus riches.

L’agence des Nations unies a ainsi appelé à « recenser et atteindre d’urgence tous les enfants, en particulier ceux qui n’ont pas reçu l’intégralité de leurs vaccins » et à « renforcer la demande à l’égard des vaccins, en veillant notamment à instaurer un climat de confiance »…

Pour en savoir plus
Unicef. La situation des enfants dans le monde. 2023.
Santé publique France. Bulletin de santé publique. Vaccination. Avril 2023.

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