Le corps humain adulte est constitué à environ 60 % d’eau, précieux liquide dont nous devons régulièrement renouveler le stock en raison de pertes via les urines, la respiration et la transpiration, particulièrement en été. Si une déshydratation aiguë, aux symptômes caractéristiques (soif, lèvres sèches, perte de force et de poids…), peut s’avérer dangereuse pour les personnes à risque (sujets âgés, nourrissons…), qu’en est-il de la déshydratation chronique légère, asymptomatique et plus « sournoise » ?
C’est à cette question qu’ont répondu des chercheurs américains dans une publication parue fin mars dans l’European Heart Journal. Dans leur étude rétrospective, les auteurs ont analysé les données de 11 814 sujets. Initialement recrutés de 1987 à 1989 dans le cadre d’une étude sur les risques de développer de l’athérosclérose, ces derniers, âgés de 45 à 66 ans, n’étaient ni obèses, ni diabétiques, ni atteints d’insuffisance cardiaque à l’enrôlement. Tous avaient, en outre, une natrémie normale (135 à 146 mmol/L).
À l’issue de 25 ans de suivi, le risque de développer une insuffisance cardiaque dans cette cohorte s’avère 39 % plus élevée (hazard ratio [HR] : 1,39 ; intervalle de confiance à 95 % (IC95 %) : 1,14-1,70) chez les sujets ayant une légère déshydratation, caractérisée par une natrémie supérieure à 143 mmol/L. De même, en analysant spécifiquement les sujets de 70 à 90 ans à la cinquième visite de suivi de la cohorte (N = 4 961 personnes), une natrémie comprise entre 142,5 mmol/L et 143 mmol/L était associée à une augmentation de 62 % du risque d’avoir une hypertrophie ventriculaire gauche (odds ratio [OR] : 1,62 ; IC95 % : 1,03-2,55), tandis qu’une natrémie supérieure à 143 mmol/L était associée à une augmentation de 107 % (OR : 2,07 ; IC95 % : 1,30-3,28) et de 54 % (OR : 1,54 ; IC95 % : 1,06-2,23) du risque d’avoir respectivement une hypertrophie ventriculaire gauche et une insuffisance cardiaque. Ainsi, les auteurs en concluent que maintenir une bonne hydratation à un âge avancé, où la soif se fait moins ressentir, pourrait limiter l’apparition d’une insuffisance cardiaque.