La greffe fécale a fait l’objet d’essais cliniques contre les infections récurrentes à C. difficile, l’obésité, le diabète de type 2, avec des résultats plus ou moins probants. Dans le prolongement de ces recherches tous azimuts, de premiers résultats émergent concernant son impact sur l’efficacité de l’immunothérapie anti-PD1 contre le cancer. Alors que cette dernière échoue chez 60 % des patients ayant des mélanomes avancés, la greffe fécale pourrait servir de dernier rempart pour stimuler l’immunothérapie chez ces malades réfractaires.
Depuis l’an dernier, des résultats d’essais cliniques sur la capacité du microbiote fécal à améliorer l’efficacité de l’immunothérapie suscitent l’espoir – mais interrogent sur leur efficacité et leur mode d’action.
Résumés dans une analyse publiée en juillet dans Nature, les résultats de deux études publiées à ce sujet depuis 2021 sont limités par la taille des cohortes impliquées : dix patients dans une étude israélienne, et seize dans un essai américain. Elles permettent néanmoins aux scientifiques de tirer une première conclusion positive sur l’impact d’une greffe fécale pour contrer l’échec d’une immunothérapie contre un mélanome de stade avancé : ça marche ! Mais seulement pour quelques chanceux, parfois partiellement, et sans que l’on sache pourquoi ou comment.
En effet, dans l’étude israélienne, dix patients ont reçu une greffe fécale de différents donneurs s’étant remis d’un mélanome métastatique traité par immunothérapie anti-PD1. Trois patients ont répondu positivement (rémission durable), deux ont montré une réponse partielle à la greffe fécale, et cinq n’ont montré aucune réponse. Les trois patients ayant répondu positivement ont subi une greffe du même donneur, suggérant une importance de l’identité du donneur. À l’inverse, l’étude américaine suivant les mêmes conditions d’enrôlement ne permet pas de conclure que certains donneurs ont un meilleur « terrain » fécal que d’autres, puisque des six patients montrant une réponse positive (trois totales et trois partielles), seuls deux partagent un donneur en commun.