La mammographie, outil de référence pour dépister le cancer du sein, permet également la détection des calcifications des artères mammaires. Or ces calcifications seraient associées chez les femmes à une augmentation du risque d’événement cardiovasculaire, selon deux études complémentaires récentes. Quel impact sur la pratique ?

Une première étude rétrospective – dont les résultats sont parus en février dans European Radiology – a été menée par l’équipe de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil) : elle portait sur 507 patientes ayant subi un dépistage du cancer du sein et un scanner thoracique.

Les auteurs ont cherché à déterminer si le score de calcification des artères mammaires en mammographie pouvait prédire la présence de calcifications coronaires en scanner thoracique, liée de manière dose-dépendante au risque de maladie cardiovasculaire. Verdict ? 70,4 % des femmes ayant une calcification des artères mammaires avaient des calcifications coronaires, contre 45 % de l’échantillon total – une différence significative. La précision diagnostique de la calcification des artères mammaires pour indiquer la présence de calcifications coronaires atteignait 84,2 % chez les femmes de moins de 60 ans. Le dépistage organisé du cancer du sein pourrait-il donc être utilisé pour détecter des patientes à risque de maladie cardiovasculaire ?

Dans une seconde étude parue en mars dans Circulation: Cardiovascular Imaging, des chercheurs californiens ont analysé de manière prospective une cohorte de 5 059 femmes âgées de 60 à 79 ans, dont la calcification des artères mammaires a été déterminée sur des dépistages du cancer du sein conduits entre 2012 et 2015. La présence de calcifications des artères mammaires était significativement associée à la survenue d’un événement cardiovasculaire (HR = 1,23 ; IC à 95 % : 1,002-1,52 ; = 0,04), bien qu’aucune association dose-dépendante n’ait été détectée.

Ainsi, ces données confirment la pertinence de la prise en compte du score calcique des artères mammaires dans l’évaluation du risque cardiovasculaire, tout en soulignant ses limites : contrairement au score calcique coronaire, celui des artères mammaires n’est pas un marqueur sensible du risque cardiovasculaire, ce qui suggère un lien physiopathologique plus indirect avec les maladies cardiovasculaires.

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